La Ville de Laval est à son tour visée par une attaque informatique et a dû interrompre certains de ses services en ligne aux citoyens. Selon le maire Stéphane Boyer, une quantité « limitée » d’information a été volée, mais la municipalité ignore encore à quels documents elle correspond.

Les services informatiques de la Ville se sont rendu compte que quelque chose clochait vers 16 h mercredi. Rapidement, pour se prémunir des pirates, la Ville a donc déconnecté l’accès à une partie de ses services par internet. « Nous tentons présentement de prévenir une attaque informatique », a dit le maire Stéphane Boyer, en conférence de presse jeudi. Il explique que l’attaque est passée par le courriel d’un employé, que les cybercriminels ont compromis.

Le maire assure que la Ville « n’a aucune raison de croire » que des informations personnelles des citoyens ont été « subtilisées ou dérobées ».

En entretien avec La Presse, le directeur des communications de son cabinet, Alexandre Banville, se veut rassurant. Il assure que les informations confidentielles de la population ne sont pas compromises. « On tient à rassurer les citoyens : leurs données ne sont pas en danger. Ce n’est pas quelqu’un comme chez une certaine institution financière qui a extrait une banque de données », dit-il.

« Ça pourrait être beaucoup de texte »

« Ce qui a été extrait n’est pas quelque chose de très lourd, mais on ne sait pas encore ce que c’est. Si ce sont des photos, peu ont probablement été dérobées. Mais si c’est du texte, ça pourrait être beaucoup de texte », illustre encore Alexandre Banville.

Au total, la Ville estime que 600 méga-octets, soit 600 millions d’octets, pourraient avoir été dérobés par les cybercriminels.

C’est l’équivalent de dizaines de photos, ou de dizaines de milliers de pages de texte sans images.

Pour la suite, des experts informatiques du géant Microsoft appuieront la Ville dans ses démarches, afin d’aller en profondeur dans ses réseaux et s’assurer qu’aucun autre élément n’a été compromis. En fin de journée, jeudi, les services de la Ville étaient progressivement réactivités au fil des vérifications. Un gros irritant demeurait toutefois : toute forme de paiement aux autorités municipales était impossible.

Les citoyens ne pouvaient pas non plus consulter le rôle d’évaluation municipal.

Sur Twitter, la municipalité a demandé la « collaboration » des citoyens « afin d’éviter l’utilisation des services en ligne pour communiquer avec la Ville », et ce jusqu’au dimanche 18 septembre. Les autorités suggèrent plutôt d’utiliser plutôt « les services en personne ou téléphoniques » au cours de la fin de semaine, en se rendant aux comptoirs de services ou en appelant directement le 311.

« Transparence »

« C’est important pour nous d’agir en toute transparence, et avec rapidité, dans le contexte », a soulevé Alexandre Banville.

Les experts qu’a consultés La Presse saluent d’ailleurs la décision du maire de communiquer rapidement au sujet de l’attaque. « Je pense qu’ils ont adopté la bonne stratégie : indiquer la situation exacte à la population », dit Karim Ganame, expert en détection des cybermenaces chez Streamscan. La Ville devra ensuite tenir la population régulièrement au courant, pense-t-il.

« C’est la bonne façon de faire, dit Brett Callow, analyste à la firme d’antivirus Emsisoft. C’est une organisation publique, et le public doit être informé de la situation. »

Ils s’accordent pour dire que l’évènement semble relativement mineur, selon les détails qu’a communiqués Laval. « Ça semble être une seule boîte de courriel qui a été compromise, dit Alexis Dorais-Joncas, à la firme de cybersécurité Proofpoint. Il y a peut-être des choses confidentielles là-dedans, mais les pirates ne semblent pas avoir eu accès aux courriels au complet. »

Attaques en série

Ces derniers mois, les attaques informatiques se sont multipliées au Québec.

À Laval également, un groupe de pirates a attaqué le Collège Montmorency et publié des dizaines de milliers de fichiers sur le web caché (dark web), révélait La Presse le 8 septembre. Ils contiennent notamment des informations sur des enquêtes internes au sujet d’employés, ainsi que des informations médicales et psychiatriques. La fuite inclut aussi des renseignements identificateurs sur des centaines de personnes, comme leur numéro d’assurance sociale, leur date de naissance et leurs coordonnées complètes.

Lisez « Cyberattaque au Collège Montmorency : une foule de données sensibles sur le dark web »

En août, une grave cyberattaque a aussi frappé le fabricant de véhicules récréatifs BRP, de Valcourt. Les pirates ont ensuite coulé sur le web caché des milliers de documents volés au producteur des Ski-Doo, dont des centaines tiennent du secret industriel.

Lisez « Cyberattaque chez BRP : les plans de la décennie dévoilés par les pirates »
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  • 57 milliards de dollars
    Pertes estimées dues à la compromission de courriels professionnels dans le monde, de 2016 à 2021
    internet Crime Complaint Center du fbi