« 2022 est l’une des pires années » depuis le tournant des années 2000 pour les ménages locataires, s’inquiète le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Plus de 600 foyers n’ont toujours pas de toit et sont accompagnés par un service d’aide, dont tout près de 120 à Montréal et 135 à Drummondville.

« On a un 1er juillet difficile dans plusieurs régions. Et ce chiffre, c’est la pointe de l’iceberg. C’est un pâle reflet de la réalité », a déploré samedi la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, lors d’une conférence de presse à Montréal.

Au total, le FRAPRU estime qu’au moins 4000 ménages ont réclamé de l’aide des autorités municipales pour se loger, cette année. De ce nombre, au moins 621 n’ont toujours pas trouvé. À pareille date en 2021, on en comptait environ 500. Jamais depuis 2002 un chiffre aussi haut n’avait été atteint.

À Montréal, 118 ménages n’ayant toujours pas trouvé de logement sont accompagnés.

Ce chiffre est encore plus élevé à Drummondville, où on en compte 135. C’est la première fois que cette ville du Centre-du-Québec remporte le palmarès en plus de 20 ans. L’an dernier à pareille date, on n’y comptait que 75 ménages dans cette situation, signe que la crise du logement s’étend de plus en plus au-delà des grandes villes.

À Sherbrooke, 50 ménages sont toujours sans logement. On en compte 55 à Québec, 19 à Laval, 20 à Granby, 23 à Cowansville et 24 à Trois-Rivières. On dénombre aussi 10 ménages sans logement à Rimouski, 10 autres à Joliette et à Châteauguay, et une quinzaine à Saint-Hyacinthe. La ville de Saguenay compte au moins 13 ménages locataires sans bail, tandis qu’à Gatineau, ils sont au moins 40.

Une soixantaine de ménages sont actuellement hébergés par des ressources d’urgence au Québec. « Et ça pourrait continuer d’augmenter dans les prochains jours », dit Mme Laflamme. Son groupe s’inquiète de la « vitesse à laquelle les prix des loyers augmentent », mais aussi de la rareté des logements abordables.

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Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain

La crise du logement est tellement profonde qu’on voit que ça prend de plus en plus de temps avant que les gens soient relogés.

Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain

Québec appelé à l’aide

Le FRAPRU demande au gouvernement du Québec de maintenir les mesures d’aide pour le 1er juillet en place au moins « jusqu’à ce que tout le monde soit logé », et de bonifier le programme d’aide d’urgence. L’organisme réclame aussi que « tous les partis politiques » s’engagent à mettre sur pied des mesures structurantes de sortie de crise, « incluant un grand chantier de 50 000 logements sociaux sous différentes formes en cinq ans, de même qu’un renforcement de la protection légale des locataires ».

Mme Laflamme souhaite en outre voir un engagement clair de tous les partis envers un « contrôle obligatoire de tous les loyers privés, appuyé par un registre des loyers », ainsi qu’une modification du Code civil pour mieux protéger les locataires contre les évictions. À terme, son organisme espère voir se concrétiser une politique en habitation basée sur « le droit au logement ».

Appelée à réagir, la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, a reconnu samedi que « le 1er juillet a été effectivement très occupé pour nos équipes ». « Il faut continuer de mettre en place des mesures structurantes à court, moyen et long terme. Le plan d’action pour les déménagements que nous avons mis en place a été efficace. Personne n’a dormi dans la rue », a-t-elle toutefois assuré.

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Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

Le travail des offices d’habitation se poursuivra. Les équipes sont disponibles sept jours sur sept jusqu’au 18 juillet, donc si vous êtes dans le besoin, n’hésitez surtout pas à les contacter.

Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation

« Ce sont plus de 2 milliards que nous avons annoncés pour rénover et construire du logement social et abordable ainsi depuis 2018. Si les gouvernements précédents avaient autant investi que nous, nous n’en serions pas là », a insisté Mme Laforest.

Au cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, on réitère que l’on déploie « tous les efforts nécessaires afin que personne ne soit laissé derrière ». « On sait que cette année est particulièrement difficile pour plusieurs, c’est pourquoi on a redoublé d’efforts encore une fois cette année et on a anticipé les besoins en déployant des sommes records pour accompagner tout le monde, avec plus de 3,5 millions en contribution au service de référence », souligne l’attachée de presse Catherine Cadotte.

« Un bilan complet de l’opération sera fait au cours des prochaines semaines », a ajouté Mme Cadotte, en appelant à des « investissements majeurs » pour accélérer la construction de logements sociaux.