Des milliers de manifestants se sont retrouvés place Norman-Bethune samedi soir au centre-ville de Montréal pour marquer leur soutien au mouvement de protestation en Iran, où au moins 35 personnes ont été tuées et des centaines d’autres arrêtées depuis le 16 septembre.

Le mouvement a été déclenché par la mort d’une jeune femme arrêtée par la police pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire de la République islamique.

Les autorités iraniennes nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini, 22 ans, et ont réagi en réprimant violemment les manifestations et en imposant de sévères restrictions sur l’accès à l’internet.

Samedi, l’agence de presse Borna News rapportait qu’au moins 35 personnes avaient été tuées lors des manifestations à travers l’Iran, mais le bilan risque d’être plus lourd. L’ONG Iran Human Rights (IHR), établie à Oslo, faisait état vendredi d’au moins 50 morts dans la répression.

À Montréal, une foule nombreuse a répondu à l’appel de l’Association des femmes iraniennes locale à « soutenir le soulèvement qui a lieu au nom du droit des femmes et des droits humains en Iran ». Des milliers de personnes se sont rassemblées au coin de la rue Guy et du boulevard De Maisonneuve Ouest, scandant des slogans tels que « Femme ! Vie ! Liberté ! » en français, en anglais et en persan.

PHOTO DENIS GERMAIN, COLLABORATION SPÉCIALE

Une foule nombreuse a répondu à l’appel de l’Association des femmes iraniennes locale à « soutenir le soulèvement qui a lieu au nom du droit des femmes et des droits humains en Iran ».

« Je n’ai pas pu parler à mes parents depuis 48 heures », s’inquiète Fateneh, une Canado-Iranienne de 26 ans rencontrée sur place. « Ils ont coupé l’internet, ils tuent des gens dans la rue », dénonce-t-elle, craignant que le bilan ne continue de s’alourdir. Elle est venue avec une amie qui brandit une pancarte sur laquelle on peut lire : « Mon corps, ma voix » en anglais et « J’ai quitté l’Iran, mais l’Iran ne m’a pas quittée », en persan, en plus du nom de Mahsa Amini.

Shabnam est venue avec sa fille et sa belle-mère, qui ne parle ni français ni anglais. « Ma belle-mère, elle est croyante, elle porte un hijab, mais elle croit aussi en la liberté, qu’on ait le choix. […] C’est pour ça qu’elle est avec moi », explique-t-elle. Ses propres parents sont toujours en Iran, où toute la famille manifeste, dit-elle. « Je suis à la fois fière et un peu nerveuse, parce que je sais que c’est dangereux là-bas, c’est très dangereux. »

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Shirin Afshariolk, une manifestante

« C’est un régime dictatorial, ils tuent des innocents », dénonce Reza, qui manifeste « en tant que Canado-Iranien, pour être la voix du peuple iranien ».

Amnistie internationale accuse les forces de sécurité de tirer « délibérément […] à balles réelles sur des manifestants » et appelle à une « action internationale urgente pour mettre fin à la répression ».

Amnistie internationale s’inquiète en outre de la « panne de l’internet délibérément imposée » en Iran, où les connexions sont toujours très perturbées, avec le blocage de WhatsApp et d’Instagram.

Rectificatif
Des versions précédentes de ce texte indiquaient que des slogans étaient écrits et scandés en « arabe », puis en « perse ». Il s’agit en fait du « persan ». Nos excuses.

Avec l’Agence France-Presse