Depuis cinq ans, 66 personnes qui sont mortes après une aide médicale à mourir ont fait don d’au moins un de leurs organes. L’aide médicale à mourir étant très répandue au Québec, Transplant Québec estime que d’ici quelques années, plus de 300 donneurs d’organes pourraient être des personnes mortes après une aide médicale à mourir.

Dans son bilan 2022 publié mercredi1, Transplant Québec note que 15 % des donneurs d’organes en 2022 ont eu recours à l’aide médicale à mourir.

À l’heure actuelle, souligne Transplant Québec, seuls quatre pays dans le monde pratiquent le don d’organes en contexte d’aide médicale à mourir, soient la Belgique, les Pays-Bas, le Canada et, depuis tout récemment, l’Espagne.

Les Québécois ont eu accès à l’aide médicale à mourir à partir de 2015. En 2017, seules deux personnes qui y avaient eu accès avaient donné un organe. En 2022, on en était à 24 personnes.

L’immense majorité de ces donneurs avaient de 51 à 70 ans et près de 85 % d’entre eux avaient un diagnostic prépondérant d’une maladie neurodégénérative ou neurologique.

Un processus facilité

Comme l’indique en entrevue Sylvain Lavigne, directeur des soins infirmiers et du soutien aux établissements chez Transplant Québec, le don d’organes en contexte d’aide médicale à mourir change la donne et simplifie les choses.

Le coordonnateur ne rencontre pas une famille en deuil, mais un patient en processus de fin de vie qui donne lui-même son consentement et qui fait ses propres choix.

Sylvain Lavigne, directeur des soins infirmiers et du soutien aux établissements chez Transplant Québec

Le don d’organes peut ainsi être planifié. Les équipes de Transplant Québec peuvent savoir à l’avance à quel moment et à quel endroit un organe sera disponible.

Cela étant dit, pour l’instant, seuls ceux qui reçoivent l’aide médicale à mourir à l’hôpital peuvent être donneurs.

« Le respect de leur seule et unique volonté guide l’approche de Transplant Québec », insiste l’organisme.

En 2021-2022, 3663 personnes ont reçu l’aide médicale à mourir, soit une augmentation de 51 % (1236 personnes de plus) par rapport à l’année précédente.

Même si la pratique est récente dans la province, les Québécois y ont nettement plus recours que les autres Canadiens et nettement plus aussi que les Belges ou les Néerlandais, qui y ont droit depuis beaucoup plus longtemps.

Les 3663 personnes qui ont reçu une aide médicale à mourir en 2021-2022 ne pouvaient pas toutes donner un organe – les personnes atteintes de cancers métastatiques étant par exemple exclues –, mais Transplant Québec croit qu’il est raisonnable de penser que 10 % d’entre elles peuvent être des donneurs potentiels.

En 2016, la Commission de l’éthique en science et en technologie émettait un avis sur la question du don d’organe en contexte d’aide médicale à mourir. Elle faisait cinq recommandations, dont celle d’éviter « toute sollicitation indue » et de maintenir « une étanchéité entre les deux démarches. La demande d’aide médicale à mourir doit être traitée en premier lieu ; le processus lié à chacune des deux demandes doit relever d’équipes distinctes ».

Outre le fait que l’aide médicale à mourir procure un nombre grandissant d’organes, Transplant Québec a souligné dans son bilan annuel que le Québec a connu un nombre inégalé de transplantations pulmonaires, soit 78.

Au cours des 10 dernières années, le temps d’attente des personnes transplantées de poumons et de rein a diminué respectivement de 87 % et 60 %.

1 Consultez le rapport annuel de Transplant Québec
En savoir plus
  • 171
    Nombre de donneurs d’organes au Québec en 2022
    source : Transplant Québec
  • 483
    Nombre de personnes transplantées en 2022
    source : Transplant Québec
  • 913
    Nombre de personnes en attente d’un organe en date du 31 décembre 2022
    source : Transplant Québec