La hausse du prix des loyers en vient à nuire aux organismes tentant d’aider les personnes vulnérables. Son bail n’ayant pas été renouvelé, l’organisme communautaire le Café Parenthèse, à Saint-Eustache, doit se reloger d’ici le 1er mars, mais les loyers sont beaucoup trop chers pour lui.

« Je ne sais pas ce qui va se passer », confie Priscilla Laplante, cofondatrice de l’organisme. Le Café Parenthèse, qui sert quotidiennement une cinquantaine de sans-abri et de personnes vivant de l’exclusion de la MRC de Deux-Montagnes, a reçu un avis de non-renouvellement de son bail la semaine de Noël.

  • L’organisme communautaire le Café Parenthèse, à Saint-Eustache, doit se reloger d’ici le 1er mars.

    PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

    L’organisme communautaire le Café Parenthèse, à Saint-Eustache, doit se reloger d’ici le 1er mars.

  • La clientèle du Café Parenthèse

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    La clientèle du Café Parenthèse

  • L’intérieur convivial du Café Parenthèse

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    L’intérieur convivial du Café Parenthèse

  • Le Café Parenthèse offre une gamme de projets pour combattre l’isolement des personnes vulnérables

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    Le Café Parenthèse offre une gamme de projets pour combattre l’isolement des personnes vulnérables

  • La façade du Café Parenthèse

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    La façade du Café Parenthèse

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« J’ai commencé à faire des appels, mais les loyers sont de 5000 $ à 7000 $, indique Priscilla Laplante. Avec 7000 $ par mois, c’est 84 000 $ pour une année. » Une somme bien supérieure aux 1782 $ par mois que le café débourse actuellement.

Difficile de trouver un loyer peu élevé à Saint-Eustache, indique le cofondateur de l’organisme, Mathieu Lavoie. « Il y a un taux d’inoccupation très faible, donc les prix grimpent même dans le commercial », dit-il.

Le taux d’inoccupation des logements locatifs de la ville de la Rive-Nord est de 0,3 %, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Un taux qui est encore plus faible que celui de Montréal, qui est de 3,7 %. Les cofondateurs ont même regardé de vieux bâtiments. « Mais ils se font acheter par des gens qui bâtissent des condos », s’exaspère Priscilla Laplante.

Le Café Parenthèse est financé au projet. « Il n’y a donc pas beaucoup de sous qui vont à l’administration, au loyer, aux assurances et aux autres frais de base », explique la cofondatrice. L’organisme a reçu un peu moins de 200 000 $ de subventions l’année dernière, « ce qui inclut le salaire des sept intervenants, le loyer, la bouffe », précise-t-elle. « Au bout du compte, on n’a pas les moyens de mettre 84 000 $ dans un loyer. »

Le rêve de Mathieu Lavoie est de recevoir le PSOC – Programme de soutien aux organismes communautaires – qui permet de financer les organismes communautaires à la mission globale et « de recevoir une subvention qui est récurrente », affirme-t-il.

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Les deux cofondateurs du Café Parenthèse, Priscilla Laplante et Mathieu Lavoie

Mais le café ne serait pas admissible avant août 2023, puisque l’organisme est trop jeune. Le Café Parenthèse est un organisme indépendant depuis seulement un an. L’endroit, ouvert en mars 2021, s’est d’abord associé à un autre organisme. « C’était plus facile d’avoir des fonds rapidement et il y avait un besoin criant », indique Priscilla Laplante.

Combattre l’isolement, un repas à la fois

Que fera l’organisme s’il ne trouve pas de local ? « Dans le pire des cas, les gens vont juste être isolés », se désole la cofondatrice. Ces gens, ce sont les clients du Café Parenthèse. Certains sont en situation d’itinérance, d’autres vivent avec des problèmes d’isolement ou de détresse psychologique.

L’organisme offre des dîners et des soupers – environ 12 000 repas depuis son ouverture –, mais pas seulement.

« C’est vraiment un milieu de vie », illustre Mathieu Lavoie. L’organisme aide, entre autres, pour les démarches administratives, offre plusieurs activités et fait même de la prévention en toxicomanie.

« Ici, on privilégie les discussions autour de la table, autour d’une bouffe pour parler des vraies affaires », affirme Priscilla Laplante. « C’est comme ma famille », indique Myriam Mokrane, une cliente régulière.

Manon Chayer fait son tour « de temps en temps ». Elle se sent bien au café, d’autant plus qu’elle peut amener son chien avec elle et socialiser avec les gens. « J’ai trouvé de l’aide ici », dit-elle. Elle espère que le café sera relogé pas trop loin de l’endroit actuel, sinon « ça va être trop difficile de venir avec mon chien », affirme-t-elle.

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Les petits chiens sont admis au Café Parenthèse.

Priscilla Laplante s’inquiète pour les clients qui fréquentent le café. « On porte une responsabilité », dit-elle.

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Des bénévoles et des clients du Café Parenthèse

Danielle Desrosiers, qui vient donner un coup de main depuis Saint-Hyacinthe en tant que pair aidante, redoute aussi la date butoir du 1er mars. « Il faut se relocaliser. Sinon, où vont aller ces gens-là ? », s’exclame-t-elle.

Un problème répandu dans la MRC

La friperie La Boutik, gérée par l’organisme Centre Marie Ève, s’est résignée à fermer ses portes le 31 octobre dernier sans avoir pu trouver un local qui correspondait à son budget. La boutique avait pignon sur rue depuis quatre ans dans la ville voisine de Deux-Montagnes.

« C’est vraiment un problème de se relocaliser », reconnaît Isabelle Jorg, directrice générale du Centre Marie Ève.

Il y a vraiment peu de locaux disponibles. Soit les locaux demandent beaucoup de rénovations ou ils sont reconvertis en logements.

Isabelle Jorg, directrice générale du Centre Marie Ève

Les locaux disponibles – et qui étaient assez grands pour eux – demandaient de 50 000 $ à 60 000 $ par année, alors que leur loyer précédent était de 18 000 $ par année.

Le Centre Marie Ève « a peut-être finalement trouvé son local pour la friperie », indique Isabelle Jorg. Mais il a dû se résigner à un plus petit local. « On voulait un local de 1500 à 2000 pieds carrés, mais on en a peut-être trouvé un de 1080 pi⁠2. »

En savoir plus
  • 0,3 %
    Taux d’inoccupation des logements locatifs à Saint-Eustache en octobre 2020
    source : SCHL (Enquête sur les logements locatifs)
  • 135
    Personnes en situation d’itinérance chronique dans la MRC Deux-Montagnes (mars 2021)
    300 et plus
    Personnes à risque d’itinérance dans la MRC Deux-Montagnes (mars 2021)
    source : Concertation régionale en itinérance des Laurentides (CRI)