Un aîné canadien sur huit rapporte avoir été en proie à des sentiments dépressifs pendant la pandémie, révèle une nouvelle étude, ce qui permet de quantifier pour une première fois le phénomène.

La situation était encore pire parmi ceux qui avaient déjà été victimes de dépression, puisque 45 % des membres de ce groupe rapportaient être déprimés à l’automne de 2020.

L’étude publiée par des chercheurs de l’Université de Toronto dans l’International Journal of Environmental Research and Public Health s’appuie sur une enquête menée auprès de plus de 22 600 adultes plus âgés au Canada.

Les données proviennent de l’Étude longitudinale canadienne sur le vieillissement qui a colligé des données auprès des participants pendant en moyenne sept ans, ce qui permet de comparer la situation pré-pandémique à la pandémie elle-même, a commenté le psychologue Sébastien Grenier.

« Avant la pandémie, des études internationales témoignaient d’un taux de dépression de 8 % ou 10 % parmi les aînés », a dit M. Grenier, qui est professeur agrégé au département de psychologie de l’Université de Montréal et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

Même si les auteurs ont utilisé un questionnaire bien connu dans le milieu, ce qui confère une certaine validité à leurs chiffres, M. Grenier souligne que la nouvelle étude découle de sentiments autorapportés par les aînés, puisqu’il est bien évidemment impossible d’envoyer plus de 20 000 personnes obtenir un diagnostic officiel de dépression.

Il souligne aussi que les sujets étudiés avaient 50 ans et plus, et que la réalité des 50-59 ans peut être bien différente de celle des 80-89 ans, par exemple.

On savait déjà que la pandémie et le confinement ont été particulièrement durs pour la santé mentale des aînés, qui ont souvent été privés de contacts avec leur famille ou leurs amis.

Cette étude serait toutefois l’une des premières, sinon la première, à mesurer quelle proportion d’aînés a eu des sentiments dépressifs pour la première fois pendant la crise sanitaire, et quel impact la situation a eu sur ceux qui avaient des antécédents dépressifs.

Des revenus et de l’épargne insuffisants, une douleur chronique, des difficultés d’accès aux soins de santé, une histoire d’expériences difficiles à l’enfance et des conflits familiaux ont été identifiés comme des facteurs contribuant à la dépression des aînés.

Ceux qui, avant la pandémie, percevaient leurs revenus comme étant inadéquats pour subvenir à leurs besoins et ceux qui disposaient de moins d’épargne étaient plus susceptibles de devenir déprimés pendant la crise.

Une étude menée par M. Grenier et ses collègues entre mars 2020 et mars 2021 auprès de 645 aînés âgés de 65 ans et plus avait détecté un taux de détresse de 15 %, soit un chiffre comparable à celui de l’étude ontarienne.

Mais dans les deux cas, a dit M. Grenier, on ne doit pas perdre de vue que « oui, il y a des gens qui ne vont pas bien, mais la grande majorité va quand même assez bien ».