« Personne n’est à l’abri d’une insouciance ou d’une imprudence. Il ne faut pas se croire invincible. »

Il y a trois ans, Gérard Desjardins a eu la peur de sa vie. Il a failli mourir lors d’un voyage de pêche. Il joint sa voix à celle des experts qui, comme chaque année, demandent à la population de rester vigilante en eau vive à l’approche de l’été.

Le septuagénaire s’est retrouvé entre la vie et la mort, en 2019. Il pêchait sur le lac Squatec, dans le Témiscouata, et l’embarcation a chaviré lorsque ses compagnons se sont levés dans la chaloupe pour changer de place. L’évènement reste un souvenir flou pour Gérard Desjardins, qui a perdu connaissance dans l’eau froide de mai en tentant d’atteindre la rive.

À 10 km d’un chalet et sans service téléphonique, ses amis ont couru chercher de l’aide une fois sur la terre ferme. Les secours ont retrouvé Gérard Desjardins sans connaissance, sur la rive, près de quatre heures suivant l’évènement. Il était alors en hypothermie à 29 °C.

[Les gens] pensent que ça arrive juste aux autres, mais ça arrive à monsieur et madame Tout-le-Monde.

Gérard Desjardins

Gérard Desjardins a été hospitalisé pendant quatre jours et souffre toujours de séquelles psychologiques et physiques. Heureusement, les trois pêcheurs portaient leur veste de sauvetage.

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage

« Je ne le répéterai jamais assez : portez votre veste de flottaison en tout temps, peu importe votre activité nautique », insiste Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage.

Les risques resteront élevés cet été

La Société de sauvetage rappelle que 73 % des noyades se produisent entre les mois de mai et de septembre, et près de 75 % se produisent dans les plans d’eau naturels en raison du courant des rivières et du fleuve Saint-Laurent.

Les kayaks récréatifs apportent un sentiment de sécurité comme ils sont stables et confortables, souligne Trevor L’Heureux, directeur de l’éducation à Eau Vive Québec. Les gens ont tendance à sous-estimer les risques. Peu importe le plan d’eau, quand les embarcations chavirent, c’est difficile de reprendre le contrôle, précise-t-il.

La veste de flottaison reste un essentiel, mais la connaissance du milieu avant de s’aventurer en eau vive est tout aussi vitale, explique M. L’Heureux.

Le danger dans l’eau qui dépasse juste les genoux est aussi réel.

Trevor L’Heureux, directeur de l’éducation à Eau Vive Québec

Raynald Hawkins incite à « ne jamais être seul » quand vient le temps de profiter des activités nautiques. Plus d’une victime sur deux n’était pas accompagnée, déclare-t-il.

La Société de sauvetage a rapporté 81 noyades en 2021 et 95 en 2020, deux lourds bilans qui ont inversé la tendance à la baisse au Québec depuis les années 1990. En date du 2 juin, le bilan de 2022 s’élevait à 15 noyades.

La Société de sauvetage a par ailleurs recensé des nombres record de noyades pendant les étés très chauds. Les bilans montrent que le beau temps est un facteur déterminant pour les risques de noyade. MétéoMédia a justement annoncé, mardi dernier, que le Québec attendait un été « unique » avec de la chaleur « abondante » et « hors du commun ».

« Plus de gens près de l’eau, dans l’eau et sur l’eau, nécessairement, les probabilités jouent aussi un peu contre nous », conclut Raynald Hawkins.

En savoir plus
  • 26 mai
    Date à laquelle a été lancée la campagne Prêt-à-pagayer, par Canot Kayak Québec et Eau Vive Québec, qui offre notamment des conseils de sécurité en eau vive
    Source : Prêt-à-pagayer