Le gouvernement Trudeau suspend toute demande de subvention de recherche affiliée à une institution de recherche ou un laboratoire militaire chinois. De façon générale, les demandes liées à toute organisation de défense nationale d’un « acteur étranger » menaçant la sécurité canadienne seront aussi dorénavant refusées.

C’est ce qu’a annoncé le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, mardi soir. Dans un communiqué, il affirme en effet que toute « demande de subvention de recherche dans un domaine sensible sera refusée si l’un des chercheurs travaillant sur le projet » est affilié à un « acteur étatique étranger qui représente un risque pour notre sécurité nationale ».

Selon des sources au gouvernement, la nouvelle politique concernerait toutefois surtout la Chine et la Russie, mais elle pourrait viser éventuellement d’autres États.

Le tout survient un mois après une enquête du Globe and Mail, qui avait révélé ces dernières semaines une « collaboration étroite » entre les universités canadiennes et les scientifiques militaires chinois. Le ministre Champagne s’était engagé dans la foulée à mettre en place de nouvelles règles de contrôle.

Ottawa demande par ailleurs à la Fondation canadienne pour l’innovation, au Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, au Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et aux instituts de recherche en santé du Canada d’« adopter une approche plus rigoureuse en ce qui a trait à la sécurité nationale ».

« La recherche de pointe menée au Canada permet au pays d’être à l’avant-garde des découvertes à l’échelle mondiale, ce qui peut faire d’elle une cible intéressante aux yeux d’acteurs étatiques étrangers », a également affirmé le ministre Champagne, dans une déclaration commune avec le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, et le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

En fixant comme « priorité absolue » de « protéger la recherche canadienne », les trois ministres évoquent d’ailleurs « un environnement où les menaces sont en constante évolution », jugeant que d’autres mesures s’imposent pour renverser la tendance.

Les universités d’ici appelées à suivre

Ottawa dit aussi avoir interpellé Universités Canada et U15, le Regroupement des universités de recherche du Canada, afin qu’ils adoptent « des lignes directrices semblables pour tous leurs partenariats de recherche, particulièrement ceux liés à des domaines sensibles ». « Nous collaborerons étroitement avec nos collègues du milieu universitaire pour veiller à ce que ces mesures supplémentaires soient instaurées de manière efficace », insistent les ministres.

Ils promettent que cette « politique améliorée » sera mise sur pied « rapidement et en étroite consultation avec nos ministères, les organismes de sécurité nationale et la communauté de la recherche ».

Samedi, un engin volant avait été abattu au-dessus du Yukon, sur l’ordre du premier ministre, Justin Trudeau. Il s’agissait alors du troisième appareil non identifié détruit dans l’espace aérien nord-américain en une semaine. Rappelons qu’un premier ballon chinois avait été abattu le 4 février dernier par Washington au large de la côte atlantique.

Selon le Pentagone, l’engin avait survolé des sites militaires névralgiques. De son côté, Pékin a assuré avoir utilisé l’aéronef « à des fins de recherches, principalement météorologiques », mais selon des images capturées par des avions militaires américains, le ballon était bien équipé d’outils d’espionnage.