La coroner en chef du Québec, Pascale Descary, a ordonné une enquête publique sur la mort d’Amélie Champagne, qui souffrait de persistants symptômes de la maladie de Lyme. La jeune femme de 22 ans s’est suicidée le 11 septembre après avoir été échappée par le système de santé, selon son père.

Aux prises avec des symptômes de la maladie de Lyme, Amélie Champagne avait reçu un diagnostic positif de la maladie aux États-Unis en juin, après plusieurs années de consultations médicales.

Son père, Alain Champagne, a expliqué à La Presse qu’Amélie avait été admise au CHU de Sherbrooke après une tentative de suicide. Toutefois, comme l’adresse de la patiente provenait de Montréal, l’hôpital ne pouvait pas faire le suivi auprès de la jeune fille. Amélie Champagne devait consulter un médecin du CHUM quelques jours après son admission à Sherbrooke, mais elle s’est suicidée la veille de son rendez-vous. Plus tôt dans la semaine, elle avait consulté un psychiatre à l’hôpital Douglas après avoir confié à son frère vouloir mettre fin à ses jours, épuisée d’endurer de la douleur. On lui avait seulement prescrit des pilules pour dormir, a raconté le père.

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Alain Champagne avait annoncé la mort de sa fille sur les réseaux sociaux plus tôt la semaine dernière. « Au fil du temps, la maladie de Lyme l’a essentiellement détournée… Elle a été si courageuse tout au long de cette épreuve… elle a décidé de se libérer de la douleur insupportable », pouvait-on lire.

L’enquête publique vise notamment à éclaircir les circonstances de la mort de la jeune femme. « Les audiences permettront à toute personne d’intérêt de s’exprimer concernant les circonstances de ce décès afin d’en analyser tous les facteurs contributifs, et ce, en vue de proposer des pistes de solutions pour une meilleure protection de la vie humaine », souligne le Bureau du coroner dans un communiqué.

Enquête indépendante

Outre l’enquête menée par le Bureau du coroner, le cabinet du ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, a confirmé à La Presse la tenue d’une enquête indépendante sur la mort d’Amélie Champagne, afin de comprendre si le système a négligé les conditions de santé de la jeune femme.

Mardi, les chefs des partis politiques se sont prononcés sur la mort d’Amélie Champagne. Ils en ont également profité pour mettre de l’avant leurs propositions en santé mentale. Seul Paul St-Pierre Plamondon n’a pas voulu commenter la disparition de la jeune fille.

« Ça montre l’énorme chantier de société qu’on a à faire sur la question de la santé mentale. Moi, je n’accepte pas que dans une société aussi riche que le Québec, parce qu’il y en a de l’argent au Québec, qu’on échappe des vies comme ça », a affirmé Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire.

François Legault a quant à lui offert ses condoléances à la famille Champagne et confirmé la tenue d’une enquête indépendante. « Maintenant, il faut plus de psychologues. Il faut les former. C’est un bac [un doctorat est désormais nécessaire pour obtenir un permis de psychologue au Québec, NDLR]. Donc ça prend un certain nombre d’années. C’est clair qu’il faut ajouter du personnel qui s’occupe des problèmes de santé mentale », a-t-il dit.

« Les gens qui attendent et qui ont des délais qui ne sont pas raisonnables pourraient aller au privé et le gouvernement paierait pour les soins qui seraient donnés par le privé », a répondu le chef conservateur, Éric Duhaime, lorsque La Presse lui a demandé si sa promesse d’additionner la contribution du privé au système de santé permettrait une prise en charge plus rapide en psychiatrie.

Dominique Anglade a décrit l’évènement comme « déchirant ». « La santé mentale devrait être une priorité nationale, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Ce n’est pas vrai qu’on traite la santé mentale sur le même plan que la santé physique, et c’est pour ça qu’il faut avoir des soins universels pour tous. Il va falloir qu’on organise mieux le système et qu’on donne davantage en prévention », a-t-elle ajouté.

Besoin d’aide ?

Si vous avez besoin de soutien, si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

Consultez le site de l’Association québécoise de prévention du suicide

Avec Mylène Crête, Hugo Pilon-Larose, Fanny Lévesque, Charles Lecavalier et Tommy Chouinard, La Presse.