(Québec) Québec n’atteindra pas sa cible de formation de la moitié des employés du réseau de la santé sur les réalités autochtones au 31 mars. En date du 22 mars, seulement 30 % des travailleurs avaient suivi la formation obligatoire sur les Premières Nations, ordonnée dans la foulée de la mort de Joyce Echaquan.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) projetait de former 50 % des quelque 300 000 employés du réseau au 31 mars, et la totalité d’entre eux au 30 septembre 2022. Après vérification, 90 119 employés ont suivi la formation de 90 minutes de « sensibilisation aux réalités autochtones ».

« En raison du contexte pandémique des derniers mois, l’atteinte de la cible […] au 31 mars présente certains défis », a indiqué le MSSS dans un courriel.

« Toutefois, considérant le caractère prioritaire de la formation, les cibles fixées initialement demeurent. Les établissements sont encouragés à poursuivre leurs efforts au mieux de leur capacité pour déployer la formation », ajoute-t-on.

Le ministre Christian Dubé avait qualifié d’« inacceptable » la lenteur du déploiement de la formation dans le réseau en septembre dernier, alors que La Presse avait révélé que seulement 1 % des travailleurs l’avait suivie. « Je ne suis pas à l’aise avec le pourcentage qu’on a en ce moment », avait-il ajouté.

Il avait demandé à sa sous-ministre, Dominique Savoie, de « trouver des façons » avec les établissements d’« accélérer » le processus.

Jeudi, le ministre responsable des Affaires autochtones n’a pas nié qu’il aimerait que le déploiement soit encore plus rapide.

« Est-ce que ça va aussi vite je voudrais ? La réponse est non. Cependant, il faut être conscient que le système de santé et ses employés sont sous pression en raison de la pandémie. Je suis tout de même heureux de savoir que ce sont 90 000 employés qui ont suivi la formation, et j’en entends parler sur le terrain », a déclaré Ian Lafrenière.

Il a réitéré que les efforts se poursuivaient alors qu’au « final, l’important c’est de former et de sensibiliser le personnel du réseau de la santé à l’importance d’offrir des soins et des services culturellement adapté ».

La formation contient essentiellement deux modules, l’un de 60 minutes intitulé « Histoire et peuplement » et l’autre, de 30 minutes, sur les « pratiques à adopter ». L’anthropologue abénaquise Nicole O’Bomsawin a notamment participé à l’élaboration du programme, qui se suit en ligne.

« Accélération » encourageante

La Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador (CSSSPNQL) est encouragée par le nombre de travailleurs qui ont suivi la formation même si les objectifs ne sont pas atteints pour l’instant.

« Je me serais attendu à ce que ce soit plus bas », lance d’emblée le gestionnaire des communications de la CSSSPNQL, Médérik Sioui. « Ils n’ont pas atteint la cible, mais on voit qu’ils sont en bonne voie de l’atteindre et on salue l’effort. Il y a quand même une accélération importante [par rapport à l’automne] », ajoute-t-il.

Selon lui, la cible initiale était peut-être d’ailleurs « un peu irréaliste ».

Le ministre de la Santé avait ordonné une formation obligatoire deux mois après la mort tragique de Joyce Echaquan sous les insultes racistes du personnel soignant de l’hôpital de Joliette, en septembre 2020.

Notons que le CISSS de Lanaudière a quant à lui créé une formation spécifique pour sensibiliser ses employés.