La moitié des terres agricoles mises en vente l’an dernier ont été achetées par des « non-agriculteurs », a déploré, mardi, le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) du Québec lors du 98congrès général de son syndicat.

« Sur les transactions foncières en zone agricole, quand on regarde les dix dernières années, beaucoup de choses ont changé », a déclaré Martin Caron lors de son allocution annuelle devant environ 550 participants réunis à Québec.

Selon M. Caron, 52 % des transactions foncières agricoles en 2021 impliquaient des « non-agriculteurs », alors que ce chiffre se situait à 23 % en 2011.

Pression spéculative

« Ça, concrètement, ça veut dire que la majorité des terres qui se vendent sont achetées par des non-agriculteurs. Ça veut dire qu’une terre sur deux est vendue à un non-agriculteur. »

Cette pression spéculative a une incidence sur les prix des terres qui « ont monté en flèche » au cours des dernières années, a-t-il ajouté.

« En 2012, on parlait de 11 700 $ l’hectare en moyenne au Québec. On est rendu, en 2021, à 28 600 $ l’hectare. Ça, qu’est-ce que ça amène ? Ça amène un frein aux agrandissements qui sont prévus […], ça amène aussi un bris à des projets, à des rêves, à des ambitions. »

Au Québec, 4 % du territoire est en « zone verte », soit 6,3 millions d’hectares. En revanche, les superficies en culture ne couvrent que 2 % de l’ensemble du territoire du Québec, soit 3,1 millions d’hectares.

Depuis dix ans, la zone verte est cependant de plus en plus grugée au profit de la « zone blanche ». Même si elles restent zonées agricoles, de plus en plus de terres existent sans qu’on y pratique de l’agriculture.

« Sur cinq ans, on a perdu 9583 hectares et sur dix ans, on a perdu 24 821 hectares », a illustré M. Caron lors de son discours.

« Résolution extraordinaire »

« Le premier outil dont on a besoin, nous les producteurs, l’outil essentiel : c’est nos terres agricoles. Malgré l’importance stratégique en lien avec la sécurité alimentaire, ça n’en finit plus que le territoire agricole est grugé soit par l’étalement urbain, soit par les investissements des spéculateurs immobiliers, soit par les projets industriels et par la construction d’infrastructures. »

Pour tenter de régler cet enjeu, les délégués de l’UPA débattront mercredi d’une « résolution extraordinaire » pour demander au gouvernement du Québec d’implanter le principe de « zéro perte nette » pour le territoire agricole.

Le principe de zéro perte nette vise à ce qu’aucune nouvelle superficie cultivable agricole ou forestière ne soit perdue.

La résolution interpelle aussi le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation en soulignant que « plusieurs municipalités persistent à promouvoir des modèles de développement dépassés et irresponsables ainsi qu’un aménagement du territoire incohérent, comme en témoigne le taux très élevé d’appui des demandes d’autorisation pour des usages non agricoles en zone agricole : 97 % en moyenne. »

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, André Lamontagne, et la ministre fédérale de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire, Marie-Claude Bibeau, s’adresseront mercredi aux agriculteurs.

L’UPA représente les 42 000 fermiers de la province.