(Ottawa ) Le bureau du premier ministre Justin Trudeau affirme qu’il n’était pas au courant que le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, avait entrepris des démarches au début de l’année pour être exempté des diverses mesures de contrôle de sécurité dans les aéroports canadiens avant de prendre l’avion.

La Presse a rapporté mardi que le ministre Sajjan a finalement pu obtenir une exemption partielle au terme d’une démarche inhabituelle de la part de hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères auprès du ministère des Transports.

Cette demande soumise le 26 janvier visait à lui permettre de « contourner les contrôles de sécurité dans les aéroports canadiens sur les vols commerciaux canadiens quand il est en possession de documents secrets ».

Mais cette requête a été rejetée par l’Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) et a donné lieu à des échanges de courriels entre le ministère des Transports, le ministère des Affaires étrangères et cet organisme.

Finalement, le ministre Sajjan a obtenu une exemption partielle en février : seulement les documents du Cabinet qui sont dans une mallette sécurisée ne seraient pas soumis à un contrôle de sécurité.

Selon les règlements en matière de sécurité dans les aéroports canadiens, un nombre limité de Canadiens sont exemptés des mesures de contrôle des passagers avant de prendre l’avion, notamment le premier ministre et sa famille immédiate ainsi que le gouverneur général.

« Le bureau du premier ministre n’est pas impliqué dans ce processus », a-t-on fait savoir mardi soir.

Depuis qu’il est en politique fédérale, M. Sajjan, qui est de confession sikhe, s’est plaint à certains de ses collègues du cabinet qu’il subit parfois des fouilles secondaires de son turban après le déclenchement de l’alarme lorsqu’il passe aux postes de contrôle des passagers avant leur entrée dans la zone sécurisée de l’aéroport.

Mécontentement chez les autres partis

Le Parti conservateur, le Bloc québécois et un expert en sécurité avaient le même message à livrer au ministre Sajjan : nul n’est au-dessus de la loi.

« Il y a des élus sikhs chez les conservateurs et le NPD, et environ 500 000 Canadiens sont de confession sikhe. Il s’agit d’un passe-droit pour un élu libéral qui obtient des privilèges que ses autres collègues qui sont dans la même situation n’ont pas », a commenté le député conservateur Pierre Paul-Hus.

Encore une fois, nous entendons parler du ministre Sajjan pour les mauvaises raisons. Il est clair et net qu’il ne devrait pas y avoir de passe-droit ou quelconque traitement préférentiel pour le contrôle dans les aéroports, que l’on soit ministre, député ou citoyen.

Kristina Michaud, députée du Bloc québécois

Le consultant en sécurité Michel Juneau-Katsuya a soutenu que le ministre Sajjan envoie un très mauvais message à la population. « Les élus doivent montrer l’exemple. Nul n’est au-dessus des lois. L’idée qu’il doit être exempté parce qu’il transporte des documents secrets ne passe pas la rampe », a-t-il affirmé.