Elisapie Pootoogook, cette femme de 61 ans originaire de Salluit, dans le Nord-du-Québec, qui a été retrouvée sans vie le 13 novembre 2021 sur un chantier de construction près du square Cabot, au centre-ville de Montréal, a vraisemblablement succombé à une crise cardiaque. Il s’agit d’une mort naturelle, conclut le rapport du coroner sur ce décès, qui a été publié à la mi-juin.

Le coroner, le DLouis Normandin, explique que Mme Pootoogook avait été transférée par avion à Montréal le 3 novembre en raison de symptômes pouvant s’apparenter à un infarctus du myocarde. Elle a subi des examens pendant trois jours dans un hôpital montréalais.

« Elle reçoit son congé le 6 novembre 2021 avec des médicaments et un rendez-vous prévu le 9 novembre pour préciser la cause d’une anémie par déficit en fer », peut-on lire dans le rapport du coroner. « Elle est admise au centre d’accueil Ullivik à Montréal le 6 novembre, avant son retour prévu au Nunavik après l’examen du 9. Aussitôt arrivée, Mme Pootoogook quitte le centre, y laisse effets personnels et médicaments et n’y revient pas. »

Elle ne se présentera pas à son examen médical du 9 novembre.

« Le 10 novembre, vers 10 h 30, elle est vue au parc Cabot, à la sortie du métro Atwater, et à 17 h 30, elle est expulsée de ce métro car elle y dort, relate encore le rapport. Elle retourne à la rue. Le 12 novembre, elle est vue vivante par un patrouilleur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans le secteur. »

Le lendemain matin, c’est un homme habitant au septième étage d’un immeuble voisin qui appelle les secours parce qu’il aperçoit le corps inanimé d’Elisapie Pootoogook sur le gravier d’un chantier de construction. C’est l’agent du SPVM l’ayant vue la veille qui l’identifie formellement.

Mme Pootoogook est connue pour un éthylisme chronique actif, maladie pulmonaire obstructive chronique, tabagisme, épilepsie et dénutrition prononcée.

Le coroner Louis Normandin

« Lors de nombreux séjours antérieurs à Montréal pour des rendez-vous médicaux, Mme Pootoogook ne manque jamais l’occasion de fuguer du centre d’accueil qui l’héberge et d’errer à proximité du métro Atwater sans donner de nouvelles, ou décide de fréquenter un refuge pour femmes autochtones. Elle est jugée apte à décider de ses allées et venues et, malgré tous leurs efforts, les intervenants qui la connaissent n’arrivent pas à obtenir sa collaboration », écrit le coroner.

Épilepsie

Pour expliquer le décès, le coroner exclut l’intoxication alcoolique ou l’usage accidentel de drogues de rue, à la suite des analyses toxicologiques. Il note que Mme Pootoogook avait cessé de prendre ses médicaments contre l’épilepsie depuis plusieurs jours.

Il estime donc qu’une crise d’épilepsie pourrait être la cause du décès, ou une arythmie cardiaque maligne soudaine, qui a pu survenir compte tenu du diagnostic récent d’infarctus du myocarde.

La mort d’Elisapie Pootoogook avait fait grand bruit l’automne dernier, de nombreux intervenants dénonçant le manque de services aux sans-abri autochtones, notamment des refuges où la consommation d’alcool est acceptée. Une cérémonie à sa mémoire avait été organisée au square Cabot.