Les 1800 ingénieurs de l’État ont entamé à minuit, vendredi, une grève générale illimitée qui pourrait stopper net plus d’une centaine de chantiers majeurs dans la province en plus de ralentir les analyses ou les autorisations nécessaires à des dizaines d’autres dans les municipalités ou sur les routes du Québec.

Les ingénieurs, qui dénoncent l’impasse dans leurs négociations salariales depuis trois ans, manifesteront ce vendredi matin aux abords du pont de Québec ainsi que devant l’immeuble du ministère des Transports du Québec (MTQ), au centre-ville de Montréal, vers la fin de l’heure de pointe matinale, pour signifier leur mécontentement. Les syndiqués réclament un important rattrapage salarial afin de se rapprocher de leurs collègues du secteur privé et des autres secteurs publics, qui représenterait un ajout de 20 millions par année sur la masse salariale de l’État, selon le président de l’Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec, Marc-André Martin.

L’industrie de la construction s’inquiète déjà des répercussions d’une grève qui pourrait raccourcir encore la saison des travaux. Dans un communiqué publié jeudi, le président de Bitume Québec, Tytus Zurawski, a estimé qu’une grève des ingénieurs de l’État « serait un véritable désastre pour l’industrie et [pour] les usagers du réseau routier, qui constitue la colonne vertébrale de notre économie nationale ».

« Cette menace pourrait aussi entraîner, selon Bitume Québec, des dommages collatéraux irréparables chez les entrepreneurs », les fournisseurs de bitume et les producteurs d’enrobés bitumineux dans tout le territoire québécois.

Joint par La Presse, le cabinet du ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, ne nous a pas rappelé.

Plus de 1200 des 1800 ingénieurs du gouvernement du Québec, soit les deux tiers, travaillent au ministère des Transports du Québec. En l’absence des syndiqués en grève, tous les chantiers surveillés par des ingénieurs du MTQ devront être interrompus. Les projets d’infrastructure qui n’ont pas encore reçu toutes les autorisations nécessaires pour être lancés seront mis en attente. Les inspections annuelles des ouvrages d’art du MTQ (ponts, murs de soutènement) seront aussi interrompues.

Par contre, assure Marc-André Martin, des ingénieurs du gouvernement seront disponibles afin de répondre à toute situation d’urgence. « On s’est engagés pour des services essentiels qui couvrent tout ce qui a trait à la santé ou la sécurité du public, assure-t-il. Nous avons des gens pour des travaux en urgence, des inspections d’urgence, que ce soit en environnement, au MTQ, à la CNESST ou en électrotechnique – dans tous les domaines. »

La grève précédente des ingénieurs du gouvernement du Québec, en 2017, avait duré trois semaines et avait eu des conséquences majeures sur des chantiers, comme la reconstruction de l’échangeur Turcot et le remplacement du vieux pont Champlain.