Responsable d’un accident à Matane en 2019, le traversier Apollo a été mis en service alors qu’il était toujours en réparations, sans qu’on effectue une évaluation des risques. C’est ce que conclut l’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST), dont les résultats ont été dévoilés mercredi.

Le rapport indique que l’incident d’accostage du navire Apollo, survenu au printemps 2019 alors qu’il effectuait sa traversée habituelle de Godbout vers Matane avec 94 personnes à bord, découle de lacunes de sécurité et de gestion des risques.

La Société des traversiers du Québec (STQ) s’était procuré l’embarcation pour remplacer celle qui assurait la liaison entre Godbout et Matane, avant qu’elle soit retirée prématurément du réseau.

Comme l’Apollo était déjà certifié par Transports Canada, la STQ, pressée de relancer le service de traverse, avait donné le feu vert à la mise en service du navire « sans effectuer un repérage adéquat des dangers ni une évaluation des risques connexes », révèle le rapport final du BST.

L’étude remet en question l’efficacité des inspections des navires en service, note Line Laroche, gestionnaire aux opérations régionales marines du BST.

De voir un bateau certifié dans cet état, c’est très étonnant.

Line Laroche, gestionnaire aux opérations régionales marines du BST

Les inspections de Transports Canada sont d’ailleurs dans le viseur du BST depuis 2020.

Départ controversé

Après l’achat de l’Apollo, en janvier 2019, la STQ avait élaboré une longue liste de réparations à apporter sur l’embarcation, qui effectuait précédemment la liaison entre Blanc-Sablon et Terre-Neuve-et-Labrador. Transports Canada avait procédé à une inspection du navire au port de Matane, et 19 lacunes de sécurité avaient été recensées.

Une fois ces lacunes corrigées, l’Apollo avait obtenu la certification de Transports Canada et avait été autorisé à naviguer sur le Saint-Laurent.

Les réparations demandées initialement par la STQ étaient toutefois encore en cours. Pour permettre aux travaux d’avancer, on avait même réduit l’horaire du traversier.

Selon la Loi sur la marine marchande, il est de la responsabilité du propriétaire de s’assurer qu’un navire est réglementaire et en bon état, rappelle Line Laroche.

Recommandations

Le 16 mars 2019, l’Apollo a quitté Godbout, sur la Côte-Nord, en direction de Matane. Le capitaine du navire ignorait que le propulseur d’étrave et câble électrique étaient brisés. Lors des manœuvres d’accostage, les commandes ne répondaient plus. Le navire a alors percuté le quai de Matane, et la coque a été sévèrement endommagée. On n’a rapporté aucun déversement ni aucune blessure.

Après l’accident, l’Apollo a été retiré du réseau par la STQ, qui a ensuite repéré des défectuosités à bord du traversier roulier. Quatre jours plus tard, Transports Canada a suspendu les activités du navire.

Une enquête interne a été effectuée par la STQ, qui propose à l’heure actuelle des recommandations pour assurer la sécurité et la gestion des risques de ses embarcations. Le rapport final propose une « inspection préalable à l’achat axée sur l’équipement essentiel sans mettre l’accent sur l’urgence de rétablir le service ».