Au moins dix personnes ont perdu la vie sur les routes du Québec lors du long week-end, un bilan « catastrophique » qui fait craindre le pire pour la suite de la saison estivale. L’an dernier, à la même période, seules deux personnes étaient décédées.

C’est ce qu’a dévoilé mardi la Sûreté du Québec (SQ), en confirmant que « dix collisions mortelles sont survenues sur le territoire de la Sûreté du Québec durant le long congé, dont neuf sur le réseau routier et une sur le réseau récréotouristique ».

« Que ce soit une fausse manœuvre, une perte de contrôle, la fatigue, le fait de ne pas avoir adapté sa conduite aux conditions climatiques et routières, le comportement des conducteurs est en cause dans la plupart des collisions », a poursuivi le corps policier, qui assure que ses policiers avaient pourtant « déployé des efforts en intensifiant la surveillance et en augmentant le nombre d’interventions ».

Cette année, trois des dix décès sont survenus dans les régions de la Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, deux dans Mauricie-Lanaudière, deux dans Outaouais-Laurentides, un dans le Grand Montréal et un dans le Bas-Saint-Laurent. Celui survenu sur le réseau récréotouristique s’est également produit dans la région Mauricie-Lanaudière.

À Montréal, dimanche, une piétonne de 31 ans, Fabienne Houde Bastien, est morte après avoir été happée lors d’une collision « à haute vitesse » impliquant deux véhicules, alors qu’elle revenait d’une soirée dans un bar. L’un des conducteurs, Vi Trung Ngo, 47 ans, a depuis été accusé de conduite avec les facultés affaiblies. Une affiche a d’ailleurs été apposée à l'angle de la rue Jean-Talon et du boulevard Saint-Laurent, où est survenu le drame. « À la mémoire de Fabienne, décédée injustement », peut-on y lire.

Pour la même période, l’an dernier, on dénombrait seulement « deux décès dans deux collisions », a rappelé la Sûreté du Québec.

D’après la police, la vitesse et la conduite imprudente, la distraction, la conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool, la drogue ou une combinaison des deux, ainsi que le non-port de la ceinture de sécurité, « demeurent toujours les principales causes de collisions mortelles ou avec blessés graves au Québec ».

La SQ rappelle que sa Stratégie en sécurité des réseaux de transport 2021-2026 « a pour objectif de diminuer le nombre de collisions mortelles et avec blessés graves sur les réseaux routiers et récréotouristiques ». Diverses mesures en intervention et en sensibilisation sont prises en continu pour « rendre nos routes, nos sentiers et nos plans d’eau plus sécuritaires ».

Il faudra un « électrochoc »

Pour le directeur aux affaires publiques de CAA-Québec, Nicolas Ryan, ces données sont « particulièrement préoccupantes, surtout quand on sait qu’on n’est même pas encore entrés dans la période des grands déplacements estivaux ».

Il rappelle que la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) doit dévoiler son bilan routier pour 2022 dans les prochains jours. « Déjà, on entend entre les branches qu’on risque d’avoir le pire bilan des 10 dernières années. Et quand on regarde les chiffres pour 2023, c’est catastrophique et très inquiétant. Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond. La situation s’empire de plus en plus », explique M. Ryan.

Le porte-parole de CAA-Québec, qui a eu accès à la ventilation des données, rappelle d’ailleurs que les décès du week-end « sont autant des hommes que des femmes ». « Il y a des voitures, des piétons, des cyclistes, des VTT. Ça touche un peu tout le monde, il n’y a pas vraiment de portrait type », fait-il valoir.

Pour la plupart, ça semble de bêtes erreurs humaines. Ça va prendre un électrochoc pour rappeler aux gens d’être prudents. Il faut revenir à la base : ralentir, faire attention, suivre des cours de rafraîchissement au besoin, bref se responsabiliser collectivement.

Nicolas Ryan, directeur aux affaires publiques de CAA-Québec

Mi-mai, la SAAQ avait appelé les usagers à la vigilance sur les routes de la province, alors que sept motocyclistes avaient perdu la vie dans des collisions au cours de la semaine précédente, une tendance qui, là encore, faisait craindre le pire.

« Le matin tôt et le soir tard, l’asphalte peut être plus froid et l’adhérence des pneus n’est pas la même. Il faut vraiment adapter sa conduite à l’environnement autour de nous et à la météo », avait alors plaidé la porte-parole de la Société, Anne Marie Dussault Turcotte.

Un « plan d’action renforcé » gouvernemental en matière de sécurité routière est aussi attendu le mois prochain. C’est la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, qui a été interpellée à de multiples reprises ces dernières semaines sur la sécurité des usagers plus vulnérables, qui le déposera.