La police constate que, de plus en plus souvent, une même arme de poing a été utilisée sur plus d’une scène où des coups de feu ont été tirés.

C’est ce qu’a confirmé l’un des patrons de la lutte contre les armes à feu au Québec, l’inspecteur Michel Patenaude, de la Sûreté du Québec (SQ), en entrevue avec La Presse récemment.

PHOTO FOURNIE PAR LA SÛRETÉ DU QUÉBEC

Michel Patenaude, inspecteur de la Sûreté du Québec

L’inspecteur Patenaude, qui n’a toutefois pas de statistiques à l’appui, abonde ainsi dans le même sens qu’un expert en balistique du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale, Manuel Tousignant, qui avait fait part de cette constatation à La Presse il y a quelques semaines.

Michel Patenaude se demande si le prix des armes de poing sur le marché noir, qui varierait actuellement entre 4000 $ et 8000 $, pourrait expliquer cette situation.

« Avant, les armes, lorsqu’elles étaient utilisées pour un crime, étaient abandonnées ou détruites. Mais maintenant, elles sont revendues ou réutilisées. Au prix qu’elles leur coûtent, ils sont moins enclins à s’en débarrasser. Dans nos enquêtes, on cible des gens qui font des incidents à répétition jusqu’à ce qu’on mette la main dessus », explique l’officier de la SQ.

Jusqu’à 8000 $ pour une arme de poing sur le marché noir, c’est un prix relativement élevé qui pourrait s’expliquer par une plus forte demande, croit l’inspecteur.

Il y a actuellement plus de demande, ça, on le sait. Il y a aussi plus d’armes en circulation. On le voit par nos perquisitions et nos orientations. Ça devient un style de vie pour certains criminels.

Michel Patenaude, inspecteur de la SQ

« Lorsqu’il y a une plus forte demande, les importateurs en importent davantage et augmentent les prix », dit M. Patenaude, qui précise que ce n’est pas en raison d’une rareté qu’il y a eu une hausse du prix des armes à feu illégales.

Pas de monopole

D’après nos informations obtenues auprès de sources des milieux policier et criminel, les fraudes permettent à des individus parfois très jeunes de se procurer des armes de poing à ce prix.

« Le trafic de stupéfiants, le proxénétisme, les fraudes… Les individus armés se prêtent à ces activités. Nous, ce qu’on voit surtout, chez les gens armés, ce sont des gens qui sont en lien avec le trafic de stupéfiants », affirme l’inspecteur.

Selon le policier, dans une très grande majorité, ce sont des pistolets de type Glock de calibre 9 mm qui sont utilisés sur les scènes de crime.

Une « forte proportion » de ces armes sont importées des États-Unis. L’importation d’armes illégales au Québec n’est pas le fait d’une seule organisation ou d’un profil type d’importateur.

« On n’a pas de profil type. Ce n’est pas comme le contrôle des stupéfiants sur le territoire du Québec, où ce sont les Hells Angels qui ont le monopole et perçoivent une ristourne. Personne n’a le monopole. Jusqu’à maintenant, ce qu’on voit, ce sont vraiment plusieurs petites cellules qui font de l’importation. On remarque aussi que ceux qui se livrent à de l’importation de cocaïne ont des portes d’entrée ; on peut donc présumer qu’ils font aussi de l’importation d’armes à feu », conclut M. Patenaude.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.