La vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a voulu rassurer les sinistrés des Îles-de-la-Madeleine ce dimanche au moment de sa visite dans l’archipel.

« Je m’attends à ce que le programme d’indemnisation régulier réponde aux besoins, mais on n’est fermé à rien », a-t-elle expliqué.

Mme Guilbault a visité le secteur touristique de La Grave à Havre-Aubert durement touché par le passage de la tempête post-tropicale Fiona alors que les propriétaires des commerces inondés évaluaient les dégâts.

« Vous allez devoir tout refaire ? », a demandé la vice-première ministre au propriétaire de la bijouterie Belle et Nathan, Luc Chevrier. « Pas le choix. Mes armoires et mes vitrines sont finies. Juste de vitrines, j’en ai pour plus que 50 000 $ », lui a répondu l’homme visiblement découragé par l’ampleur des dommages causés par l’eau.

M. Chevrier avait placardé sa boutique la veille de la tempête craignant que des roches provenant de la nouvelle recharge de plage – un projet de 7,4 millions financé par Québec pour limiter l’érosion – brisent ses vitres. La Presse l’avait rencontré quelques heures avant la tempête.

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Geneviève Guilbault discute avec Luc Chevrier, propriétaire de la bijouterie Belle et Nathan.

C’est plutôt la mer qui a fait des ravages.

L’homme d’affaires a précisé à la politicienne qu’il n’était « pas assurable » puisqu’il est situé en zone inondable. Mme Guilbault l’a encouragé à soumettre une demande d’indemnisation à son ministère dès que possible. « Ça peut aller très vite », a-t-elle assuré.

Acompagnée d’une équipe du ministère de la Sécurité publique, du maire suppléant et d’un ingénieur, la vice-première ministre a conclu que l’ouvrage de 7,4 millions de dollars avait « fait le travail ». « C’est un succès », a-t-elle lancé en précisant que son gouvernement avait investi 16 millions en travaux d’adaptation climatique depuis quatre ans.

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Geneviève Guilbault et l’ingénieur Jean Hubert

« La pente de la plage a été adoucie par la tempête. C’est exactement ce qu’on avait prévu que ça fasse. On épouse la nature plutôt que de se battre contre elle », a expliqué Jean Hubert, le directeur de l’ingénierie et des bâtiments de la municipalité à la vice-première ministre sur les lieux.

Questionnée sur le fait que les commerces ont tout de même été inondés, Mme Guilbault a répondu que « ça aurait pu être pire » sans cette « solution moderne » pour limiter l’érosion des berges et la submersion côtière.

La vice-première ministre s’est également rendue à Cap-aux-Meules où d’autres travaux d’enrochement étaient en cours, toujours pour lutter contre l’érosion accélérée par les changements climatiques. Fiona a endommagé les lieux. Le sentier du littoral notamment sera « à refaire » l’an prochain, lui a expliqué l’ingénieur de la municipalité.

En 2020, le maire, Jonathan Lapierre (aujourd’hui candidat aux élections provinciales pour la Coalition avenir Québec), et le député péquiste, Joël Arseneau, ont demandé à Québec de prévoir une enveloppe de 80 millions consacrée à la protection des berges pour les 10 prochaines années.

« Quand on parle d’érosion des berges et de submersion côtière, ici on le voit pour vrai. Faut venir sur place pour comprendre à quel point ils le vivent ici », a souligné à La Presse la vice-première ministre en précisant qu’elle a répondu à quatre des six demandes prioritaires de la municipalité concernant cet enjeu environnemental.

Mme Guilbault a aussi souligné que Fiona n’avait fait aucun décès ni aucun blessé. « Ça aurait pu être pire […] Je suis très impressionnée par la capacité et le niveau de préparation des Îles-de-la-Madeleine », a-t-elle indiqué en remerciant les équipes « à pied-d’œuvre » depuis quelques jours sur le territoire pour « traverser la tempête ».

En début de semaine, on va ouvrir sur place un bureau d’aide aux sinistrés, pour les personnes qui auraient des dommages à leur propriété privée pour, comme on a l’habitude de le faire en cas de sinistre, les informer sur nos programmes d’aide financière, ouvrir les dossiers et faire cet accompagnement-là directement sur place.

Le vice-première ministre Geneviève Guilbault

Les résidences principales seront admissibles à une indemnité financière, de même que certaines entreprises. Cependant, les résidences secondaires comme les chalets pourraient ne pas être couvertes. « Faut vraiment voir au cas par cas », a-t-elle dit.

Les autorités ont procédé à 37 évacuations aux Îles-de-la-Madeleine. Ces sinistrés ont été redirigés vers des hôtels, mais les centres d’hébergement d’urgence demeurent ouverts.

Le premier ministre sortant François Legault se rendra aussi aux Îles-de-la-Madeleine lundi, un déplacement qui était déjà prévu dans le cadre de la campagne électorale.