Le corps d’un patient mort a été laissé pendant deux heures dans un hangar de l’hôpital Honoré-Mercier, à Saint-Hyacinthe, samedi, une situation fréquente, mais déplorable, estime un syndicat de paramédics.

« Il faisait 35 degrés Celsius dans cet ancien garage converti en entrée pour les paramédics et leurs patients », a d’abord indiqué la Fraternité des travailleurs et travailleuses du préhospitalier du Québec (FTPQ) dans une publication diffusée sur Facebook, samedi.

« Cet endroit-là, c’est où les ambulances entrent avec les patients. Donc l’ensemble des patients qui entrent se trouvent à passer par cette porte, à voir ce spectacle pas très respectueux pour la famille du défunt ni pour les patients qu’on transporte », a déploré dimanche le vice-président de la FTPQ, David Gagnon.

Normalement, le personnel hospitalier prend en charge les patients emmenés en ambulance, explique-t-il.

Or, dans ce cas-ci, la personne était déjà morte au moment d’arriver à l’hôpital, a précisé dimanche le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est, dont relève l’établissement de Saint-Hyacinthe.

« Équipes soucieuses »

« Le médecin de l’urgence était occupé à voir des patients en attente de prise en charge, et nous devions attendre l’autorisation du coroner pour déplacer le patient vers la morgue. De plus, la salle destinée aux patients décédés était déjà occupée », a expliqué la directrice adjointe des communications organisationnelles et des relations médias du CISSS, Catherine Domingue.

Les paramédics ont donc dû laisser le corps du défunt dans le garage, « à l’abri », une « situation exceptionnelle », a-t-elle ajouté.

« Nos équipes sont soucieuses et bienveillantes envers nos usagers et nos partenaires. Nous mettons tout en place pour éviter qu’une telle situation se produise à nouveau », dit Catherine Domingue.

Une situation qui se répète

Or, selon David Gagnon de la FTPQ, de telles situations sont loin d’être exceptionnelles et seraient survenues à une dizaine de reprises depuis des rénovations à cet hôpital en 2019, et ce, malgré des avertissements répétés des paramédics.

« À chaque fois, on mentionne ce problème-là et ça se répète toujours. La dernière fois, c’était en décembre dernier », dit-il.

Selon lui, le problème est en partie attribuable au manque de main-d’œuvre à l’hôpital Honoré-Mercier.

David Gagnon défend par ailleurs la décision du syndicat, dont les membres sont en négociation pour le renouvellement de leur contrat de travail depuis deux ans et demi, de publier une photo du corps sur Facebook.

« Nous, on s’est assuré que ce patient ne soit pas reconnaissable, qu’il n’y ait pas de patients reconnaissables dans les environs. C’est sûr que c’est choquant, mais c’était là à la vue de tous les paramédics. C’est comme s’il avait été laissé dans le hall d’entrée de l’hôpital », dit-il.

Une situation « intenable »

Dimanche, le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a réagi en décrivant la situation comme « intenable ».

« Nous comprenons qu’il y a un grave manque de main-d’œuvre dans le réseau [de la santé], mais ce genre de situation ne doit pas arriver. C’est une question de respect pour le défunt et sa famille », a indiqué l’attachée de presse du ministre, Marjaurie Côte-Boileau.

Des vérifications seront effectuées auprès du CISSS de la Montérégie-Est pour comprendre pourquoi de telles situations se produisent, a-t-elle ajouté.