Saint-Roch-de-l’Achigan mettra beaucoup de temps à se relever de l’incendie et des explosions qui ont soufflé les bâtiments de Propane Lafortune, jeudi. Avant même que ne s’amorcent les recherches, les citoyens, mais surtout les proches des victimes, n’arrivent toujours pas à réaliser ce qui vient de se produire. Un « grand deuil » s’entame, et une messe commémorative sera célébrée ce dimanche.

« Céline, c’était une femme exceptionnelle, une personne formidable. Tout le monde l’aimait à L’Épiphanie et à Saint-Roch. On est tous atterrés », lance Germain Latendresse, l’oncle de Céline Pilon, selon toute vraisemblance l’une des victimes de la tragédie.

Selon nos informations, les deux premières victimes seraient Céline Pilon et France Desrosiers, qui travaillaient toutes deux comme secrétaires. La troisième, un homme, réalisait des travaux pour le compte de l’entreprise. Officiellement, la Sûreté du Québec (SQ) n’a toutefois pas confirmé l’identité des personnes portées disparues. Contrairement à jeudi et vendredi, aucun point de presse n’était d’ailleurs prévu samedi, des travaux préliminaires se poursuivant toujours en vue du début des recherches.

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Véhicules de la Sûreté du Québec devant Propane Lafortune, à Saint-Roch-de-l’Achigan

France Desrosiers « était aussi la femme d’un de mes neveux », glisse M. Latendresse, encore sous le choc. « C’est effrayant, c’est une catastrophe », poursuit l’homme endeuillé.

Sur les réseaux sociaux, les hommages sont nombreux. Line Pilon, la cousine de Céline Pilon, lui a rendu hommage sur sa page Facebook. « J’ai été élevée avec mes cousins et ma cousine qui habitaient le logement d’à côté. On jouait dans la même cour et mes souvenirs de Céline, ce sont ses magnifiques cheveux longs, sa taille fine et ce sourire. Elle était tellement belle. Je sais que tous ceux qui ont eu le privilège de la connaître vivent aujourd’hui un grand deuil », a-t-elle écrit, avec émotion.

La Ville de Saint-Roch-de-l’Achigan a quant à elle annoncé samedi qu’en signe de solidarité, une messe commémorative serait célébrée dimanche à l’église, pour « tous les gens touchés de près ou de loin par la tragédie survenue jeudi ». « On remercie tous les Québécois pour leur élan de solidarité à l’endroit de la municipalité. Ça me touche beaucoup », avait déclaré vendredi le maire de la municipalité, Sébastien Marcil.

« On voyait les débris tomber du ciel »

Jean-Luc Faille, lui, a été parmi les premiers à appeler les secours après la première déflagration, jeudi vers 11 h. Un incendie s’était propagé dans le dépôt de gaz appartenant à Propane Lafortune, provoquant des explosions. Le bâtiment a été complètement détruit.

« On pensait qu’un avion était tombé sur le toit du garage. Une fois sortis, on a vu les débris tomber du ciel. La bâtisse a été littéralement coupée en deux. On savait instantanément qu’il y avait des personnes décédées. C’est troublant. C’est un accident tragique. Ça me repasse dans la tête souvent. Je n’ai jamais vécu quelque chose comme ça », relate le natif de Repentigny, qui travaille dans la municipalité depuis un an.

Tout un pan de mon adolescence vient de partir. Je ne reverrai plus jamais ça. Mais ça va rester dans ma mémoire, c’est certain.

Sylvain Tourangeau, qui avait travaillé à l’usine dans sa jeunesse

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Sylvain Tourangeau

L’homme a commencé à travailler pendant trois étés dans l’usine aujourd’hui détruite, alors qu’il n’avait que 15 ans. À l’époque, « l’entreprise la possédant s’appelait Transports Belanger et frères, c’était du bon monde », raconte l’homme qui réside aujourd’hui à Ottawa.

Venu à Saint-Roch-de-l’Achigan pour des raisons personnelles, celui qui est né dans la région se dit anéanti par la tragédie. « Ça me fait tellement de peine pour la communauté. C’est une vraie tragédie pour [les habitants], pour les familles. Ça me touche surtout pour elles, qui sont affectées directement. Moi, personnellement, j’ai vu le garage se bâtir. Être ici, c’est assez émotif, ce matin », poursuit quant à lui M. Tourangeau, alors que les policiers s’affairent derrière lui à sécuriser la scène, bloquant tout accès au site.

Non loin de là, Réal Lamarche, qui demeure à un kilomètre de la scène, faisait sa marche quotidienne lorsque La Presse l’a rencontré. « Le matin où c’est arrivé, je suis venu ici comme je fais tous les jours, peut-être un quart d’heure avant la déflagration », explique-t-il.

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Réal Lamarche

« En revenant chez moi, ma fille m’a tout expliqué. C’est triste et c’est désolant. C’est tellement malheureux. C’est une petite municipalité et ça ne devrait pas arriver, ces choses-là. Mais on n’est jamais à l’abri de tout ça », soupire-t-il.

Pour M. Lamarche, le plus dur est l’« attente » de nouvelles et d’informations supplémentaires, plusieurs travaux de sécurisation devant d’abord être faits avant d’entamer les recherches, afin de vérifier notamment si divers produits de propane sont présents ou non.

« On ne sait pas ce qui va se passer. On apprend que ça peut être long, parce que c’est compliqué et il y a l’environnement. C’est vraiment délicat. Les familles dans l’attente de ça… Je souhaite de tout cœur qu’elles se relèvent de ça, mais je ne suis pas sûr que ça se peut réellement », conclut-il.