(Montréal) La guignolée des médias est de retour et nécessite plus de soutien que jamais, ont affirmé mercredi les responsables de l’évènement lors d’une conférence de presse.

Après deux ans de pandémie ayant ralenti de façon considérable ses activités, la guignolée lance, à partir de vendredi, sa 22e collecte de denrées et de dons pour soutenir les familles québécoises en situation de précarité.

Lors d’une conférence de presse tenue mercredi dans l’entrepôt de l’organisme Moisson Montréal, sa directrice générale, Chantal Vézina, a réitéré l’importance de donner généreusement, en particulier cette année en raison des pressions inflationnistes et de l’insécurité alimentaire que vivent de nombreux foyers à travers la province.

Tous les jours, on a six camions sur la route qui vont chercher des denrées, et la demande est grandissante. C’est un rappel à la population de faire un petit effort supplémentaire pour donner, peu importe le montant.

Chantal Vézina, directrice générale de Moisson Montréal

La pandémie a d’ailleurs affecté plus durement les familles qui se trouvaient déjà en situation de précarité. Janie Houle, titulaire de la Chaire de recherche sur la réduction des inégalités sociales de santé de l’UQAM, a affirmé que le Québec est aux prises avec un problème de « pauvreté chronique ».

« Le salaire minimum est tellement bas que même si les gens travaillent à temps plein, ils ne sont quand même pas capables de sortir de la pauvreté, a-t-elle expliqué lors de la conférence de presse. Certains souffrent aussi de problèmes de santé physique ou mentale qui les empêchent de travailler. Le Québec donne entre 47 et 67 % de ce dont les gens ont besoin en prestations de base : c’est insuffisant. »

Pour Robert Roussel, un bénévole qui a lui-même bénéficié des services de la guignolée pendant plusieurs années, les paniers de Moisson Montréal sont d’une grande aide lors de la période des Fêtes.

Toutefois, le fait de recevoir des boîtes « mystères » peut parfois s’avérer problématique, notamment pour les gens qui ont des intolérances ou des allergies alimentaires.

« C’est sûr qu’on aimerait pouvoir choisir ce qu’on va recevoir. Par exemple, il y a souvent des légumineuses, et c’est un aliment que je mange très peu, mais on peut toujours faire des échanges avec nos voisins au besoin », a-t-il précisé.

La conservation des aliments est également un enjeu de taille quand vient le temps de distribuer les denrées. Les fruits et légumes, notamment, ont tendance à « dépérir rapidement », a raconté M. Roussel, ajoutant que c’était tout de même « mieux que rien ».

Explosion des dons en ligne

La pandémie a également forcé l’adaptation du système de collecte de la guignolée, qui s’est transformé au cours des deux dernières années. Les dons en ligne, qui représentaient environ 125 000 $ avant la pandémie, ont explosé pour atteindre une somme de 1,2 million en 2020.

« En 2020, les bénévoles n’avaient pas pu aller récolter de l’argent dans les rues, a expliqué en entrevue Isabelle Fafard, responsable de la logistique et des dons pour La guignolée des médias. C’était la première fois que ça arrivait. Heureusement, nos partenaires avaient beaucoup compensé ce manque, et on avait tout de même eu une collecte réussie ».

Un montant record de 4 millions avait d’ailleurs été amassé en 2020, et 3,8 millions l’année suivante malgré les obstacles causés par les mesures sanitaires.

« On ne se fixe pas d’objectifs pour cette année, a précisé Mme Fafard. C’est sûr que la collecte dans les rues sera encore affectée : beaucoup de gens sont restés en télétravail, et donc on a dû modifier nos points de collecte pour qu’ils soient plus près des gens. »

L’organisme teste également un nouveau procédé pour récolter les dons, soit les machines sans contact, qui permettent de donner un montant de 5 $ par Interac ou carte de crédit.

La collecte de rue se tiendra le 1er décembre à travers quelque 350 points de collecte partout dans la province.

Du côté des denrées, la période de dons s’étendra cette année jusqu’au 31 décembre dans les 210 épiceries de Provigo et de Maxi du Québec. Selon Chantal Vézina, c’est près de 17 millions de kilos de denrées qui ont été offertes à des personnes dans le besoin lors de la dernière guignolée, en 2021.

Lors de la conférence de presse, les responsables de l’évènement ont également présenté les cinq porte-paroles de la campagne 2022, soit l’animatrice Marie-Claude Barrette, le chef d’antenne Michel Bherer, l’entrepreneure Lindsay Brun, la comédienne Marina Orsini et l’animatrice Valérie Roberts.

Depuis sa création en 2001, La guignolée des médias a récolté plus de 53 millions en dons et a distribué plusieurs milliers de kilos de denrées à une centaine d’organismes à travers le Québec.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.