L’ours polaire aperçu en Haute-Gaspésie samedi, un endroit hautement inhabituel pour ce genre d’animal, a finalement été abattu par arme à feu, depuis les airs, par un agent de la protection de la faune.

La Sûreté du Québec a confirmé dimanche matin avoir officiellement levé son alerte. La veille, le corps policier avait demandé aux habitants du secteur de Madeleine-Centre, à Sainte-Madeleine-de-la-Rivière-Madeleine, en Gaspésie, de rester chez eux, après avoir appris qu’un ours polaire avait été aperçu dans la région.

Sophie Bonneville, propriétaire du Café Boutique Pub de Victory Farm à Grande-Vallée, a raconté à La Presse comment son conjoint et elle ont aperçu les premiers l’animal.

« On a quatre poules urbaines qu’on a déménagées de Sorel. Peut-être les a-t-il senties, parce que les traces s’en venaient vers le poulailler », s’exclame-t-elle, au bout du fil. Son conjoint et elle habitant seuls la première maison d’un nouveau développement du secteur Madeleine-Centre, Mme Bonneville croit que l’animal ait pu être attiré par la tranquillité relative du secteur.

PHOTO TIRÉE DU COMPTE TWITTER BONNEVILLE SOPHIE

Trace d’une patte de l’ours polaire aperçu en Gaspésie

Toute la nuit, explique-t-elle, des agents de la protection de la faune ont patrouillé dans le secteur à la recherche de l’ours. Des appâts de poisson avaient aussi été disposés sur le bord d’une piste d’atterrissage à proximité, sans succès.

L’utilisation de drogue écartée

Les agents de la protection de la faune ont finalement abattu l’animal depuis un hélicoptère dimanche matin. L’ursidé se trouvait alors en bordure de l’autoroute 132, a indiqué le commandant du district Sud-Est à la protection de la faune, Sylvain Marois.

Dix agents, des drones, un hélicoptère et l’assistance de « services externes » ont notamment été impliqués durant toute l’opération.

Sylvain Marois insiste sur la dangerosité de l’animal, « le plus grand prédateur [terrestre] de l’Amérique du Nord », une espèce avec laquelle le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) « n’a pas affaire très souvent », pour expliquer le choix de l’abattre.

« Lorsqu’on a à utiliser des drogues ou autre chose [pour l’endormir], ça ne fait pas effet immédiatement. Donc, considérant la dangerosité et les questions de sécurité publique, la décision a été prise d’abattre l’animal », précise-t-il.

Pas de cage assez grande

Qui plus est, le MFFP ne disposait pas sur le territoire de la Gaspésie, au moment du signalement de l’ours polaire, de cage suffisamment grande pour le capturer. « On avait des cages, mais seraient-elles assez grosses ? On prend régulièrement des ours noirs avec nos cages, mais cette technique-là n’était pas envisagée, puisqu’il faut le déplacer. On ne parle pas d’un ours noir de 150-200 livres approximativement », a expliqué le commandant Marois.

Le corps de l’animal sera redirigé vers un laboratoire du ministère afin de subir une nécropsie. L’analyse du contenu de son estomac pourrait permettre d’éclairer les circonstances de son exode en Gaspésie.

La présence de ces ursidés à une telle latitude est hautement inhabituelle, quoique certaines observations rarissimes ont parfois lieu. Plus tôt ce mois-ci, un ours blanc avait été vu en Minganie, sur la Basse-Côte-Nord, à plus de 200 km au nord-est de Madeleine-Centre.

Selon le site du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, trois sous-populations d’ours polaire résident au Québec, soit celles du bassin de Fox (environ 2300 individus), du sud de la baie d’Hudson (environ 800 individus) et du détroit de Davis (environ 2250 individus).