La mairesse de Montréal, Valérie Plante, assure que tout sera fait pour protéger le Quartier chinois, « quoi qu’il arrive avec le REM », au moment où des voix s’inquiètent pour l’avenir de cette zone emblématique du centre-ville.

« À la Ville de Montréal et avec le gouvernement du Québec, on s’est lancés dans la protection du patrimoine et de l’âme du Quartier chinois. Donc, quoi qu’il arrive avec le REM, nous devons faire en sorte que ce pour quoi nous travaillons, et ce qui doit être fait pour protéger cette zone, soit fait », a martelé en anglais Mme Plante, lundi matin, en marge d’une conférence de presse.

Vers la fin du mois de janvier dernier, Québec et Montréal avaient en effet confirmé leur volonté de « protéger le caractère unique » du cœur du Quartier chinois. Des avis d’intention ont été déposés par la ministre de la Culture, Nathalie Roy, visant essentiellement le « noyau institutionnel » du Quartier chinois, dans le quadrilatère formé des rues Jeanne-Mance, Saint-Urbain, De La Gauchetière et de l’avenue Viger Ouest. L’arche emblématique, à l’entrée du quartier, sera aussi protégée, tout comme l’édifice de la British and Canadian School et le site de l’ancienne manufacture S. Davis and Sons.

Les inquiétudes du Groupe de travail sur le Quartier chinois en lien avec le REM restent toutefois vives. Son porte-parole, Jonathan Cha, affirme que les nouveaux plans de CDPQ Infra soulèvent plusieurs enjeux.

« Avec l’immense bâtiment qu’ils projettent près de l’Arche, celle-ci ne sera même plus perceptible venant de l’est, de l’ouest comme du nord. C’est pourtant un élément symbolique marquant l’entrée du quartier », a déploré M. Cha en entrevue avec La Presse à ce sujet.

« Déjà enclavé »

Selon les nouveaux plans de CDPQ Infra qui ont été dévoilés la semaine dernière à la population, la station Saint-Urbain du futur REM de l’Est serait notamment construite aux portes du Quartier chinois, dans un terrain de stationnement abandonné. La structure aérienne, qui passerait au-dessus du site, est critiquée depuis quelques mois déjà par plusieurs organismes.

Le Quartier chinois a déjà été enclavé par l’autoroute Ville-Marie et l’élargissement du boulevard Dorchester devenu René-Lévesque. Puis là, on viendrait encore davantage créer une fracture, une limite, une barrière.

Jonathan Cha, porte-parole du Groupe de travail sur le Quartier chinois

M. Cha craint en outre que la sortie du tunnel qui sera aménagé sur René-Lévesque, selon CDPQ Infra, fasse disparaître la connexion entre le Quartier des spectacles et le Quartier chinois. « Ça pourrait amener une réduction importante du trafic et, donc, de la fréquentation d’un certain nombre de commerces. Et pour les résidants, c’est aussi leur imposer une structure dans le visage », fustige encore le porte-parole.

Il soutient qu’une version « plus souterraine », avec « au moins une station supplémentaire en souterrain », serait plus judicieuse. « À partir du moment où on a une structure aérienne ici, les bâtiments emblématiques n’auront plus la même prestance dans le paysage urbain. Ça va être dommageable », insiste Jonathan Cha.

« On est au rendez-vous »

Valérie Plante, qui milite depuis plusieurs mois pour des discussions plus ouvertes avec la Caisse de dépôt, affirme quant à elle que la présente situation illustre encore une fois « l’importance d’avoir la Ville de Montréal autour de la table » de décision dans le projet du REM de l’Est. Elle dit vouloir ainsi « s’assurer que tout le monde est entendu, que la population est d’accord ».

À ses côtés, la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a d’ailleurs certifié lundi que « des discussions se font à l’heure actuelle avec la Ville, CDPQ Infra et le gouvernement » pour assurer « la meilleure gouvernance possible » entourant le projet. « On est au rendez-vous », a-t-elle aussi assuré, en réitérant que Québec allongerait des sommes en plus pour l’intégration du réseau de transport, une priorité pour toutes les parties, selon l’élue.

Chez CDPQ Infra, la porte-parole du REM de l’Est, Virginie Cousineau, a rappelé lundi que son groupe demeure « d’accord avec l’importance d’assurer l’alignement de l’ensemble des parties prenantes pour la suite du projet ». « Le REM de l’Est est une occasion de repenser le territoire et nous sommes convaincus que l’arrivée d’une station de métro léger à proximité du Quartier chinois, ainsi que la vision d’aménagement proposée, contribueront à dynamiser le secteur et assurer son rayonnement. Nous continuerons à échanger avec l’ensemble des joueurs », a-t-elle avancé.