Plusieurs manifestations pour le climat doivent se tenir dans les prochaines semaines au Québec, alors que la mobilisation étudiante se réactive après « un hiver pandémique difficile », avec en tête les élections québécoises de l’automne prochain.

Une première grève est prévue dès vendredi prochain, le 25 mars ; une cinquantaine d’associations représentant plus de 73 000 étudiantes et étudiants du cégep et de l’université ont déjà voté pour le débrayage, et d’autres doivent encore se prononcer.

Des rassemblements auront lieu notamment à Québec, Sherbrooke, Joliette et Montréal, où se tiendra une activité en soutien aux luttes environnementales des Premières Nations, au pied du mont Royal.

La semaine suivante, le vendredi 1er avril, une manifestation est prévue à Montréal ; près de 30 000 étudiants et étudiantes seront en grève, selon les résultats des votes tenus au moment d’écrire ces lignes.

Une autre est en préparation pour le 22 avril, à l’occasion du Jour de la Terre, à laquelle devraient se joindre différentes organisations communautaires.

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Albert Lalonde, co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social

« C’est un printemps de remobilisation », affirme Albert Lalonde, co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES), dans un entretien avec La Presse. « Clairement, il y a un foisonnement ce printemps », explique l’étudiant en droit, selon qui le sentiment d’urgence face à la crise climatique est « extrêmement prégnant sur les campus ».

Le débrayage de vendredi s’est organisé « sans vraiment de préavis » et sans mobilisation de grande ampleur, comme en 2020, souligne-t-il pour démontrer la détermination du mouvement.

Après [le variant] Omicron, on sent qu’on peut finalement bâtir un mouvement à long terme.

Albert Lalonde, de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social

Un « grand coup » pour les élections

La mobilisation qui s’amorce ce printemps « est annonciatrice de l’automne qui s’en vient », indique Albert Lalonde, évoquant les élections provinciales québécoises.

« On prépare un grand coup, pour revenir là où la mobilisation s’est effondrée à cause de la COVID », dit-il, voyant le retour des étudiants et étudiantes sur les campus comme « un momentum ».

Le mouvement étudiant compte « faire en sorte que le gouvernement qui sera élu en octobre n’ait pas le choix de prendre les actions nécessaires » pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et faire face aux conséquences du dérèglement climatique, poursuit le militant.

La mobilisation voit d’ailleurs plus loin que le scrutin de l’automne.

Le but, c’est de voir dans la prochaine année comment avoir une escalade des moyens de pression et comment forcer le changement qui est absolument nécessaire pour des raisons existentielles.

Albert Lalonde

Convergence des luttes

Cette mobilisation pour le climat dans les cégeps et les universités s’ajoute aux grèves hebdomadaires du vendredi organisées par des élèves du secondaire, dont l’ampleur varie d’une semaine à l’autre, mais aussi à des manifestations pour d’autres causes, comme celle pour la gratuité scolaire, prévue mardi.

Lisez notre article sur la grève prévue mardi

« Il y a vraiment un travail conjoint qui se fait pour différents enjeux portés par les mouvements étudiants », explique Albert Lalonde, évoquant une « convergence qui est un peu nouvelle ».

« La lutte pour la justice climatique est une lutte pour la justice sociale », dit-il, soulignant que ce sont les plus vulnérables qui sont le plus touchés par la crise climatique.

« On ne peut pas faire comme si ce n’est pas lié, parce que c’est intrinsèquement lié », affirme-t-il.

Il en va de même pour la solidarité avec les peuples autochtones, un thème récurrent dans le mouvement étudiant pour le climat.

« On ne peut pas être cohérents dans notre lutte environnementale si on ne s’oppose pas, dit-il, à la répression et à la criminalisation des militantes et militants autochtones qui protègent leur territoire. »

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  • 73 552
    Nombre d’étudiants et d’étudiantes du cégep et de l’université qui seront en grève vendredi, selon un décompte réalisé lundi
    source : Coalition étudiante pour un virage environnemental et social