Un regroupement d’organismes de défense des droits des locataires lance un site web qui recense toutes les offres de location de type Airbnb au Québec, en temps réel. L’objectif : pouvoir quantifier combien de ces logements sont offerts sur le marché touristique, parfois de façon illégale, au détriment des locataires.

Le nouveau site web abasairbnb. org a été lancé mardi par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Selon les données colligées, il y a présentement plus de 26 000 offres de location sur Airbnb au Québec, dont plus de 19 000 offres à court terme. Le site du RCLALQ recense aussi les offres sur la plateforme VRBO (5200) et Booking. com (3600).

« Avec ce nouveau site web, nous voulons offrir aux locataires du Québec et aux groupes qui défendent leurs droits un outil facile d’utilisation leur permettant de mesurer non seulement l’emprise des plateformes de location sur le parc locatif, mais aussi l’ampleur du phénomène d’ubérisation du logement locatif, que nous pourrions décrire comme le transfert d’un nombre croissant d’appartements loués à long terme sur ces plateformes », souligne dans un communiqué le concepteur du site, Yannick Baumann. Il est doctorant en géographie à l’Université de Montréal et membre du Collectif de Recherche et d’Action sur l’Habitat (CRACH).

Le site web permet aussi de faire des recherches par régions, municipalités et même quartiers.

La plateforme Airbnb est dans la ligne de mire des autorités depuis l’incendie qui a ravagé un immeuble du Vieux-Montréal à la mi-mars, tuant sept personnes et faisant neuf blessés. Plusieurs logements étaient loués de façon illégale sur Airbnb dans cet immeuble.

Pas de baisse majeure depuis l’incendie

Malgré les changements réglementaires instaurés depuis l’incendie, il n’y a pas eu de baisse majeure du nombre de locations sur ce type de plateforme, indique le RCLALQ. Selon sa recension, en date du 28 février 2023, il y avait 29 482 locations offertes sur Airbnb au Québec, dont près de 80 % n’étaient pas certifiées.

Depuis, le nombre d’annonces a diminué d’environ 4000 sur Airbnb, selon Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ. Or, pendant la même période, environ 2200 nouvelles annonces sont apparues sur la plateforme VRBO. Celle-ci « permet à ses utilisateurs de publier une annonce sans inclure un numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), comme l’exige pourtant la loi québécoise », indique le RCLALQ.

De plus, un grand nombre d’annonces sur Airbnb sont toujours non conformes, dénonce M. Dussault.

Québec étudie actuellement un nouveau projet de loi qui veut imposer des amendes pouvant atteindre 100 000 $ par annonce illégale aux plateformes, qui devront elles-mêmes s’assurer que les locateurs respectent les lois du Québec.

Mardi dernier, Airbnb avait indiqué qu’elle est prête à retirer toutes les offres d’hébergement illégal sur son site, mais croit que c’est la responsabilité du gouvernement de vérifier la conformité des offres.

Le RCLALQ milite depuis plusieurs années pour que le gouvernement du Québec interdise toutes les plateformes de location numériques telles Airbnb, VRBO et Booking. com.