Le vapotage a connu une augmentation fulgurante dans les dernières années, si bien qu’au début de la pandémie, environ 18 % des adolescents de 15 à 17 ans vapotaient, révèle une nouvelle enquête de l’Institut national de santé publique du Québec parue lundi.

Engouement chez les jeunes

Environ 4 % des Québécois de 15 ans et plus vapotent, rapporte cette importante étude réalisée en 2020 et dont les données ont été rendues publiques lundi. Les adolescents se trouvent en haut de la liste avec 18 % qui consomment des produits de vapotage, suivis par les jeunes adultes, avec 15 %. Cette proportion tombe à seulement 2 % chez les 25 ans et plus. Parmi les consommateurs, près de la moitié (48 %) vapotent quotidiennement. Son usage quotidien est particulièrement répandu chez les 25 ans et plus (59 %). Les hommes sont également plus nombreux que les femmes à vapoter tous les jours, avec 53 % contre 42 %.

Les étudiants, une clientèle cible

Les produits du vapotage semblent attirer particulièrement les étudiants, avec 13 % d’utilisateurs. C’est beaucoup plus élevé que les travailleurs (4 %), les personnes sans emploi (4 %) et les retraités (1 %).

Une motivation différente selon l’âge

« La grande majorité des adultes qui vont utiliser la cigarette électronique, c’est dans une perspective de renoncer ou réduire leur consommation de tabac », indique Benoit Lasnier, conseiller scientifique dans l’équipe tabagisme à l’INSPQ et auteur principal de l’étude. Le portrait est complètement différent chez les adolescents. « La majorité des jeunes qui utilisent la cigarette électronique n’ont jamais fumé la cigarette », dit-il.

Fortes concentrations

Près de la moitié (43 %) des vapoteurs utilisent des liquides à forte teneur en nicotine, soit des concentrations excédant 20 mg/ml. Chez les adolescents, c’est 82 % qui excèdent cette concentration. « C’était très préoccupant, soutient Benoit Lasnier. Un produit plus fort en nicotine est plus à même de créer une dépendance et de la créer plus rapidement », dit-il. Par ailleurs, près d’un vapoteur sur cinq a indiqué ne pas connaître la teneur en nicotine des produits qu’il consomme. En juin 2021, le gouvernement canadien a toutefois interdit la vente de capsules de plus de 20 mg/ml, ce qui pourrait avoir contribué à modifier le portrait de la situation du vapotage au Québec. « On présume que cette réglementation va avoir contrecarré les résultats alarmants que l’on voyait », estime M. Lasnier.

Des préférences variables

Le type d’appareil de vapotage le plus couramment utilisé par les vapoteurs est celui comprenant un réservoir à remplir de liquide (56 %), suivi de l’appareil avec cartouches jetables préremplies (40 %) et de l’appareil jetable (4 %). « C’était intéressant de constater que les jeunes utilisent beaucoup les appareils avec cartouche jetable préremplie », observe l’auteur. C’est le cas notamment des produits populaires de marque JUUL ou STLTH, qui sont « très simples d’utilisation », indique-t-il. Les adultes plus âgés utilisent plutôt les appareils avec un réservoir à remplir de liquide, que l’on peut se procurer dans les boutiques spécialisées. « Ça demande un petit peu plus d’entretien et ils sont moins faciles à dissimuler », indique M. Lasnier, qui précise toutefois que les différents produits de vapotage « sont aussi nocifs les uns que les autres ».

Dépendance

Près des deux tiers des vapoteurs (66 %) se perçoivent comme peu ou pas du tout dépendants aux produits de vapotage. Cette proportion augmente à 75 % pour les consommateurs de 15 à 24 ans. « Même si potentiellement la cigarette électronique pourrait être moins nocive que le tabac, ce n’est pas un produit sans danger et c’est certain que ça va créer une dépendance à la nicotine chez les gens qui en font un usage soutenu », précise M. Lasnier. Des études effectuées au Canada et aux États-Unis ont également démontré que l’usage des produits de vapotage peut favoriser l’initiation au tabagisme, indique-t-il.

Renoncer au vapotage

Environ 40 % des vapoteurs ont affirmé avoir l’intention de renoncer aux produits de vapotage et cette proportion augmente à 47 % chez les 15 à 24 ans. Parmi ceux-ci, 17 % envisagent les aides pharmacologiques pour y arriver, tandis que 10 % considèrent un service spécialisé en abandon du tabac.