(Montréal) Le gouvernement fédéral investira 42,5 millions au cours des six prochaines années pour aider une Première Nation de la Saskatchewan secouée par une tuerie il y a près de trois mois, a déclaré lundi le premier ministre Justin Trudeau après avoir rencontré des dirigeants des communautés et des familles de victimes.

M. Trudeau a indiqué que les fonds serviront à construire un nouveau centre de mieux-être et à réaménager un pavillon afin de mieux répondre aux besoins de ses membres.

« [Cela] permettra à la nation crie James Smith de concevoir les programmes qui répondent le mieux aux besoins de ses membres », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse.

Il a indiqué que le gouvernement dépensait également 2,5 millions sur cinq ans pour accroître l’accès de la communauté aux traitements, y compris les soutiens traditionnels et culturels, ainsi que les soins de longue durée aux personnes ayant des problèmes de toxicomanie.

De plus, Trudeau a annoncé 20 millions supplémentaires sur quatre ans pour compléter l’initiative Voies vers des communautés autochtones sûres, qui soutient des projets communautaires de sécurité et de bien-être pour les femmes, les filles et les personnes LGBTQ autochtones dans diverses communautés, dont James Smith.

Le chef cri de la Première Nation, Wally Burns, souhaite avoir un service de police autochtone et il a déclaré que la communauté avait besoin de financement pour le logement, en particulier pour ceux qui hésitent à retourner là où des membres de leur famille ont été tués.

M. Trudeau a soutenu qu’Ottawa devait continuer de collaborer avec les Premières Nations pour s’assurer que les services de police autochtones soient reconnus comme un service essentiel.

« Notre objectif commun est de faire en sorte que les gens se sentent en sécurité », a-t-il affirmé lundi.

Le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu plus tôt sur le site des tombes des victimes d’une tuerie dans une Première Nation de la Saskatchewan, avant de rencontrer des membres de la famille en privé.

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Le premier ministre Justin Trudeau se recueille devant les tombes des victimes.

La gouverneure générale, Mary Simon, la première personne autochtone au Canada à détenir le titre, a visité le cimetière de la même église à la fin septembre.

M. Trudeau a déclaré aux dirigeants d’une Première Nation de la Saskatchewan que tout le pays était en deuil après les attaques au couteau du 4 septembre qui ont fait 11 morts et 18 blessés dans la nation crie de James Smith, ainsi que dans le village voisin de Weldon, au nord-est de Saskatoon.

Le suspect des attentats, Myles Sanderson, âgé de 32 ans, est mort après avoir été arrêté.

Bâtir des communautés plus résilientes

Le premier ministre devait également passer une partie de la journée dans des réunions avec des dirigeants et des membres de la communauté. Il a fait une annonce publique en après-midi.

« Aujourd’hui j’ai rencontré les familles des victimes ici dans la nation crie James Smith en Saskatchewan. Je les remercie d’avoir partagé les histoires des proches qu’ils ont perdus dans cet évènement tragique, a-t-il déclaré en français. On va toujours se souvenir d’eux. Plus tôt, j’ai aussi rencontré les chefs et les membres du conseil et je leur ai dit que notre gouvernement est là pour soutenir la communauté. »

M. Trudeau a rencontré lundi le chef de la nation crie James Smith, Wally Burns, ainsi que le chef de la première nation Peter Chapman, Robert Head, et le chef de la première nation Chakastaypasin, Calvin Sanderson.

« Votre leadership et, très franchement, la façon dont la communauté s’est réunie ont été extrêmement importants », a-t-il déclaré.

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La ministre des Services aux Autochtones, Patty Hajdu, le premier ministre Justin Trudeau et le le chef de la première nation Peter Chapman, Robert Head

M. Trudeau a ajouté que tous les Canadiens étaient en deuil après « l’horrible violence ».

Le premier ministre a été drapé dans une couverture étoilée bleu, blanc et noir et a reçu une plume du chef Wally Burns.

