La saison estivale est synonyme d’inquiétude et de découragement pour bon nombre de voyageurs en raison du chaos dans les aéroports. Ils ne sont pas au bout de leurs peines, puisqu’ils risquent d’apprendre que leur vol à Montréal-Trudeau a été déplacé et peut-être même annulé.

Files qui paraissent interminables, vols de correspondance ratés, gestion déficiente des bagages… depuis plusieurs semaines, les imprévus qui se multiplient mettent la patience des vacanciers à rude épreuve.

  • Aux périodes de pointe (le matin et le soir), les voyageurs doivent s’armer de patience avant de pouvoir s’enregistrer à l’aéroport Montréal-Trudeau. Les files sont longues.

    PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

    Aux périodes de pointe (le matin et le soir), les voyageurs doivent s’armer de patience avant de pouvoir s’enregistrer à l’aéroport Montréal-Trudeau. Les files sont longues.

  • En arrivant trois heures avant leur vol, Olivier Turgeon, Catherine Vaillancourt et leur fils Octave se sont demandé si cela serait suffisant pour monter à bord de leur avion.

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    En arrivant trois heures avant leur vol, Olivier Turgeon, Catherine Vaillancourt et leur fils Octave se sont demandé si cela serait suffisant pour monter à bord de leur avion.

  • Mohamed Hasnaoui a passé la nuit au volant parce que son vol de Sept-Îles vers Montréal avait été annulé.

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    Mohamed Hasnaoui a passé la nuit au volant parce que son vol de Sept-Îles vers Montréal avait été annulé.

  • Des voyageurs recherchent leurs bagages perdus à l’aéroport Montréal-Trudeau.

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    Des voyageurs recherchent leurs bagages perdus à l’aéroport Montréal-Trudeau.

  • Une employée donne des consignes d’usage aux voyageurs.

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    Une employée donne des consignes d’usage aux voyageurs.

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Venu d’Allemagne avec sa famille à Montréal pour trois semaines de vacances, Andreas Sopper revient quotidiennement à Montréal-Trudeau dans l’espoir de retrouver les trois valises qui manquent toujours à l’appel.

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Andreas Sopper, touriste allemand en vacances à Montréal

« Disons que ce n’est pas ce que vous voulez faire pendant vos vacances, lance-t-il à La Presse, mercredi, après une autre vérification infructueuse. Je passe beaucoup de temps ici et au téléphone, mais on ne trouve rien. »

Ce genre de mésaventures n’est pas propre à Montréal-Trudeau. Le manque de personnel, tant dans les aéroports qu’au sein des compagnies aériennes, perturbe grandement la reprise après deux années de pandémie. Au Canada, certaines mesures, comme l’obligation d’utiliser l’application ArriveCAN, alourdit aussi les protocoles. La Presse en avait fait état il y a environ un mois.

Lisez l’article « Je n’avais jamais vu une file comme ça »

Résultat : Aéroports de Montréal (ADM) emboîte le pas à d’autres aéroports internationaux. Pour obtenir un peu de répit pendant les pointes du matin et du soir – où le volume dépasserait celui d’avant la pandémie –, l’organisme sans but lucratif opte pour le délestage. Les voyageurs écoperont.

« On va abandonner, momentanément, certaines destinations, affirme le président-directeur général d’ADM, Philippe Rainville, en entrevue. On y travaille avec les compagnies aériennes. On devrait être en mesure de faire des annonces au cours des prochains jours, sinon au cours des prochaines semaines. »

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Philippe Rainville, président-directeur général d’Aéroports de Montréal

Vers la fin du mois de juillet, la situation devrait s’améliorer, croit-il.

Encore des questions

M. Rainville n’a pas voulu s’avancer sur les destinations à risque ou l’ampleur des annulations. Les principaux transporteurs à l’aéroport international Montréal-Trudeau sont Air Canada, Air Transat et Air France. Les décisions émaneront des compagnies, dit le dirigeant d’ADM.

