La FTQ-Construction brise le silence face à l’affaire Rénald Grondin et s’engage désormais à laver « plus blanc que blanc » pour rétablir la confiance des gens dans l’organisation syndicale.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, jeudi, le directeur général de la FTQ-Construction, Éric Boisjoly, a dit être prêt à déployer tous les efforts afin que pareille situation « intolérable » ne se reproduise plus.

La semaine dernière, le quotidien La Presse avait fait état d’une décision de la Commission des lésions professionnelles, datant d’il y a 10 ans, touchant une employée victime de harcèlement sexuel de la part de Rénald Grondin. Celui-ci était alors à l’Association des manœuvres interprovinciaux, puis il est devenu président de la FTQ-Construction.

M. Boisjoly a confirmé qu’il y aura une enquête indépendante « par une firme externe pour faire la lumière et savoir pourquoi il s’est rendu à ce poste-là » malgré le contexte.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Éric Boisjoly

Bien qu’il soit lui-même à la FTQ-Construction ou à l’une de ses sections locales depuis des années, M. Boisjoly assure qu’il n’avait aucune idée de la plainte de harcèlement de la part de l’employée. « Je n’avais aucune idée, ni de la plainte, ni du harcèlement sexuel », martèle-t-il.

Quand on lui demande s’il avait entendu parler de rumeurs, même, il répond : « Des rumeurs ? Dans notre monde, on vit rien que de ça. Nous, on travaille avec des faits. Des rumeurs, dans n’importe quelle sphère, il y en a. Si on avait eu les faits, nos directeurs n’auraient pas accepté ça ».

Au cours des derniers jours, les 17 directeurs des différentes sections locales de la FTQ-Construction se sont réunis et se sont dotés d’un plan d’action qui prévoit notamment une obligation de suivre une formation sur le harcèlement sexuel et psychologique pour les dirigeants et les représentants, actuels et futurs.

Y aura-t-il une obligation de divulgation ? « Ça, ça va être demandé. C’est dans notre plan d’action. Nos procureurs travaillent là-dessus. »

« Dans le futur, on va travailler avec nos procureurs pour tout mettre en place pour s’assurer que tous les gens qui vont être dans des postes de représentation, des postes de direction au sein de la structure et des affiliés… C’est ce que les directeurs ont décidé et bien on va le mettre en place. Les gens, d’après ce qu’on entend, ils veulent qu’on soit plus blancs que blancs ? Eh bien, on va s’assurer de l’être », a conclu M. Boisjoly.

Pour déterminer d’autres modalités et mesures à adopter afin d’assainir la situation, la FTQ-Construction s’est adjoint les services de Me Claude Tardif, un avocat réputé et expérimenté en droit du travail.

« On va tout faire en notre pouvoir pour que ces choses-là ne se reproduisent plus au sein de notre organisation », a lancé M. Boisjoly.

Quand on lui demande ce qui va changer à la FTQ-Construction, il répond : «Ça, ça a sorti et on ne le savait pas. Mais je pense que la FTQ-Construction a toujours agi pour le bien-être des travailleurs et des travailleuses. On a un comité de femmes ; on les consulte, il travaille avec nous. Si elles ont un commentaire à faire, elles le font. Il n’y a personne qui est muselé chez nous. »

La FTQ-Construction est la plus grande des cinq organisations syndicales reconnues dans l’industrie de la construction. Elle représente environ 85 000 membres.