Depuis le 4 septembre, la plume a été bénie par les anciens lors du voyage de guérison, a expliqué le chef. Elle vient des familles et de la communauté.

M. Trudeau a indiqué avoir parlé avec les familles de la nécessité de bâtir des communautés plus fortes et plus résilientes afin de réduire les risques qu’une telle violence se reproduise.

Il a ajouté qu’Ottawa offrait également des ressources et du soutien au nom du gouvernement et de tous les Canadiens. Il a dit qu’ils seront là pour la communauté et que la guérison prend beaucoup de temps.

« Un honneur » de recevoir M. Trudeau

L’évènement a amplifié les appels à avoir davantage de services de police dirigés par des Autochtones, et le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a promis de « travailler 24 heures sur 24 » pour déposer un projet de loi cet automne qui déclarerait les services de police autochtones comme un service essentiel.

Le coroner en chef de la Saskatchewan a affirmé que deux enquêtes publiques seront menées sur les attaques – l’une qui se concentrera sur les 11 décès et l’autre sur la mort du suspect Myles Sanderson après son arrestation.

Les familles des victimes se sont réunies au bureau du conseil de bande, où elles ont chacune eu l’occasion d’avoir une rencontre privée avec Trudeau. Ils ont partagé de la nourriture, y compris du bannock, au premier étage de l’immeuble. L’odeur de bâtons d’encens, une pratique traditionnelle, flottait dans les couloirs. Les murs étaient couverts de cœurs et de cartes avec des mots de soutien.

Brian (Buggy) Burns et l’un de ses fils, qui a été blessé lors de l’attaque, ont rencontré le premier ministre. Sa femme, Bonnie, et son fils Gregory ont été tués à leur domicile lors de la tuerie au couteau. Depuis lors, il vit avec ses enfants survivants, une petite-fille et un petit-fils, dans un hôtel à Melfort, en Saskatchewan, car ils ne peuvent pas retourner chez eux.

Wally Burns a déclaré que c’était un honneur d’avoir M. Trudeau dans la communauté.

« Aujourd’hui, nous partageons la célébration de la vie qui a été transmise en si peu de temps. Il y a beaucoup à apprendre et il y a beaucoup à pleurer », a déclaré M. Burns.

Quand on guérit, nous guérissons tous, a déclaré le chef, ajoutant qu’ils veulent être plus influents dans la protection de leur nation.

Plus tôt dans la journée, M. Trudeau, qui était accompagné de la ministre des Services aux Autochtones Patty Hajdu, s’est rendu à l’église anglicane Saint Stephen’s, où sept des victimes sont enterrées.

Le vent soufflait de la neige fraîche pendant que M. Trudeau traversait le cimetière. Il a déposé du tabac et fait le signe de croix sur chacune des tombes. Le premier ministre Trudeau a également observé un moment de silence après que les chefs eurent brièvement parlé aux différents endroits.

« Je sais que vous êtes encore sous le choc et que vous êtes encore en train de traiter ce qui est arrivé et ce qui s’est passé, a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse dans le gymnase de l’école de la nation crie James Smith. Je sais, d’après les conversations que j’ai eues, que les membres de la communauté sont encore aux prises avec cela chaque jour. »

M. Trudeau a mentionné chacune des victimes par son nom.

Il a raconté que Carol et Thomas Burns étaient en visite dans la Première Nation et qu’ils ont été mêlés à la violence. Il a parlé de Christian et Lana Head, dont la famille lui a dit que leur mort avait laissé des trous dans leur vie. Il a parlé de Gloria Burns, qui est allée aider les autres ce jour-là et qui a perdu la vie.

« Ce ne sont pas seulement des noms. Ils ne font pas seulement partie d’un certain nombre de personnes dans cette horrible attaque a-t-il dit. Ce sont tous des individus avec des histoires ».