Les personnes qui sont pénalisées dans tout cela, ce sont les passagers. Les gens qui ont réservé des vacances sur des destinations ou qui s’attendaient à partir à une certaine heure vont se faire déplacer sur d’autres vols déjà pleins. Ça va provoquer des annulations de vacances. Ce n’est pas évident.

Philippe Rainville, président-directeur général d’Aéroports de Montréal

Dans un courriel, toutefois, Transat A.T. affirme ne pas avoir « fait l’objet de demandes de réduction de vols à ce stade ». Air Canada, quant à elle, doit pratiquer des « réductions substantielles » de son horaire en juillet et en août. La plus importante compagnie aérienne au pays affirme que cela se produit même si elle compte 32 000 employés à l’échelle du pays, un niveau similaire à 2019 – avant la pandémie.

Robert Kokonis, président de la société de conseil Air Trav, n’est pas surpris de la sortie de M. Rainville.

« On parle d’une cascade d’évènements, affirme l’expert. Les compagnies et les aéroports ne peuvent absorber 90 jours consécutifs de délais. Les transporteurs n’ont pas le choix de sabrer des vols. »

Dans l’aéroport, mercredi, des voyageurs rencontrés par La Presse se demandaient si la situation rentrerait dans l’ordre. Résidant de la Côte-Nord, Mohamed Hasnaoui, qui attendait de s’envoler vers la Tunisie, n’a pas fermé l’œil de la nuit après avoir appris la veille que le vol qui devait l’amener à Montréal avait été annulé.

« Le vol était prévu à 5 h 30 ce matin, raconte-t-il. J’ai pris la route vers minuit depuis Sept-Îles pour être ici à temps. Avec Air Canada, ce n’est pas facile. On va se croiser les doigts pour que ça rentre dans l’ordre. »

Bagages empilés sur des chariots, Olivier Turgeon et Catherine Vaillancourt partent pour l’Afrique du Sud pendant six semaines avec leur fils Octave. La famille se croise les doigts pour que la moitié du matériel arrive à destination, mais ses attentes sont basses.

« La moitié, ça serait pas mal, lance Mme Vaillancourt. On part avec un peu d’inquiétude. On ne savait pas trop si on arrivait ici à temps [trois heures avant notre vol]. On se demandait si c’était suffisant. »

Recrues nombreuses

Presque tous les acteurs de l’industrie ont été montrés du doigt au cours des dernières semaines. Mais les embauches ne règlent pas tout. Par exemple, il faut quatre semaines pour former un agent de l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA), qui effectue les vérifications auprès des voyageurs avant leur départ.

Le nombre de recrues constitue un défi chez les fournisseurs de services pour les compagnies aériennes – manutention au sol et maintenance – comme Swissport, un des principaux acteurs de ce créneau.

« La problématique, c’est que nous avons beaucoup d’employés qui sont nouveaux, affirme Charles Roberge, chef de la direction de Swissport Canada. Le recrutement va bien, mais le temps de formation, c’est un enjeu. Nous avons environ 40 % de nouveaux, c’est significatif. Le savoir-faire, c’est un problème. »

Après la formation, plusieurs semaines peuvent s’écouler avant qu’un nouvel employé soit « autonome et efficace », souligne M. Roberge. Il est difficile d’atteindre une cadence optimale, ajoute-t-il.

En savoir plus
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    Nombre de vols à Montréal-Trudeau depuis le début de juin, selon la firme de données Cirium. C’est 3150 vols de moins par rapport à la même période en 2019.
    Source : CIRIUM
    54 %
    Proportion des vols vers les quatre grands aéroports du pays (Toronto, Montréal, Vancouver et Calgary) qui n’ont pas respecté leur horaire entre le 22 et le 28 juin.
    Source : DataWazo et LA PRESSE CANADIENNE