À quelle vitesse devrait-on rouler sur les autoroutes du Québec, 100, 110, 120 kilomètres à l’heure ? Si l’Ontario vient d’augmenter les limites de vitesse sur plusieurs tronçons d’autoroute, le gouvernement Legault juge pour sa part qu’une pareille hausse aurait des « effets négatifs » sur la sécurité des automobilistes.

Au Québec, le 100 km/h demeure

Non, le ministère des Transports du Québec (MTQ) n’envisage aucune augmentation de limite de vitesse sur ses autoroutes, qui sont fixées à 100 km/h depuis le début des années 1980. « Le cas échéant, cela ne pourrait avoir lieu sans vérifier au préalable l’effet de la mesure sur la sécurité des usagers et procéder, au besoin, à des travaux correctifs », précise son porte-parole, Louis-André Bertrand. Le gouvernement juge en effet qu’une hausse de la limite de vitesse affichée sur l’autoroute « aurait des effets négatifs sur la sécurité, qui augmenteraient la gravité des accidents et leur poids sur le système de santé ». Pour l’heure, la limite de 100 km/h permet d’assurer autant la sécurité des usagers que la fluidité de la circulation sur le réseau, juge Québec.

Peut-on innover ?

Or, pour l’expert en planification des transports à l’Université de Montréal Pierre Barrieau, « le danger sur les routes n’est pas tant la vitesse que le différentiel de vitesse entre les véhicules ». « Quand on a des gens qui roulent à 80 dans une zone de 100, et un véhicule qui s’approche à 120, c’est là que les accidents surviennent. L’idée, si on augmente les limites, serait donc surtout d’être beaucoup plus sévères sur les dépassements de vitesse, avec des radars-photos plus présents et plus actifs », juge-t-il. Si le Québec imite l’Ontario, il devrait aussi envisager d’installer des panneaux de vitesse variable, selon M. Barrieau. « C’est une technologie qui existe déjà un peu partout dans le monde, et qui permet d’adapter les limites – par exemple plus basses lors d’une tempête et plus hautes en plein été. « Il y a une façon de moduler le risque selon les conditions routières. Il y a un vrai débat public à avoir là-dessus au Québec », conclut-il.

En Ontario, une analyse positive

Le gouvernement de Doug Ford, lui, a annoncé mardi que les limites de 110 km/h seront maintenues sur six tronçons d’autoroute situés dans le sud de la province. La vitesse sera aussi augmentée sur deux autres routes, à Nobel et à South River. Cette décision a été prise à l’issue d’un projet-pilote qui avait lieu depuis 2019, afin de tester l’augmentation des vitesses. Dans un rapport préliminaire, les autorités indiquent que « les tronçons dont la limite de vitesse a été relevée fonctionnent comme prévu ». Ainsi, « les vitesses d’utilisation et les tendances en matière de collisions dans ces sections sont restées comparables à celles d’autres sections d’autoroute similaires où la limite de vitesse est restée inchangée à 100 km/h ». Plus de huit Ontariens sur dix s’étaient prononcés en faveur de l’augmentation des limites de vitesse sur les autoroutes de la série 400, il y a trois ans, lors d’un sondage en ligne.

Un débat qui ne date pas d’hier

Plus à l’ouest, plusieurs provinces comme l’Alberta ont récemment fait part de leur volonté d’augmenter les limites de vitesse de 110 à 120 km/h sur de longs tronçons d’autoroute. Le député qui a présenté cette proposition, Searle Turton, affirme que son objectif est de « resserrer la plage de vitesse à laquelle la plupart des conducteurs conduisent sur l’autoroute, ce qui rendra nos routes un peu plus sûres ». Le Parti québécois avait aussi promis, lors de la dernière campagne en 2018, d’implanter un projet-pilote pour augmenter les vitesses à 120 km/h sur certaines autoroutes. « Il est temps de mettre fin à l’hypocrisie, avait alors martelé le péquiste Martin Ouellet. Tout le monde au Québec sait que lorsqu’on roule sur une autoroute, ce n’est pas à 100 km/h qu’on va se faire prendre, qu’il y a une zone de tolérance. »

À Paris, on abaisse en ville

Depuis quelques mois, à Paris, les zones limitées à 30 km/h s’étendent à toute la ville, à l’exception d’une poignée de grands axes comme les Champs-Élysées ou les boulevards des maréchaux, qui restent à 50 km/h, et du boulevard périphérique, où la vitesse maximale autorisée est de 70 km/h. L’administration de la maire Anne Hidalgo dit vouloir « mieux protéger » les piétons et les cyclistes, mais aussi limiter la production de gaz à effet de serre (GES). « En milieu urbain, abaisser les vitesses, parfois, c’est mieux si on veut encourager le passage vers le transport collectif et le rendre plus compétitif », raisonne Pierre Barrieau à ce sujet. Il rappelle toutefois que les limites de vitesse sur les autoroutes interurbaines françaises demeurent « encore beaucoup plus élevées qu’au Québec et au Canada », à environ 130 km/h en moyenne en conditions normales.

Avec l'Agence France-Presse

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    Dans l’ouest du pays, la Colombie-Britannique avait autorisé il y a huit ans, en 2014, les automobilistes à rouler à 120 km/h sur plus d’une trentaine de sections d’autoroute. Depuis, la limite a toutefois été ramenée à 110 km/h sur plus d’une dizaine de ces sections, en réaction à un nombre significatif d’accidents.
    source : gouvernement de la Colombie-Britannique