Des marges de 20 cents le litre entre le prix de l’essence à la raffinerie et à la pompe sont observées dans certaines régions du Québec en ce moment, une situation dénoncée par CAA-Québec. L’organisme reproche aux détaillants de tarder à retransmettre aux automobilistes les importantes baisses des indicateurs pétroliers des derniers jours.

Cette situation concerne une dizaine de régions dans la province parmi lesquelles le Saguenay–Lac-Saint-Jean, le Bas-Saint-Laurent, le Centre-du-Québec et la Mauricie où la marge au détail est de plus de 23 cents le litre et le prix à la pompe de plus de 170 cents le litre.

En tête se trouve la Côte-Nord où le prix du litre d’essence à la pompe se chiffre en moyenne à 173,4 cents, soit 26,8 cents le litre de plus qu’à la raffinerie selon les chiffres répertoriés sur la plateforme Info Essence de CAA-Québec.

Pendant ce temps, à Montréal, où le coût d’acquisition pour les détaillants est pourtant l’un des plus élevés de la province en raison de la taxe dédiée au transport en commun, les automobilistes peuvent faire le plein pour 155,9 cents le litre.

Un « écart dur à comprendre »

Une situation que s’explique mal le directeur des affaires publiques chez CAA-Québec, Nicolas Ryan. « C’est l’écart entre les différentes villes qui est dur à comprendre », dit-il en ajoutant recevoir de nombreux appels et courriels de membres frustrés par cette situation.

« La vision qu’on a, que nos membres nous rapportent, c’est que lorsque les indicateurs [pétroliers] sont à la hausse, [les détaillants] sont très prompts à ajuster leurs prix, mais lorsqu’ils sont à la baisse, c’est toujours plus long », explique-t-il.

Si CAA-Québec a déjà observé dans le passé des marges au détail dépassant les 20 cents/litre, cette situation ne perdurait pas plus de 24 h. Or, dans ce cas-ci, les importantes marges durent depuis 48 h et même plus dans certaines régions.

L’industrie doit expliquer aux automobilistes ce qui justifie de telles marges au détail et de tels écarts entre les prix affichés à la pompe dans les différentes régions, dit Nicolas Ryan.

Forte volatilité

Jointe mercredi soir, la PDG de l’Association des distributeurs d’énergie du Québec, Sonia Marcotte, dit avoir été mise au courant des marges au détail importantes dans certaines régions du Québec.

Celle dont l’association représente quelque 2300 points de service dans la province s’attend à voir le prix de l’essence à la pompe y baisser sous peu. La forte volatilité des prix à la raffinerie, où s’approvisionnent les détaillants, pourrait être en cause selon elle.

« Il y a une vingtaine d’années, on ne voyait pas ça, le prix à la raffinerie bougeait à peine toutes les semaines alors que maintenant il varie tous les jours, même parfois plusieurs fois par jour », souligne-t-elle.

Parmi les hypothèses évoquées par Sonia Marcotte pour expliquer cette disparité entre Montréal et certaines régions, elle cite le plus grand « roulement » des stocks dans la métropole et des « dynamiques régionales » de concurrence entre les stations-service.

« Je ne connais pas la stratégie de chacun des détaillants et ils sont libres de faire ce qu’ils veulent, de déterminer [leur] prix selon la concurrence autour. Éventuellement ça va à se résorber », conclut-elle.