Six mois après s’être engagé à favoriser le développement de l’acériculture, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a publié jeudi son Plan directeur pour le développement de l’acériculture en forêt publique. Ce sera un défi, montre le document de consultation.

« Lorsque pratiquées sur une même superficie, la production acéricole et la production de bois d’œuvre destiné à l’industrie du sciage ont des incidences l’une sur l’autre », souligne le Plan directeur.

Et transférer « une superficie à vocation de production de bois vers une production acéricole exclusive » réduirait la possibilité forestière, prévient le document.

Si l’industrie agricole a besoin d’avoir accès à des arbres à entailler pour se développer, l’industrie forestière « est préoccupée par la stabilité de ses approvisionnements en bois d’œuvre » et « déplore une certaine pénurie de feuillus durs ».

Cette version préliminaire du plan, datée du 5 mai, fait l’objet d’une consultation publique en ligne jusqu’au 26 juillet.

Les Producteurs et productrices acéricoles du Québec (PPAQ) réclament depuis la fin de 2020 que Québec tienne compte de l’acériculture dans la gestion des forêts publiques. Le ministre Dufour s’était engagé, en novembre dernier, à favoriser et à développer leur filière.

« La production acéricole est une activité économique de premier plan », reconnaît le Plan directeur préparé par ses fonctionnaires.

Le Québec est le principal acteur, avec 71,4 % de la production mondiale. Les produits acéricoles ont généré près de 500 millions de dollars de revenus d’exportation en 2020. Près d’une entaille sur cinq (18 %) est effectuée sur des arbres de la forêt publique, qui compte plus de 1100 érablières.

Pour répondre à la demande croissante, les PPAQ ont autorisé près de 7 millions d’entailles supplémentaires l’an dernier, dont un peu plus de 11 % en forêt publique.

Selon le ministère, plus de 84 millions d’entailles supplémentaires pourraient y être pratiquées, dont les deux tiers dans les Laurentides (39 %) et l’Outaouais (29 %). Ce potentiel théorique ne tient cependant pas compte des contraintes comme l’accès au réseau routier et au réseau électrique.

Toutefois, l’érable à sucre sert aussi à divers « biens ménagers » (meubles, moulures, placage, revêtements de sol, etc.), rappelle le Plan directeur, en signalant des hausses, tant pour la demande de ces produits que pour le prix du bois lui-même.

Or, retirer 100 hectares « à vocation de production de bois vers une production acéricole » équivaudrait « à une réduction de la possibilité forestière de 130 m3 par année », estime le ministère.

Voyez le Plan directeur Participez à la consultation