La mère d’un jeune homme atteint d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA) déplore que le manque de ressources l’oblige à héberger son fils dans des conditions « déplorables », en le déménageant d’un CHSLD à une unité de débordement à Joliette.

« Quand je suis rentrée là, j’avais froid dans le dos. C’était humide, c’était sale, les chambres étaient toutes petites, avec à peine des meubles. Même les gestionnaires sur place étaient d’accord avec moi que c’est vraiment dégueulasse », lance la résidante de Joliette Mylène Le Breux.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le CHSLD Parphilia-Ferland est dans le même lieu que le centre hospitalier de Lanaudière.

Dans les dernières semaines, le CISSS de Lanaudière l’a informée que son fils Samuel Lamarche, dans la trentaine, devra quitter le CHSLD Parphilia-Ferland, où il résidait et était pris en charge depuis déjà trois ans. Précédemment, il avait été transféré d’une ressource de type familial.

Or, depuis mardi, Samuel se retrouve maintenant dans ce qu’on appelle une « unité de débordement ». Celle-ci coûte 1100 $ mensuellement, selon la mère de famille, contre environ 450 $ pour une place au CHSLD.

De trop nombreux déménagements

« Mon fils se retrouve aujourd’hui dans un ancien couvent, avec au premier étage des enfants de la DPJ, et au deuxième étage des adultes avec un trouble du spectre de l’autisme. Le manque de ressources est tellement flagrant qu’ils n’ont pas le choix de le mettre là », dénonce Mme Le Breux, non sans émotion.

À ses yeux, ces nombreux changements d’adresse risquent de nuire à son fils, à court et à moyen terme. « Je le dis souvent, mais les gens aux prises avec le TSA, il ne faut pas tout le temps les déménager partout. Ce n’est pas bon pour eux, pour leur développement. Et tout ça m’inquiète. »

Le comble, dit la mère de famille, est qu’une installation « faite pour Samuel » attend encore d’être finalisée.

Là, ce qu’on me dit, c’est que son unité de débordement, ça sera temporaire. Mais on m’avait dit ça avec le CHSLD aussi. Et ça a finalement duré trois ans.

Mylène Le Breux, mère de Samuel Lamarche

« On entend tout le temps le gouvernement dire qu’il va développer des nouvelles ressources pour la santé mentale, pour ci ou pour ça. Mais la réalité est tout autre. On n’offre pas assez de services aux clientèles hyper vulnérables. Ce n’est pas parce qu’ils sont handicapés qu’il faut les mettre dans un trou. Je trouve ça si triste », se désole-t-elle.

L’unité dite « de débordement »
  • Lit de l’unité de débordement

    PHOTO FOURNIE PAR MYLÈNE LE BREUX

    Lit de l’unité de débordement

  • Corridor de l’unité de débordement

    PHOTO FOURNIE PAR MYLÈNE LE BREUX

    Corridor de l’unité de débordement

  • Samuel Lamarche

    PHOTO FOURNIE PAR MYLÈNE LE BREUX

    Samuel Lamarche

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Des photos transmises à La Presse montrent en effet que les chambres offertes aux usagers sont pour le moins rudimentaires. La taille des lits, par exemple, « laisse à désirer », selon Mylène Le Breux, qui dénonce aussi que les corridors en béton donnent une impression de centre de détention.

Besoins en « croissance importante »

Au CISSS de Lanaudière, la porte-parole Pascale Lamy avoue d’emblée que « le besoin en hébergement dans la région de Lanaudière pour la clientèle DITSADP [déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme ou déficience physique] a connu une croissance importante au cours des deux dernières années ».

Trois lits étaient occupés par cette clientèle dans le CHSLD Parphilia-Ferland, selon le CISSS. « Après le départ de deux usagers au cours des dernières semaines et par souci d’assurer un encadrement sécuritaire des usagers hébergés, il a été décidé de déplacer [Samuel Lamarche] dans un milieu mieux adapté à ses conditions et correspondant à ses besoins », soutient Mme Lamy.

La transition de la clientèle vers un autre milieu n’est pas en lien avec la fin d’un bail, ni en lien avec un enjeu de ressources.

Pascale Lamy, porte-parole du CISSS de Lanaudière

Son groupe conclut en affirmant qu’il ne commente jamais la situation « d’un usager en particulier », tenant toutefois à confirmer qu’il est « en lien étroit avec la mère et [assure] le suivi pour cet usager ».

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) définit le TSA comme « un trouble neurodéveloppemental qui affecte de façon significative les interactions sociales, la communication et le comportement de la personne ». « Ce trouble se manifeste aussi par l’apparition de comportements atypiques et par le développement d’intérêts restreints. Les personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme forment un groupe très hétérogène : selon les types d’incapacités qui se manifestent chez les personnes, les besoins de soutien seront différents », affirme-t-on.