(Îles-de-la-Madeleine ) « On va se relever. »

Propriétaire du Café de la Grave avec son mari et sa fille, Nathalie Bénard tente de garder le moral malgré les dégâts causés par Fiona.

Le populaire café de Havre-Aubert a été inondé comme plusieurs autres commerces de ce secteur touristique. Sa hotte de cuisine a été arrachée, donc impossible de rouvrir la cuisine. « Notre saison se termine abruptement », se désole Mme Bénard.

Ce dimanche matin aux Îles-de-la-Madeleine, les propriétaires des commerces et des résidences des secteurs les plus gravement touchés découvrent l’étendue des dégâts alors que la tempête post-tropicale est derrière eux.

Le soleil est revenu, mais les mines sont longues dans les secteurs côtiers inondés de La Grave à Havre-Aubert et de la Pointe à Havre-aux-Maisons.

« Au moins, c’est juste du matériel », ajoute sa fille Marie-Claude Vigneault, les larmes aux yeux. Ici, tout le monde se demandait si les travaux d’enrochement récemment effectués au coût de plus de sept millions de dollars pour protéger les berges allaient être efficaces.

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Marie-Claude Vigneault, l’une des propriétaires du populaire Café de la Grave, à Havre-Aubert.

La mer a passé par-dessus le mur de roches, mais visiblement cela a freiné la violence des vagues, constatent les propriétaires des lieux. N’empêche, le choc est brutal, confie Mme Vigneault. « En 2019, on a fini la saison touristique avec la tempête Dorian, après ça, ça a été la pandémie, ça fait beaucoup à encaisser en peu de temps », résume-t-elle.

Leur voisine propriétaire d’une chocolaterie a aussi eu une très mauvaise surprise : sa terrasse a été emportée par l’eau. « On s’en serait bien passé », lâche Linda Lebel qui a acheté son commerce en pleine pandémie et qui n’est pas assurée en cas de catastrophes naturelles.

« Au moins, la boutique est encore debout », souligne la commerçante résiliente. Mme Lebel faisait des cafés pour tous ses voisins au passage de La Presse ce dimanche matin. Son téléphone ne dérougit pas. Ses amis prennent des nouvelles et lui offrent de passer pour l’aider à nettoyer les dégâts. « C’est ça les Îles, tout le monde s’entraide », lance la sympathique chocolatière.

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Linda Lebel, propriétaire d’une chocolaterie dont la terrasse a été emportée par l’eau. « Au moins, la boutique est encore debout », souligne-t-elle.

À l’extrémité de la route 199 à Havre-Aubert, de nombreux objets hétéroclites jonchaient la chaussée. Une vieille motoneige ici. Une voiture avec le coffre arrière ouvert là. Une maison a été complètement détruite par la mer. Au quai, un voilier a été renversé.

Les dégâts sont partout.

« On a été chanceux. Ça aurait pu être plus grave », lâche Yvon Cormier, un retraité venu voir si son bateau avait été épargné. « À la marina samedi, la mer était six pieds plus haute que d’habitude, raconte-t-il. Ça a fait tout un mess. »

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« À la marina samedi, la mer était six pieds plus haute que d’habitude », raconte un résidant de Havre-Aubert.

Comme la plupart des Madelinots rencontrés ce dimanche matin, M. Cormier était soulagé de constater que les dommages se résumaient à des pertes matérielles. Mais en même temps, inquiets pour l’avenir de son archipel : « les tempêtes sont de pire en pire. Un moment donné, il y a en une qui va être trop grosse pour qu’on résiste ». Cette fois-ci, son bateau a été épargné.

Un couple de Havre-Aubert a connu un réveil brutal dans la nuit de vendredi à samedi. Le toit de leur maison mobile s’est envolé pour atterrir sur le terrain du voisin d’en face, situé de l’autre côté de la 199. « Ça a fait un blow (explosion) », décrit Denis Cormier, encore sous le choc. Le poteau électrique situé devant chez lui a cassé. L’eau s’est infiltrée dans leur résidence.

Ce dimanche matin, au passage de La Presse, sa conjointe Diane Couillard était en train de grimper dans une échelle pour constater l’étendue des ravages. « Dame Nature, tu ne contrôles pas ça », conclut-elle, l’air résigné.

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Denis Cormier et Diane Couillard

L’état d’urgence est maintenu pour toute la journée. La municipalité doit dévoiler un premier bilan des dommages plus tard aujourd’hui. Elle demande à la population pour une seconde journée de suite de limiter ses déplacements.

Les équipes municipales ont commencé à nettoyer les routes, mais « le retour à la normale risque de prendre plusieurs jours », avertit sa porte-parole, Marie-Christine Leblanc. Hydro-Québec est à pied d’œuvre pour rétablir le courant dans les secteurs encore privés d’électricité.

En raison des pannes de courant, les puits municipaux d’eau potable ne fonctionnent toujours pas à pleine capacité. Les Madelinots doivent limiter leur consommation d’eau le plus possible.