La Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) documente actuellement les conséquences des feux de camp sur la santé de la clientèle, et n’exclut pas de faire des mises en garde.

Une étude réalisée au parc national de la Yamaska à l’été 2009 a mesuré des concentrations moyennes de particules fines bien au-delà du seuil à partir duquel la qualité de l’air est considérée comme « mauvaise ». Les effets sur la santé n’ont cependant pas été mentionnés dans le bulletin de la SEPAQ ayant relayé cette étude, avait dénoncé un utilisateur du parc national du Mont-Tremblant, Daniel Vézina, qui avait transmis à La Presse des documents obtenus par des demandes d’accès à l’information.

La fumée dégagée par les feux de camp lors d’un séjour de camping, en septembre dernier, avait gravement incommodé les enfants de M. Vézina, et semblé aggraver leur asthme, avait raconté celui-ci. Le père de famille, qui ne souffre pas d’asthme, avait néanmoins ressenti « un brûlement à la gorge, des picotements aux yeux, des maux de tête ».

Ce témoignage a fait réfléchir la SEPAQ.

« Cela nous a amenés à vouloir mieux documenter la situation en fonction des caractéristiques spécifiques des établissements, des conditions météorologiques, des périodes plus achalandées et des outils qui pourraient être mis en place », a indiqué le porte-parole de la SEPAQ, Simon Boivin, par courriel cette semaine.

Des mises en garde pour la santé des utilisateurs plus vulnérables sont une option qui « peut être envisagée », estime la société d’État.

« La SEPAQ évaluera la pertinence d’ajouter sa voix aux différentes organisations de prévention qui rappellent notamment aux personnes aux prises avec des problèmes respiratoires de prendre en considération les impacts des feux de camp dans le cadre de leurs séjours en plein air », écrit M. Boivin, sans avancer de date. « Des éléments pourraient être mis en place au cours des prochains mois. »

Quatre fois plus qu’à Montréal

L’étude exploratoire menée au parc national de la Yamaska avait été menée durant quatre jours, entre le 28 juillet et le 5 août, la période la plus achalandée de l’année dans ce camping de 140 places.

À 21 h, jusqu’à 64 feux de camp étaient en activité. Et certains soirs, les concentrations maximales « ont dépassé par un facteur [de] 2,5 la concentration moyenne sur trois heures à partir de laquelle la qualité de l’air est qualifiée de “mauvaise” », indiquait un article cosigné par des responsables de ce qui s’appelait alors le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) et de la SEPAQ.

Ces concentrations étaient quatre fois plus élevées que celles mesurées au même moment dans une station du ministère au centre-ville de Montréal.

Les personnes qui souffrent de maladies respiratoires, comme l’asthme et la maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), « pourraient effectivement être incommodées par les fumées des feux », note Audrey Smargiassi, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal et chercheuse associée à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

« Chaque personne est censée savoir un peu comment gérer ses symptômes. Si quelqu’un est asthmatique et est allergique aux chats, il ne va pas entrer dans une maison où il y en a, c’est une évidence », dit Mme Smargiassi, en soulignant que l’INSPQ n’a pas le mandat de se prononcer sur ce que devrait faire la SEPAQ.

Le site internet de la SEPAQ « sensibilise déjà les campeurs à faire des feux de camp de façon responsable et respectueuse », note M. Boivin. Il leur est notamment conseillé de garder leur feu « le plus petit possible afin de minimiser les émanations », mais rien n’évoque les risques pour la santé.

Lisez « Avoir su, “je n’aurais jamais mis les pieds dans un camping de la SEPAQ” » Consultez les sept principes de Sans trace Canada

Feux extérieurs à Longueuil

La Ville de Longueuil s’interroge elle aussi sur l’encadrement des feux extérieur, et des foyers intérieur, sur son territoire. L’Office de participation publique de Longueuil (OPPL) a tenu des consultations publiques en mars, et prévoit de transmettre son rapport à la mairesse et à la présidence du comité exécutif à la mi-juin. L’OPPL le publiera sur son site web 15 jours plus tard.

Un règlement municipal entré en vigueur en avril 2021 avait interdit les feux extérieurs au bois sur l’ensemble du territoire de Longueuil. Un règlement ultérieur, adopté en décembre 2021, a cependant permis ces feux dans les arrondissements de Greenfield Park et de Saint-Hubert, où l’interdiction avait suscité des remous. L’OPPL a ensuite reçu le mandat, en novembre dernier, de tenir des consultations élargies.

Les foyers extérieurs au bois ont déjà été interdits dans plusieurs villes, dont Montréal, Brossard, Boucherville et Saint-Bruno-de-Montarville, signale l’OPPL dans son document de consultation.