Les Québécois pourront texter le 911 partout à travers la province d’ici mars 2025, à condition toutefois de faire un appel au préalable. Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a confirmé lundi une enveloppe de 45,5 millions pour soutenir la modernisation des centres d’appel.

« On s’en va complètement ailleurs avec ce projet. D’ici deux ans, on pourra texter, envoyer une vidéo d’une situation, une photo. Il y a tellement de cas possibles, comme de l’ivresse au volant ou de la violence conjugale, auxquels on pourra répondre et ainsi sauver plus de vies », a affirmé M. Bonnardel en entrevue avec La Presse, peu après une conférence de presse qu’il a tenue en Estrie en fin de matinée.

Son cabinet précise qu’une fois en branle, la technologie permettra aussi le traitement « d’autres types de données, comme des informations biomédicales ». Québec répond ainsi à une décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). En juin 2021, celui-ci avait décrété « de mettre hors service les composantes de leur réseau 911 » qui ne font pas partie du réseau « prochaine génération (PG) » d’ici le 4 mars 2025.

La personne qui veut texter le 911 devra toutefois d’abord faire un appel, rappelle le ministre Bonnardel. « Je prends l’exemple d’une personne victime de violence conjugale qui ne peut pas parler. Sur son téléphone, elle fait le bouton d’urgence, elle met le téléphone dans sa poche et ensuite, il faut que le répartiteur entende ce qui se passe, comprenne l’environnement. Ensuite, on peut commencer à interagir par texto », nuance-t-il.

Au début de janvier, La Presse rapportait1 que le projet de texto au 911, aussi connu comme le « T911 », devait d’abord être prêt à la fin de 2020. Le tout fut toutefois repoussé indéfiniment en raison de la pandémie. « Il fallait appuyer sur l’accélérateur, concède le ministre. Cela dit, on savait quand même que certains centres avançaient déjà. Tout le monde n’était pas à zéro à la ligne de départ. »

Dans les municipalités non desservies par un corps policier, le reste de ce vaste chantier de modernisation sera pris en charge par la Sûreté du Québec (SQ). Celle-ci est d’ailleurs déjà bien avancée en la matière, selon plusieurs sources bien au fait du dossier.

Aides régionales

Prévue au plus récent budget Girard, la somme de 45,5 millions sera divisée en fonction des besoins. Au total, plus d’une trentaine d’établissements, soit des centres d’urgence ou des centres secondaires d’appels d’urgence, se partageront l’enveloppe de 45,5 millions sur une période de trois ans.

Les versements se feront par l’entremise de l’Agence municipale de financement et de développement des centres d’urgence 911 du Québec (AMFDCU). Ces 27 centres représentent plus de 650 emplois de prise d’appels d’urgence, qui répartissent ensuite les interventions auprès des policiers, pompiers et ambulanciers.

Québec accordera 50 % du financement la première année, puis 25 % lors des deuxième et troisième années. Concrètement, les 10 premiers postes de travail seront financés à 90 000 $, puis les 20 suivants, à 70 000 $, et tout poste supplémentaire à environ 15 000 $.

Dans une déclaration, la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, a quant à elle souligné lundi que des améliorations technologiques seront ainsi apportées afin d’assurer par exemple « une meilleure localisation d’une personne en détresse ayant contacté le 911, et l’envoi des secours plus rapidement ».

Le président de la Commission de la sécurité publique de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), Michel Angers, estime que « l’aide financière annoncée [lundi] tombe à point nommé et permettra de continuer de fournir des services d’urgence de qualité à la population sur l’ensemble du territoire québécois, tout en réduisant le fardeau financier des municipalités ».

L’UMQ précise néanmoins que le service de 911 est financé par une taxe de 5,52 $ par année sur les comptes de téléphonie qui n’a « pas été indexée depuis 2016 ». L’ajout de nouvelles technologies, d’équipements de communications et de besoins supplémentaires en matière de main-d’œuvre entraînera donc forcément « une pression à la hausse sur les coûts de gestion des centres d’urgence », s’inquiète-t-on.

La Fédération des municipalités du Québec (FMQ) a aussi salué l’annonce du ministre Bonnardel, réitérant toutefois sa demande d’appuyer, avec une aide ponctuelle, les municipalités dans la modernisation des centres d’appels d’urgence. L’organisme souhaite aussi un rehaussement de la taxe finançant le 911.

1 Lisez l’article : « Services d’urgence : un texto au 911 ? »