(Montréal) Des chercheurs de l’Université de Concordia affirment avoir identifié un moyen « presque toujours efficace » de freiner l’étalement urbain, en particulier dans les grandes villes.

Selon leur étude, l’utilisation de « ceintures vertes » en périphérie des centres urbains pourrait venir limiter ce phénomène nuisible à l’environnement. Ces ceintures sont des espaces protégés, comme des forêts ou des terres agricoles, qui entourent une ville ou une région et dans lesquels le développement immobilier est fortement limité, voire proscrit.

Selon Parnian Pourtaherian, principale autrice du rapport publié dans la revue Landscape and Urban Planning, ces espaces empêcheraient l’expansion souvent désordonnée des banlieues et des secteurs économiques.

À l’aide de données à source libre, les chercheurs ont suivi l’évolution de l’étalement urbain de 60 villes européennes entre 2006 à 2015, la moitié ayant une ceinture verte. Celles-ci étaient classées en quatre catégories, soit les très grandes villes (2,5 millions d’habitants ou plus), les grandes villes (plus d’un million d’habitants), les villes moyennes-grandes (de 500 000 à un million d’habitants) et les villes moyennes (de 96 000 à 500 000 habitants).

Selon l’étude, 90 % des villes munies d’une ceinture verte avaient connu une diminution de l’étalement urbain au cours de la période donnée. À l’inverse, seuls 36 % des autres villes ont connu une diminution de la sorte.

« Nous avons constaté une grande variabilité dans l’efficacité de la ceinture verte dans les petites, moyennes et grandes villes, mais la différence dans les changements relatifs de l’étalement urbain était plus marquée dans les grandes villes », précise la chercheuse.

Parnian Pourtaherian, qui détient une maîtrise en science au département de géographie, urbanisme et environnement à l’Université de Concordia, soutient que cette méthode pourrait également être utilisée partout au Canada.

« Ottawa et Toronto possèdent toutes deux une ceinture verte, et Vancouver a une “zone verte”, qui agit comme telle. En revanche, Montréal n’a toujours pas de véritable ceinture verte, mais elle en aurait urgemment besoin », affirme-t-elle.

Efficientes… si bien réglementées

« Certains promoteurs et politiciens abusent de l’argument de la crise du logement pour étendre de grandes zones de développement et permettre une croissance urbaine supplémentaire à faible densité, voire supprimer les lois de protection existantes. Ils appliquent aussi une “tactique du salami” pour rogner la ceinture verte en faisant valoir que chaque petit morceau perdu n’est qu’une perte “insignifiante” – jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien », déplore le cosignataire de l’étude.

Ces ceintures vertes sont un obstacle de taille à l’étalement urbain, qui consiste en une progression des surfaces urbaines sur un territoire donné. Ce phénomène se caractérise par une densification faible et une superficie étendue, souvent uniquement accessible par voie routière.

Cet étalement vers la banlieue peut sembler aller de pair avec l’accroissement de la population, mais son expansion éloigne les habitants des services offerts dans les grands centres, en plus de menacer la faune et la flore en périphérie des villes.

« Il est crucial de limiter l’étalement urbain, car il entraîne la perte d’espaces verts et d’habitats fauniques, ainsi qu’une résilience réduite des écosystèmes en raison de la fragmentation des habitats, du déclin des populations de la faune et de l’extinction d’espèces locales », précise le Dr Jaeger.

Ces effets ne seront qu’exacerbés par la crise climatique, ajoute le chercheur, entraînant des dépenses plus élevées pour les infrastructures de transport, l’électricité, l’approvisionnement en eau et la collecte des eaux usées. L’étalement urbain est également associé à une consommation accrue de combustibles fossiles pour le transport ainsi qu’à la perte de terres agricoles fertiles.

« Le fait d’éviter l’expansion des zones urbaines à faible densité dans des espaces naturels permet de maintenir les avantages de ces espaces – notamment une meilleure qualité de l’air et de l’eau –, que la génération actuelle pourra ensuite transmettre aux générations futures », conclut-il.