(Ottawa) Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a déclaré que le Canada était un partenaire naturel pour stimuler la production de véhicules électriques alors que les deux pays tentent de contenir le risque d’une Chine plus agressive.

Lors de sa visite d’une journée à Ottawa vendredi, le président a fait l’éloge des ressources naturelles et des recherches du Canada dans le domaine de l’intelligence artificielle, affirmant qu’elles pourraient venir compléter les travaux de son pays dans le domaine de la technologie numérique et des semi-conducteurs.

« Si nous coopérons dans ce domaine, la technologie numérique et de données (coréenne) et la technologie d’IA du Canada peuvent fonctionner ensemble, je pense, et en synergie », a déclaré M. Yoon en coréen lors d’une conférence de presse sur la colline du Parlement.

M. Yoon a déjà rencontré ce mois-ci le premier ministre Justin Trudeau lors des funérailles de la reine à Londres et à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. De là, il a pris de courts vols pour ses visites d’une journée à Toronto et Ottawa.

Mais des analystes ont déclaré que la visite de M. Yoon était plus qu’une simple question de commodité, soulignant qu’il s’agissait de sa première visite bilatérale officielle depuis son entrée en fonction en mars.

Robert Huish, professeur de développement international à l’Université Dalhousie, a déclaré que les Canadiens ne réalisent souvent pas à quel point leurs liens culturels et économiques sont profonds avec la Corée du Sud depuis des décennies.

« Le Canada oublie parfois qu’il est un pays du Pacifique, et qu’il est très engagé dans le marché sud-coréen », a soutenu M. Huish, qui étudie la sécurité dans la péninsule coréenne.

« Pour l’avenir, il y a un besoin de rendre cela plus fort. »

M. Huish a indiqué que des avions chargés de fruits de mer de la Nouvelle-Écosse arrivaient en Corée du Sud plusieurs fois par semaine avant la pandémie de la COVID-19 et qu’un réseau de groupes d’amitié Canada-Corée a favorisé des liens industriels solides.

« Le Canada se découvre comme un marché très stratégique pour la Corée du Sud, qu’il s’agisse de l’exportation de produits de la mer ou, maintenant, des composants de véhicules électriques. »

Les deux pourraient être à l’ordre du jour le mois prochain lorsque la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et le ministre de l’Industrie François-Philippe Champagne feront partie d’une délégation qui se déroulera à Séoul.

M. Yoon a également remercié le Canada pour son soutien dans la maîtrise de la menace posée par la Corée du Nord.

Le Canada a récemment déployé une frégate dans le cadre d’une opération de surveillance multinationale permanente visant à déterminer si le régime communiste tente d’échapper aux sanctions. Cela comprend la surveillance des navires qui transfèrent du carburant ou des marchandises.

La réunion de vendredi survient après des mois d’anticipation de la stratégie indo-pacifique du Canada, un document qui, selon les groupes de l’industrie, clarifiera les pays dont Ottawa veut se rapprocher et ceux qui devraient être moins prioritaires en raison de barrières commerciales ou de préoccupations en matière de droits de la personne.

Des pays comme la Grande-Bretagne et la France ont déjà publié de tels documents, et les libéraux ont promis il y a quelques mois que le Canada présenterait sa stratégie indo-pacifique. Vendredi, M. Trudeau a souligné à deux reprises que la Corée du Sud travaille également sur sa propre stratégie pour la région.

Vendredi également, Justin Trudeau a annoncé la nomination de l’ambassadeur du Canada en Chine, un poste laissé vacant depuis décembre dernier.

Il a chargé Jennifer May, une diplomate de carrière avec trois décennies d’expérience dans le service extérieur, de faire progresser à la fois les valeurs commerciales et démocratiques.

« La Chine est certainement un véritable acteur de défi dans la région, a déclaré M. Trudeau vendredi. Une approche nuancée qui veille aux intérêts des Canadiens, aux intérêts des citoyens à travers nos démocraties, est essentielle. »

« Pendant trop longtemps, la Chine et d’autres autocraties ont pu monter des voisins et des amis les uns contre les autres, en offrant des bribes d’accès à leur marché. »

À plusieurs moments de sa visite, M. Yoon a mentionné le sacrifice du Canada pendant la guerre de Corée, notamment après avoir déposé une couronne au Monument commémoratif de guerre du Canada.

Plus tôt dans la journée, lors d’une visite au bureau de Justin Trudeau dans l’édifice de l’Ouest, M. Yoon a fait l’éloge de ses politiques et de son soutien au multiculturalisme.

« Vous êtes un leader si attachant ; vous avez apporté l’unité à la société canadienne », a mentionné un traducteur de M. Yoon en anglais.