Les deux organismes soupçonnés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’être des « postes de police chinois » clandestins à Montréal et à Brossard disent être étonnés de se voir ainsi ciblés. Ils assurent être prêts à collaborer avec les autorités canadiennes et maintiennent qu’ils condamnent tout comportement qui pourrait s’assimiler à du harcèlement et à de l’intimidation.

La semaine dernière, la GRC avait confirmé publiquement la tenue d’une enquête sur le Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, deux organismes identifiés par Le Journal de Montréal. Les deux organismes, qui partagent les mêmes dirigeants, sont soupçonnés par les policiers de participer à une campagne d’ingérence étrangère au profit du régime du Parti communiste chinois.

« On parle de pressions, de menaces voilées ou pas voilées. Il semble même qu’il pourrait y avoir un climat de terreur qui règne dans la diaspora pour certaines personnes. C’est pour ça qu’en cours d’enquête, on corrobore et, surtout, on demande l’aide du public. On a besoin de l’information des gens qui subissent des pressions », avait déclaré le sergent Charles Poirier, porte-parole de la GRC.

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Entrée du Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal, rue Clark

Cette sortie publique en cours d’enquête, une stratégie rarissime pour le corps policier fédéral, a surpris les organismes visés, selon leur avocate, MVirginie Dufresne-Lemire.

« Ces deux organisations souhaitent collaborer à cette enquête dans le respect de l’exercice de leurs droits fondamentaux. Elles condamnent les comportements s’assimilant à du harcèlement et de l’intimidation et invitent toute personne victime à dénoncer ces agissements », a-t-elle déclaré dans un communiqué mardi.

Les dirigeants des deux groupes n’ont pas souhaité accorder d’entrevue, mais ils ont réitéré leur confiance envers leur présidente, la conseillère municipale de Brossard Xixi Li.

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Xixi Li, directrice de l’organisme Service à la Famille Chinoise, en 2021

« Nous tenons à rappeler l’importance de la présomption d’innocence. Ainsi, pendant que l’enquête est en cours, nous invitons la population ainsi que les médias à faire preuve de prudence et à faire attention aux amalgames, particulièrement suivant le contexte de pandémie où la communauté chinoise a été fortement stigmatisée. Conclure à la culpabilité de ces organisations dans le vide factuel actuel risque de causer des dommages irréparables à ces deux organisations », affirme MDufresne-Lemire.

Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud sont des organisations qui ont comme mission officielle de promouvoir le bien-être de la communauté chinoise et asiatique du Québec, et de participer à l’intégration des nouveaux arrivants dans la société québécoise.

Déjà 15 signalements reçus du public

Du côté de la GRC, le sergent Charles Poirier a confirmé à La Presse que depuis la publication des premiers articles sur l’enquête ciblant les deux organismes, les policiers avaient déjà reçu « 15 signalements sérieux » de membres du public concernant les actes qui font l’objet d’une enquête.

« Nous procédons à l’étape d’analyse de ces signalements, et nous encourageons encore une fois toutes les victimes et témoins d’activités illégales, et tous les individus qui subissent des pressions, de l’intimidation et des menaces à nous contacter. La GRC réitère une fois de plus qu’elle prendra tous les moyens nécessaires pour contrer l’ingérence étrangère au Québec et au Canada », a déclaré le porte-parole.

Avec la collaboration de Lila Dussault, La Presse