De la crise climatique à la pandémie en passant par les ruptures conjugales et les réalités autochtones, le 89e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas) ratisse large. Toute la semaine, plus de 500 communications scientifiques sur des enjeux d’actualité y seront présentées. La Presse décortique trois d’entre elles.

Comment combattre la désinformation sur la vaccination ?

Bien que les vaccins sauvent chaque année entre 2 et 3 millions de vies, selon l’UNICEF, certains expriment du scepticisme ou de l’hésitation à se faire inoculer. Comment convaincre ces personnes de changer leur position ? C’est la question à laquelle Andréanne Veillette, doctorante en éthique et affaires publiques à l’Université Carleton, a tenté de répondre.

Bien qu’il n’existe pas de solution miracle, certaines stratégies semblent mieux fonctionner que d’autres, observe la spécialiste en théorie du complot et mépris. C’est le cas notamment des stratégies qui privilégient le lien de confiance.

En effet, la personne doit se sentir valorisée, comprise, écoutée et respectée. Les entretiens motivationnels sont donc privilégiés. Lors de ces rencontres, l’intervenant doit être un partenaire d’écoute et non un expert qui tente de convaincre, explique Mme Veillette. « Avec cette méthode, on a vu dans les maternités au Québec de très bons résultats pour le taux de vaccination des bébés », dit-elle.

Le choix de l’expert est également primordial. « Il faut prioriser quelqu’un qui a déjà des liens de confiance dans la communauté », dit-elle.

Quelles méthodes sont à éviter ? Celles qui, sans le vouloir, sont méprisantes, répond Mme Veillette. « Les méthodes basées seulement sur les faits peuvent laisser l’impression qu’ils sont méprisés par une élite intellectuelle. Ça peut avoir l’effet inverse et les pousser vers une médecine alternative, parce que là-bas, ils ont l’impression d’être accueillis comme un humain et d’être reconnus », conclut-elle.

Dans quelle région est-il plus risqué de se séparer pour les mères non mariées ?

Généralement, lors de la rupture d’un couple en union libre, chacun repart avec ses biens. Si l’écart de revenus entre les hommes et les femmes est grand, les conjointes de fait, particulièrement celles ayant des enfants, peuvent se trouver grandement pénalisées, dit Hélène Belleau, sociologue, professeure et directrice du Centre Urbanisation Culture Société de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).

Sachant que la proportion de couples en union libre et les écarts de revenus varient beaucoup selon les régions, dans quel secteur du Québec est-il plus risqué de se séparer pour les mères en union libre ? C’est la question surprenante à laquelle ont tenté de répondre Mme Belleau et Prisca Benoit, étudiante à la maîtrise à l’INRS.

D’après les données du plus récent recensement, les trois pires régions en matière d’écart de salaires entre les hommes et les femmes sont l’Abitibi, avec 99 % d’écart, la Côte-Nord, avec 93 %, et le Saguenay, avec 76 %, ont noté les experts. « En Abitibi, les conjoints gagnent pratiquement le double de leur conjointe », lance Mme Benoit.

Ces trois régions sont aussi parmi celles où l’on retrouve les plus fortes proportions d’union libre. « Ça nous donne donc beaucoup de femmes qui gagnent beaucoup moins que leur conjoint », ajoute-t-elle.

Pourquoi existe-t-il de si grands écarts dans ces régions ? « Il y a beaucoup d’emplois payants dans le secteur des ressources naturelles, un domaine traditionnellement masculin, et on retrouve assez peu d’emplois dans le domaine des services, un secteur traditionnellement féminin », explique Mme Benoit. D’autres hypothèses concernent diverses barrières à l’emploi comme la distance entre le travail et la maison et l’accès à différents services de garde.

Le retour au boulot des travailleurs vieillissants

Surcharge de travail, atmosphère compétitive et manque de reconnaissance. Plusieurs obstacles entravent le retour au travail après un congé de maladie des travailleurs vieillissants ayant un trouble mental commun, a démontré Astrid Velasquez Sanchez, ergothérapeute et étudiante à la maîtrise en recherche en science de la santé à l’Université de Sherbrooke.

Comme le reste de la population, les adultes de 50 ans et plus sont touchés par des troubles mentaux qu’on qualifie de « communs », comme les troubles dépressifs, anxieux ou d’adaptation. Ils sont toutefois plus à risque d’incapacité prolongée, et leurs chances de reprendre le travail de façon durable sont moins élevées.

L’étude de Mme Velasquez Sanchez a révélé trois facteurs qui interagissent entre eux et qui peuvent agir comme une incitation à la retraite anticipée. D’abord, un travailleur vieillissant sur quatre ressent une surcharge de travail. « La perception de surcharge entraîne des craintes quant à la capacité de réaliser le travail. Le travailleur a donc moins d’énergie pour réaliser ses tâches », explique-t-elle.

L’atmosphère compétitive et exigence de performance élevée a été soulevée chez 23 % d’entre eux. « [Les travailleurs vieillissants] veulent parfois cacher leurs difficultés de rendement à leur retour et ça les empêche d’avoir le support nécessaire au sein de leur milieu de travail », explique-t-elle.

Enfin, le manque de reconnaissance de l’organisation a été nommé par 23 % des travailleurs. « Certains travailleurs ne se sentent pas autant reconnus qu’auparavant, alors ils se désengagent peu à peu du travail, ce qui les incite à prendre leur retraite », dit-elle.

Les résultats suggèrent que ces critères devraient être pris en compte lors de la planification de leur retour au travail afin de favoriser leur intégration et leur maintien au boulot.