Trouver des sous-traitants et des employés saisonniers pour entretenir et surveiller les patinoires extérieures est devenu un casse-tête dans de nombreuses régions. À l’approche de l’hiver, des municipalités et des bénévoles doivent faire des pieds et des mains pour maintenir ces équipements très populaires.

À Sept-Îles, sur la Côte-Nord, deux grandes patinoires extérieures sont toujours orphelines. Le premier appel d’offres pour les secteurs périphériques Des Plages et Moisie est resté sans réponse. Et la municipalité cherche toujours quatre employés saisonniers pour l’entretien de ses patinoires et étangs glacés du centre-ville.

« Les patinoires en périphérie, c’est la partie la plus stressante parce que si on doit les faire nous-mêmes, c’est sûr que ça va affecter notre offre de service au centre-ville », indique la directrice du Service des loisirs de Sept-Îles, Noémie Gauthier.

Estimant que les grandes patinoires « répondent à un besoin plus grand » que les étangs glacés aménagés dans les parcs et les cours d’école, la Ville réfléchit à des aménagements pour le cas où elle ne trouverait pas de sous-traitants.

On n’a pas exclu, si jamais on ne peut pas faire tous les étangs glacés, de former des bénévoles, des gens du quartier.

Noémie Gauthier, directrice du Service des loisirs de Sept-Îles

Quant aux quatre employés manquants, Mme Gauthier espère toujours les trouver, notamment en ciblant les retraités, mais « chaque année, c’est quand même un problème », dit-elle. « On est à la recherche de solutions parce qu’on se rend bien compte qu’avec la pénurie de main-d’œuvre, ce ne sera plus possible d’engager des employés saisonniers comme ça. »

À Coaticook, en Estrie, c’est la patinoire du parc Kennedy qui risque de rester fermée, faute de soumissionnaire pour l’entretien. « L’information n’est pas finale, dans la mesure où il n’est pas dit qu’il n’y aura pas des gens » qui se sentiront interpellés, précise la porte-parole de la Ville, Shirley Lavertu. Le mandat, toutefois, est prenant. « Il faut avoir la disponibilité nécessaire pour le faire correctement, être disponible super de bonne heure le matin et tard le soir, souligne Mme Lavertu. On espère que ça va se caser. »

À La Durantaye, village d’un peu plus de 800 habitants dans Bellechasse, le problème est récurrent. Pour le troisième hiver de suite, le comité de loisirs n’a pas trouvé de sous-traitant pour ouvrir et entretenir la patinoire installée sur le terrain de baseball. « L’an passé, on a eu une soumission, 12 500 $, ce qui est inimaginable pour un petit village comme le nôtre ! », précise l’une des deux bénévoles du comité, Fanny Breton.

Le premier hiver, c’est le conjoint de l’autre bénévole qui avait sauvé la mise. Et cet hiver, comme le précédent, c’est un retraité, Réjean Montminy, qui a accepté de les dépanner, avec l’aide d’un autre retraité, Jacques Saint-Pierre. Mais « M. Réjean », qui s’occupait déjà de la glace lorsque Mme Breton était adolescente, leur a bien signifié que c’était son dernier tour de piste.

Dans beaucoup de municipalités, plusieurs infrastructures sont gérées par les employés municipaux. On ne se cachera pas que c’est une chose qu’on aimerait envisager.

Fanny Breton, bénévole du comité de loisirs de La Durantaye

Réorganiser le travail

Depuis une vingtaine d’années, Trois-Rivières a fermé de nombreuses patinoires extérieures moins achalandées ou proches d’une installation plus importante. Malgré cela, « ces dernières années, le recrutement était toujours un enjeu de dernière minute ». « Le nombre de glaces qui allaient être ouvertes était tributaire du nombre de préposés qu’on allait réussir à recruter », témoigne le porte-parole de la Ville, Mikaël Morrissette.

Pour avoir le personnel nécessaire aux 25 patinoires extérieures et autres surfaces glacées (étangs, sentiers, etc.) qu’elle prévoit ouvrir cet hiver, la Ville essaie une nouvelle stratégie. « On a revu la manière de proposer les tâches et les catégories de service des patinoires », résume M. Morrissette.

Ayant constaté que certains préposés préféraient entretenir la glace et d’autres la surveiller, Trois-Rivières a affiché ces tâches séparément. Elle a aussi créé trois catégories de surveillance : aléatoire, les jours achalandés (fins de semaine, congés fériés et pédagogiques, etc.) et en tout temps.

Les équipes de surveillance vont se promener pour ouvrir l’ensemble des patinoires et les équipes d’entretien vont suivre pour déneiger.

Mikaël Morrissette, porte-parole de la Ville de Trois-Rivières

Les patinoires pourront ainsi être ouvertes à l’heure prévue, quitte à ce qu’elles soient déneigées une demi-heure plus tard. « Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, c’est une ouverture vers laquelle on voulait aller » pour pouvoir « ouvrir le maximum de patinoires ».

Touche pas à ma patinoire

À La Malbaie, dans Charlevoix, c’est la désuétude de l’ancienne salle municipale du secteur Cap-à-l’Aigle, où les patineurs enfilent leur équipement, qui a failli avoir raison de la glace attenante. Mais sa fermeture, annoncée comme une « optimisation de l’offre » par la Ville à la fin octobre, a suscité un tollé. Une pétition en ligne a recueilli plus de 400 noms.

« Ça a fait tout un remue-ménage, les appels téléphoniques affluaient », témoigne le conseiller responsable du secteur, Gilles Savard. Moins d’une semaine plus tard, La Malbaie faisait marche arrière. La bâtisse restera accessible cet hiver et la Ville cherche des solutions pour l’an prochain. « Si on n’occupe pas les jeunes de cet âge-là, on ne les aide pas pour leur vie de demain », souligne M. Savard.

En savoir plus
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    Nombre estimé de patinoires extérieures au Québec en 2020
    Source : Étude sur l’impact des changements climatiques sur les finances publiques des municipalités du Québec, Union des municipalités du Québec, juillet 2022