Le nombre de demandes d’aide en lien avec des situations de violence conjugale a augmentent significativement à Montréal l’an dernier dans la foulée des confinements successifs dus à la pandémie.

Le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal a enregistré une hausse de 36 % des demandes d’aide pour de tels cas, a révélé sa directrice générale, Jeanny Charest, dans le cadre d’une conférence de presse pour présenter une nouvelle équipe du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) destinée à aider les victimes.

Concrètement, le nombre d’appels pour de tels services s’est chiffré à 1964 en 2021, soit 1033 de plus que l’année précédente. S’ils sont plus nombreux, les cas de violence conjugale rapportés au CAVAC sont aussi plus lourds, précise Jeanny Charest.

Ce qu’on a vu beaucoup en augmentation aussi, c’est la détresse qui a été vécue. La pandémie a fait en sorte qu’elle a limité les personnes à sortir ou à trouver des façons autres de se protéger.

Jeanny Charest, directrice générale du CAVAC de Montréal

Non seulement une augmentation du nombre de demandes d’aide a été enregistrée, mais aussi du nombre de services à chaque victime, précise Jeanny Charest.

« Le côté positif de ça, c’est qu’il y a une place qui est donnée aux victimes beaucoup plus grandes qu’auparavant et on pense que le fait d’en avoir parlé […] fait en sorte que les gens vont plus parler d’aide. Est-ce qu’il y a plus de violence ? Je ne sais pas, mais il y a plus de demandes d’aide, et ça, c’est une bonne chose », explique-t-elle.

Pas plus de plaintes

Or, si le nombre de demandes d’aide a bondi, ce phénomène ne s’est pas nécessairement traduit auprès des autorités. En tout, plus de 7000 dossiers liés à la violence conjugale ont été traités par le SPVM l’an dernier, dont 5138 enregistrés comme des crimes contre la personne, 1017 en tant que querelles familiales, 166 pour des crimes contre la propriété et 771 pour non-respect de conditions.

Mais la commandante de la nouvelle Section spécialisée en violence conjugale, Anouk St-Onge, précise qu’il s’agit de la pointe de l’iceberg, puisqu’une majorité des crimes liés à la violence conjugale ne sont jamais rapportés à la police.

« Nous, selon ce qui nous est rapporté, il n’y a pas vraiment eu d’augmentation, mais on le sait qu’il y en a eu plus, affirme-t-elle. […] Oui, ça a eu un effet, mais ça n’a pas un effet qu’il y a eu plus de dénonciations. »

Une nouvelle section spécialisée

Grâce à son approche « par petits pas », la nouvelle section spécialisée dans la lutte contre la violence conjugale du SPVM, déployée dans la foulée du rapport Rebâtir la confiance, espère toutefois aider à mieux soutenir les victimes.

Le rapport Rebâtir la confiance

Déposé en 2019, à la suite du mouvement #moiaussi, le rapport Rebâtir la confiance contient 190 recommandations et fait état des enjeux à considérer pour mettre en place de nouvelles mesures et offrir des services plus efficaces pour les victimes d’agression sexuelle et de violence conjugale.

Parmi celles-ci, ses auteurs recommandaient aux corps policiers de déployer des équipes d’enquêteurs spécialisés en violence conjugale, ce à quoi le SPVM a répondu en mettant sur pied la Section spécialisée en violence conjugale (SSVC) en octobre 2021.

Composée d’une dizaine de ressources formées pour intervenir auprès des victimes et des agresseurs, dont un commandant, un lieutenant-détective, quatre sergents-détectives, un agent conseiller et un policier, la SSVC ne fournit toutefois pas à la demande, admet sa commandante, Anouk St-Onge. C’est pourquoi la Section se concentre pour le moment sur les dossiers « plus sensibles, plus spécialisés ».

Une liste de critère a ainsi été établie pour permettre de cibler les cas les plus lourds, pour qu’ils puissent être redirigés vers la SSVC. « Une victime qui a des multitraumas, une victime depuis 20 ans de violence conjugale, une qui a plus qu’une vulnérabilité, on peut aussi prendre des jeunes, une personne dans une maison d’hébergement avec besoins particuliers », énumère Anouk St-Onge.

Les membres de la SSVC, qui se consacrent entièrement à ces cas, entrent en contact avec la victime et avec l’agresseur, et ce, dans l’espoir de tisser des liens pour prévenir des récidives.

On sème des graines, on met de l’eau, et on se dit que ça va germer. Des fois, ça ne sème pas […], mais il ne faut pas sous-estimer le petit chemin qu’on a fait [puis] se dire qu’il va aller chercher de l’aide.

Anouk St-Onge

La SSVC a traité 130 dossiers l’an dernier.

Besoin d’aide ?

Si vous êtes victime de violence conjugale et cherchez aide et répit, contactez SOS Violence conjugale au 1 800 363-9010. Des intervenants y sont disponibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Trouvez une maison d’hébergement pour femmes sur fmhf.ca.

Les Centres d’aide aux victimes d’actes criminels viennent en aide aux proches de victimes d’actes criminels à la suite d’événements traumatiques: 1-866-le CAVAC (1 866 532-2822) ou cavac.qc.ca

Une version précédente de cet article indiquait que le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) de Montréal a enregistré une hausse de 111 % des demandes d’aide en lien avec des situations de violence conjugale. Le CAVAC a indiqué après la parution de l’article que l’augmentation est plutôt de l’ordre de 36 % et qu’« une erreur de manipulation de données a mené à ce pourcentage erroné. » La correction a été faite; le titre et le texte de cet article ont aussi été modifiés pour refléter le changement.

En savoir plus
  • 16 763
    Nombre d’appels liés à la violence conjugale reçus par le SPVM en 2021
    source : SPVM
    36 %
    Augmentation du nombre d’appels enregistrée par le CAVAC de Montréal pour des services d’aide en lien avec un contexte de violence conjugale entre 2021 et 2021.
    source : CAVAC de Montréal