Qui donc pourrait remplacer Sophie Brochu comme patron d’Hydro-Québec ? Des noms de candidats potentiels circulent. Voici des personnalités qui pourraient attirer l’attention du conseil d’administration.

Éric Filion : un sérieux candidat à l’interne

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Éric Filion, vice-président exécutif, chef de l’exploitation et de l’expérience client chez Hydro-Québec

Selon nos sources à l’intérieur d’Hydro-Québec, le vice-président exécutif, chef de l’exploitation et de l’expérience client est l’un des mieux placés parmi les dirigeants actuels de la société d’État pour remplacer Sophie Brochu. Issu de Bombardier, comme l’ancien PDG Éric Martel qui l’a recruté en 2016, cet ingénieur aurait de l’intérêt pour le poste. Le gestionnaire en mène large dans la nouvelle structure de la société d’État. Il gère à la fois l’approvisionnement en électricité, l’exploitation et la maintenance des actifs, de la production à la distribution. Les interactions avec la clientèle et les services partagés tombent aussi sous sa responsabilité.

Claudine Bouchard : une étoile montante

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK D’HYDRO-QUÉBEC

Claudine Bouchard, vice-présidente exécutive et cheffe des infrastructures du système énergétique chez Hydro-Québec

Comme vice-présidente exécutive et cheffe des infrastructures du système énergétique, elle gère les imposantes infrastructures énergétiques de la société d’État, considérées comme la « pile » du réseau d’électricité dans le nord-est de l’Amérique du Nord. C’est aussi elle qui doit étudier les besoins futurs d’Hydro-Québec. Comment faire pour respecter la commande du gouvernement Legault, qui veut augmenter de 50 % la capacité de production d’énergie de la société d’État ? Où construire de nouvelles centrales ? Où l’entreprise doit-elle remplacer des turbines pour augmenter l’efficacité de celles qui sont déjà en exploitation ? Autant de questions auxquelles elle doit répondre dans le cadre de son poste actuel. Nommée à son poste en 2022, cette étoile montante d’Hydro-Québec est toutefois étroitement associée à Sophie Brochu. Or, la PDG a exprimé d’importants désaccords avec Québec quant aux priorités stratégiques à privilégier au sein de la société d’État, entre transition énergétique et développement économique.

Martin Imbleau, du Port de Montréal : candidat potentiel à l’externe

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Martin Imbleau, PDG de l’Administration portuaire de Montréal

Avant d’occuper ses fonctions actuelles, le PDG de l’Administration portuaire de Montréal a lui aussi fait carrière dans les deux grandes sociétés d’énergie du Québec : Hydro-Québec et Énergir. Martin Imbleau, 50 ans, a dirigé les stratégies d’entreprise et le développement des affaires à la société d’État, d’avril 2020 à janvier 2021. Dans le milieu des affaires, cet avocat a la réputation d’avoir le sens de l’engagement public. Selon sa biographie sur le site du Port de Montréal, il est l’auteur de plusieurs ouvrages portant sur les droits de la personne et les génocides et il préside le conseil de direction de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’UQAM. Il garde aussi un pied dans l’énergie, en tant que cofondateur de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal.

Éric Lachance : traditionnelle filière Énergir

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Éric Lachance, PDG d’Énergir

Depuis l’ancien PDG André Caillé, c’est presque devenu une tradition : de hauts dirigeants d’Énergir, l’ancienne Gaz Métro, prennent régulièrement les commandes d’Hydro-Québec. C’était le cas de Sophie Brochu comme de Thierry Vandal, qui était cadre du distributeur gazier et a suivi André Caillé à la société d’État en 1996. Pour cette raison, le nom d’Éric Lachance, PDG d’Énergir depuis 2020, vient spontanément en tête, même s’il a moins d’expérience que les autres gestionnaires évoqués ici. Avant de se joindre au distributeur gazier, il a aussi fait son chemin dans une autre institution proche du gouvernement : la Caisse de dépôt et placement du Québec, où il a dirigé le suivi du portefeuille d’infrastructures européennes.

Michel Letellier, PDG d’Innergex : oubliez-le

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Michel Letellier, PDG d’Innergex

Sur papier, le PDG d’Innergex pourrait être un bon candidat de l’externe. Il connaît bien Hydro-Québec et les grands enjeux entourant l’électricité. Mais il y a un très gros hic : Michel Letellier et Hydro-Québec sont tous les deux actionnaires d’Innergex, qu’il dirige depuis 2007. La société d’État détient 19,95 % des actions du producteur d’énergie renouvelable, un placement qui valait près de 634 millions mardi. De son côté, Michel Letellier en détient pour 15 millions de dollars. Difficile de l’imaginer prendre des décisions sur le placement d’Hydro-Québec dans l’entreprise, qui auraient nécessairement d’importantes conséquences sur son propre investissement. « C’est clair que je serais en conflit d’intérêts avec Innergex. Ça serait compliqué ! », convient le PDG du producteur d’énergie renouvelable, en entretien avec La Presse. Pour pouvoir diriger la société d’État, il devrait nécessairement vendre ses actions. Or, il se dit « pleinement heureux » dans sa situation actuelle chez Innergex. « Pour moi, ça ne serait pas une possibilité à court terme », dit-il. Peut-être une prochaine fois ? « C’est sûr que ce sont des positions prestigieuses avec des incidences économiques importantes sur le Québec », dit-il. D’ailleurs, il tient à saluer le travail de Sophie Brochu. « Elle a fait une super job, et elle ne l’a pas eu facile. »

Avec la collaboration d’Hélène Baril et de Francis Vailles, La Presse