Le comité de suivi du rapport Laurent devait dévoiler en novembre dans quelle mesure les recommandations de la Commission Laurent, mise en place après le décès tragique de la fillette de Granby, étaient implantées ou en voie d’être déployées sur le terrain. Cette première appréciation est finalement reportée d’un an « au maximum » car le rapport est « très complexe et très touffu ».

C’est ce qu’a indiqué à La Presse en entrevue Martine Desjardins, présidente du comité de suivi.

Parce qu’il y avait retard dans la livraison de son rapport final et parce qu’elle jugeait que certaines actions devaient prises rapidement, Régine Laurent, présidente de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse, avait choisi de dévoiler en novembre 2020 quelques premières priorités. Elles portaient notamment sur la priorité à donner à l’intérêt de l’enfant (plutôt que sur le maintien dans la famille biologique), sur la nécessité de mieux aider les jeunes à leur sortie des centres jeunesse et sur la nécessité de nommer un commissaire au bien-être de l’enfant.

Le rapport final, déposé en mai 2021, comptait finalement 57 recommandations et 300 « pistes d’action ».

Lesquelles de ces recommandations et pistes d’actions ont été réalisées ? Lesquelles sont en voie de l’être ?

« Tout le monde s’attendait à un rapport en novembre » sur ce que le gouvernement a réalisé ou pas jusqu’à maintenant, a reconnu d’emblée Martine Desjardins.

Mais le comité de suivi a dû se rendre à l’évidence : il était loin d’avoir en main les outils pour le dire. « On s’est rendu compte qu’il fallait identifier des indicateurs et que ça prenait du temps », poursuit-elle.

Mardi, le comité de suivi n’a donc pas dit quelles recommandations étaient implantées ou en voie de l’être, mais il a plutôt dévoilé une longue série d’indicateurs qu’il utiliserait pour le déterminer.

Outre l’avis de grossesse informatisé qui a été créé dans tout le Québec, on ignore donc quels changements réels ont été faits pour mieux protéger les enfants à la DPJ, dans les réseaux de l’éducation et en santé.

En entrevue, Mme Desjardins a dit et répété qu’une première analyse serait faite en mai, dans un an.

Comme le comité de suivi est en place pour 10 ans et parce qu’il veut absolument éviter « que le rapport soit tabletté », il fallait s’assurer de partir sur de bonnes bases, a conclu Mme Desjardins.

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) constate, à la lecture de la grille d’analyse du comité de suivi, « à quel point l’accès aux données dans le secteur de la protection de la jeunesse manque cruellement. Nous le vivons au quotidien », fait remarquer Sébastien Pitre, trésorier de ce syndicat et responsable du dossier de la protection de la jeunesse

« Nous exhortons le gouvernement à rendre ces données disponibles pour permettre au Comité de dresser un portrait juste de la situation lors de l’élaboration de son rapport. Nous déplorons que les recommandations du rapport Laurent tardent à être mises en place sur le terrain. Leur déploiement doit absolument être accéléré. »