(Québec) Le premier ministre François Legault a critiqué le gestionnaire du Mont-Sainte-Anne, Resorts of the Canadian rockies, après la chute d’une gondole qui l’a forcé à fermer la montagne. C’est un autre incident qui s’ajoute au piètre bilan de l’entreprise, qui demande des fonds publics pour mettre à niveau ses installations.

« Je pense qu’en tout cas l’opérateur n’a pas montré dans les dernières années qu’il pouvait gérer correctement le Mont-Sainte-Anne », a lancé le premier ministre François Legault lors d’un point de presse mercredi.

La fin de semaine dernière, une télécabine vide s’est décrochée du câble avant de se fracasser au sol. Il s’agit du troisième incident majeur sur « L’Étoile filante » en moins de quatre ans. Cette remontée installée en 1989 est la plus vieille télécabine de huit places au Canada.

La station était toujours fermée, mardi, sauf pour les pentes-écoles. Le Mont-Sainte-Anne travaillait « à un plan de réouverture ». La télécabine, qui a été inutilisable pendant de longs mois lors des dernières saisons, est condamnée pour un temps indéterminé.

Mercredi la direction de la montagne, qui refuse les entrevues, a rompu le silence. Elle a indiqué dans un communiqué qu’elle avait mandaté des experts externes pour réaliser une nouvelle enquête sur cette remontée à problèmes. Le Mont-Sainte-Anne rappelle avoir investi 1,5 million de dollars en 2021 pour remplacer entièrement le système d’exploitation de la télécabine.

« Nous tenons également à souligner que toutes les remontées sont conformes à la régulation selon les lois applicables à l’opération des remontées mécaniques, continue la station de ski. Également, des entretiens préventifs sont effectués annuellement sur toutes nos remontées selon un plan de prévention détaillé et spécifique à chacune d’elles. »

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a confirmé lundi qu’une entente de financement avec RCR était à l’étude. Le plan de 100 millions serait financé à moitié, soit 50 millions par Québec. La proposition est dans les mains du gouvernement depuis des mois.

Dans son communiqué mercredi, la direction du Mont-Sainte-Anne a « salué la volonté du gouvernement de participer à notre plan d’investissement annoncé plus tôt cette année ».

Mais François Legault émet un bémol. « On n’est pas là du tout, on n’est pas là du tout. Écoutez, moi, je trouve ça effrayant, ce qui est arrivé. Il y a un rattrapage monstrueux à faire sur les équipements au Mont-Sainte-Anne », a-t-il ajouté.

Les ennuis répétés à la montagne suscitent le débat depuis des années quant à la capacité du gestionnaire de s’occuper de ce « joyau ». Resorts of the Canadian Rockies est propriété du milliardaire albertain Norman Murray Edwards.

21 blessés en 2020

Le groupe Les amis du Mont-Sainte-Anne ne veulent rien s’avoir d’une aide publique pour cette entreprise, ce qui reviendrait à « encourager la négligence ». « Nous, on dit au gouvernement : tu ne discutes plus avec RCR. Si tu négocies, ce n’est pas pour un réinvestissement, c’est pour un changement de gestionnaire », a dit mardi en entrevue avec La Presse le président des Amis, Yvon Charest.

Le maire de Beaupré demande quant à lui que le gouvernement Legault s’entende rapidement avec RCR sur un plan de relance. « Le gouvernement semble lent à investir auprès du Mont-Sainte-Anne, je ne sais pas pourquoi, disait Pierre Renaud en entrevue mardi. Les investissements auprès du Massif [de Charlevoix] sont toujours importants, rapides. Le Massif bénéficie beaucoup de l’oreille du gouvernement, ce qui semble moins le cas avec Resorts of the Canadian Rockies. »

L’incident de la fin de semaine est le troisième en quatre ans sur « L’Étoile filante ». En 2020, un arrêt brusque avait fait 21 blessés.

« Un homme a carrément été expulsé de la cabine. Il était suspendu la tête en bas. On a essayé de le retenir. Il a réussi à réintégrer la cabine. Je pense qu’il l’a échappé belle ce jour-là », se souvient le skieur Jacques Hardy, qui était dans « L’Étoile filante » ce jour-là.

RCR a conclu que l’incident avait été causé par une « variation de tension sur l’alimentation électrique » d’Hydro-Québec.

La télécabine avait rouvert le 1er mars 2020 pour refermer le 11 mars après un incident similaire, qui n’avait toutefois pas fait de blessés. Elle était ensuite restée fermée un an.