(Québec) Le tramway de Québec ne connaîtra pas un lancement aussi catastrophique que le train léger d’Ottawa, croit le directeur du Bureau de projet, qui dit avoir tiré des leçons de la capitale fédérale et prévoit tester ses trains en hiver.

« On est allés voir comment ils ont fait leur travail à Ottawa. On est allés les voir, discuter avec eux, et on a tiré une série de leçons », a assuré mardi Daniel Genest, directeur du Bureau de projet du tramway.

M. Genest participait mardi avec son équipe à un comité plénier sur le tramway à l’hôtel de ville de Québec. Pendant près de sept heures, les élus ont pu poser des questions sur ce projet de près de 4 milliards.

Présenté il y a près de quatre ans par l’ancien maire Régis Labeaume, le projet de tramway de Québec recueillait une adhésion de seulement 41 % dans un sondage en janvier dernier.

Mais M. Genest s’est fait rassurant. Certains des 1584 arbres qui doivent être abattus le long du tracé de 19,3 km pourront être sauvés, a-t-il avancé. Et le projet de tramway à Québec est « très différent » du train léger d’Ottawa et du Réseau express métropolitain (REM) à Montréal.

« La Ville est le maître d’œuvre »

Dans la métropole, le futur REM de l’Est fait la manchette. Son parcours est décrié, tout comme son aspect visuel.

Mais la capitale ne fait pas affaire avec CDPQ Infra, a noté M. Genest. « On a l’avantage que la Ville de Québec soit le maître d’œuvre du projet et impose sa vision au partenaire privé », dit-il.

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Daniel Genest, directeur du Bureau de projet du tramway

« Ce n’est pas tout à fait ce qui se passe dans la grande région de Montréal, avec le REM de l’Est […] On a une entité qui a une vision d’un système de transport et qui doit la mettre en place dans une ville sans que nécessairement la Ville soit le maître d’œuvre », note-t-il.

À Québec, c’est la Ville qui dirige. Elle a lancé deux appels d’offres : l’un pour le matériel roulant, l’autre pour les travaux civils (le rail, le tunnel entre la Basse et la Haute-Ville, l’alimentation électrique, etc.). Dans les deux cas, deux consortiums ont déposé leur candidature.

« Le partenaire privé infra qui va livrer les travaux, il va livrer les travaux comme on les veut, nous autres », dit-il, alors qu’à Montréal, CDPQ Infra mène la barque.

Tester les trains l’hiver

À Ottawa, le train léger inauguré en septembre 2019 a connu une série d’incidents. La ligne de la Confédération a notamment été victime de déraillements et certaines portes des trains ont gelé en hiver.

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À Ottawa, le train léger inauguré en septembre 2019 a connu une série d’incidents.

La Ville de Québec a donc déployé une équipe sur place. « Un des gros problèmes à Ottawa, c’est que les essais ont été assez courts », dit-il. « Et quand ils ont mis en place leur système, c’était parsemé de défis. »

Québec ne va pas commettre la même erreur, assure-t-il. Des essais doivent avoir lieu dès mai 2027 et tout l’hiver suivant. « Ce qui fait en sorte qu’on arrive en 2028 et le tramway ne vient pas juste de sortir du garage. »

Entre-temps, la Ville étudie les manières de sauver le plus d’arbres possible. La possibilité de déplacer ou d’éliminer la station Saint-Charles-Garnier dans Montcalm a même été évoquée par Alejandro Calderon, chef d’équipe pour l’intégration urbaine.

Quant au budget, le Bureau de projet n’a pu garantir qu’il n’y aurait pas de nouvelle hausse de coûts. Le projet est passé de 3,3 milliards à 3,965 milliards, notamment à cause de l’inflation.

« On va avoir les réponses quand on ouvrira les enveloppes », dit M. Genest. Le début des travaux est prévu pour l’été 2023.