(Ottawa) La ministre du Sport Pascale St-Onge exige des comptes de la part Hockey Canada dans le dossier du viol collectif dont aurait été victime une jeune femme aux mains de huit joueurs de hockey junior après un gala de Hockey Canada en 2018.

Après s’être dite « horrifiée » et « dégoûtée » par cette affaire, mercredi, Mme St-Onge a annoncé qu’elle a demandé à Hockey Canada de lui soumettre un audit financier afin de déterminer si l’organisation a utilisé l’argent des contribuables pour conclure une entente hors cours avec la victime.

Hockey Canada est une organisation qui obtient un financement de la part du gouvernement fédéral.

Je veux savoir si l’argent des contribuables a été utilisé pour camoufler cette histoire de viol collectif. Alors, on va faire un audit financier pour s’assurer que c’est pas le cas.

Pascale St-Onge, ministre du Sport

Quelques minutes plus tard, la Chambre des communes a adopté à l’unanimité une motion du Bloc québécois demandant aux dirigeants de Hockey Canada à comparaître devant le comité permanent du patrimoine.

« Que cette Chambre convoque l’organisme Hockey Canada devant le Comité permanent du patrimoine canadien afin de faire la lumière sur son implication dans une affaire d’allégations d’agressions sexuelles commise en 2018 », indique la motion adoptée qui a été proposée par le député bloquiste Sébastien Lemire.

Résultat : la pression s’accentue sur Hockey Canada pour que l’organisation explique clairement son rôle dans cette affaire.

En mêlée de presse, la ministre St-Onge a affirmé qu’elle ne pouvait concevoir que certains des joueurs qui auraient participé à ce viol collectif évoluent aujourd’hui dans la LNH en toute impunité.

« Comment une organisation sportive aussi importante au Canada a fait en sorte que les joueurs qui ont ces accusations-là contre eux ne sont pas imputables de leurs actions ? Et il y en a plusieurs parmi eux qui sont aujourd’hui dans la LNH. Je pense que c’est ça que les Canadiens veulent savoir », a dit la ministre.

Mme St-Onge a dit espérer que la LNH fera toute la lumière sur cette affaire. « On va voir la suite des choses et on continue de suivre le dossier », a-t-elle assuré.

Le but de l’audit financier visera à s’assurer que Hockey Canada « a respecté son entente de financement avec Sports Canada et s’assurer qu’il n’y a pas de fonds publics qui ont été utilisés pour régler cette entente ».

Cette affaire a d’abord été rapportée par le réseau TSN la semaine dernière. À l’été 2018, après un gala de Hockey Canada, huit joueurs de hockey junior auraient agressé sexuellement une jeune femme.

Ces joueurs auraient rencontré la victime dans un bar et lui auraient payé des verres. Alors qu’elle était en état d’ébriété avancé, l’un des joueurs l’aurait amené dans sa chambre d’hôtel. Il aurait ensuite fait entrer sept autres joueurs. Selon la version de la présumée victime dans des documents judiciaires, les huit joueurs auraient eu des relations sexuelles avec elle sans son consentement. Elle aurait tenté de quitter et aurait été « manipulée, intimidée » pour rester dans la chambre.

En avril dernier, la présumée victime a intenté une poursuite au civil contre Hockey Canada, la Ligue canadienne de hockey et les huit joueurs (qui ne sont pas nommés) pour 3,5 millions de dollars. Un mois plus tard, Hockey Canada a réglé cette affaire hors cour. L’organisation refuse toutefois de dévoiler les détails de cette entente.

Mercredi, la ministre a déclaré à La Presse qu’elle comptait analyser en profondeur les faits troublants de cette affaire et le rôle exact qu’a joué Hockey Canada.

« Quand j’ai lu cette histoire, j’ai été absolument horrifiée des allégations qui sont rapportées. Je suis aussi découragée et déçue d’entendre que des histoires d’agression sexuelle surviennent encore dans le milieu sportif », avait affirmé la ministre durant une entrevue téléphonique.