(Ottawa) Nathalie Provost en a eu « mal au cœur ». Le premier ministre Justin Trudeau a lui aussi déploré l’utilisation du code promotionnel « Poly » pour l’achat de marchandises sur le site web d’un regroupement proarmes à l’approche du 33anniversaire du féminicide de masse à Polytechnique.

« Économisez 10 % avec le code promotionnel POLY ».

C’est l’offre moussée par Tracey Wilson, vice-présidente des relations publiques de la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu (CCFR, en anglais) pour les achats de marchandises sur le site web de l’organisation.

CAPTURE D’ÉCRAN TWITTER

L'offre promotionnelle décriée de la Coalition canadienne pour les droits aux armes à feu

« Poly, je vais vous offrir un rabais », a-t-elle aussi écrit sur Twitter le 20 novembre dernier.

Le groupe des étudiants et diplômés de Polytechnique pour le contrôle des armes à feu, Polysesouvient, avait auparavant commenté sur le même réseau social la vente d’articles à l’effigie du groupe de lobbying.

« J’en ai un peu mal au cœur. C’est odieux. C’est comme si la tragédie de Poly était une farce », a dénoncé en entrevue Nathalie Provost, survivante de la tuerie du 6 décembre 1989.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Nathalie Provost, survivante de la tuerie de Polytechnique

Elle y voit le même type de provocation que la tentative de manifestation sur la place du 6-décembre-1989 par le groupe Tous contre un registre québécois des armes à feu, en 2017, qui avait finalement avorté.

Il y a quelque chose d’un petit peu sacré autour de ça, donc on ne peut pas banaliser ce qu’ils font.

Nathalie Provost, survivante de la tuerie Polytechnique

Le premier ministre Justin Trudeau, dont le gouvernement cherche à faire adopter ces jours-ci le projet de loi C-21 sur les armes à feu, a soupiré lorsqu’il a été questionné sur la stratégie de la CCFR en conférence de presse à Vancouver.

Il ne l’a pas commentée spécifiquement, mais il en a profité pour mettre dans le même panier le lobby des armes et l’opposition conservatrice.

Malheureusement, on voit que le lobby des armes travaille avec le Parti conservateur du Canada pour propager de la mésinformation, utiliser la peur, et semer la division.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

« Je pense que les Canadiens sont unis dans le souhait de voir moins de violence par arme à feu », a-t-il plaidé.

Le 6 décembre 2022 marquera les 33 ans de la tuerie à Polytechnique.

Quatorze femmes sont tombées sur les balles d’un tueur misogyne en 1989 dans l’établissement universitaire montréalais.

Selon La Presse Canadienne, Tracey Wilson a soutenu que la promotion ne faisait pas référence à la tragédie, mais plutôt au compte Twitter de PolySeSouvient, qui aurait qualifié les partisans de son organisme de trolls armés.

Ultimement, Nathalie Provost croit que « ça va leur revenir dans le front comme un boomerang, cette affaire-là », et que les gens vont « comprendre que le lobby des armes, derrière des apparences de défenseurs de chasse sportive, cherche à implanter au pays une philosophie de protection avec les armes ».

Et « dans le fond, ils nous aident, ils nous donnent de l’énergie », philosophe-t-elle.