La Sureté du Québec (SQ) fait marche arrière et acceptera des candidats blancs à une formation destinée à de futurs policiers.

Élizabeth* s’est inscrite au programme d’attestation d’études collégiales (AEC) Diversité policière, l’automne dernier, dans le but de réaliser son rêve de devenir policière. Or, en plein milieu du processus de plusieurs mois, les critères d’admission ont changé, et la formation a plutôt été réservée aux personnes d’origine autochtone et aux membres des minorités visibles ou ethniques, comme l’a révélé La Presse en avril dernier. La candidature d’Élizabeth a donc été rejetée.

Il y a deux semaines, la femme a toutefois reçu un nouvel appel de l’équipe de recrutement de la SQ. « La personne m’a expliqué que le ministère [de la Sécurité publique] avait revu ses règles. On m’a dit qu’on était prêt à réactiver les dossiers de candidats qui avaient été refusés à condition qu’ils soient prêts à travailler en région éloignée », explique Élizabeth, qui a préféré conserver l’anonymat de peur de se faire de nouveau exclure du programme.

« J’ai accepté. Mon désir de rentrer dans la police est assez fort », souligne-t-elle, jugeant toutefois que le processus manque un peu de sérieux.

La Sûreté du Québec confirme qu’elle a recontacté 48 candidats : 38 ont accepté de poursuivre le processus de sélection, 10 se sont désistés. « On a pris le temps de refaire une analyse approfondie des critères avec le ministère de la Sécurité publique. Ça nous a permis de constater qu’il y avait une incompréhension par rapport aux critères d’admissibilité qui nous avaient été acheminés concernant les régions éloignées. Nous avons éclairci la situation et, par la suite, nous avons recontacté les candidats et les candidates », explique Ann Mathieu, lieutenant et porte-parole à la SQ.

Le Ministère affirme que les critères n’ont jamais été modifiés en cours de route. Les personnes issues de minorités visibles ou ethniques étaient admissibles tout comme les candidatures provenant de corps de police desservant des régions éloignées des grands centres. « Ces critères n’ont pas changé depuis qu’ils ont été établis par le comité, et ont été communiqués à l’ensemble des corps de police », souligne Camille Simard, porte-parole du ministère de la Sécurité publique.

Les femmes également sous-représentées

L’AEC Diversité policière est un programme collégial destiné à des civils qui travaillent dans des services de police. La formation accélérée de neuf mois vise à accroître la diversité au sein de la profession. Une fois leur attestation en main, les élèves doivent tout de même entrer à l’École nationale de police du Québec (ENPQ).

L’article de La Presse sur le rejet de candidates blanches a suscité de nombreuses réactions en avril dernier, car les femmes sont aussi sous-représentées dans les corps de police de la province.

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Au Québec, seulement un policier sur trois est une femme, selon les données du ministère de la Sécurité publique. L’ENPQ soutient de son côté que de 25,5 % à 34 % des recrues étaient des femmes entre 2010 et 2021.

Les chiffres sont encore plus troublants lorsqu’on observe le nombre de personnes issues des minorités ethniques. Moins de 6 policiers sur 100 étaient issus des « minorités visibles et ethniques » en 2020, hommes et femmes confondus, selon le Ministère.

*Nom fictif

Avec Lila Dussault, La Presse