Des centaines de Québécois sont prêts à accueillir dans leur propre foyer les Ukrainiens qui fuient la guerre. Une offre bienvenue tandis que près de 900 ressortissants de ce pays sont déjà arrivés au Canada en une semaine.

Depuis le 1er janvier, alors que la menace russe s’intensifiait aux portes de l’Ukraine, plus de 6000 ressortissants ukrainiens sont entrés au Canada, selon les dernières données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC).

Puis, dans la dernière semaine (du 28 février au 6 mars), 876 d’entre eux – dont des résidents permanents – sont arrivés par voie aérienne, indique aussi l’Agence des services frontaliers du Canada.

Les gouvernements fédéral et provincial ont annoncé qu’il n’y aurait pas de limite au nombre de réfugiés ou demandeurs d’asile ukrainiens acceptés au Canada. Des programmes spéciaux dans les deux ordres de gouvernement sont en train d’être mis en place pour faciliter l’arrivée des Ukrainiens au pays. Celui d’IRCC doit être finalisé d’ici le 17 mars.

Lisez « Pas de limite au nombre de réfugiés que le Québec peut recevoir » Lisez le communiqué d’IRCC

Se préparer à aider

Le Québec se prépare donc à l’arrivée de familles déchirées par la guerre.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Michael Shwec, président de la section québécoise du Congrès des Ukrainiens canadiens

La priorité, au Congrès des Ukrainiens canadiens [CUC], c’est vraiment de ramasser des biens pour être capables d’avoir quelque chose à donner à ceux qui arrivent sans rien.

Michael Shwec, président de la section québécoise du CUC

Une partie de ces biens, à Montréal, sont reçus et triés à la cathédrale orthodoxe ukrainienne de Sainte-Sophie, située à l’angle du boulevard Saint-Michel et de la rue de Bellechasse.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le père Volodymyr Kouchmir, responsable de la cathédrale orthodoxe ukrainienne de Sainte-Sophie

Nous ne prenons plus de vêtements, parce qu’on en a assez, mais on prend des articles sanitaires, de la médication et de la nourriture non périssable.

Le père Volodymyr Kouchmir, responsable de la cathédrale orthodoxe ukrainienne de Sainte-Sophie

Sur sa page web, le CUC a rassemblé plusieurs initiatives pour venir en aide aux futurs réfugiés, que ce soit par des dons d’argent (une fondation est en train d’être mise sur pied), par des dons de biens essentiels ou encore par du bénévolat. « On a besoin d’aide pour la traduction, pour la garderie, pour l’hébergement, énumère Michael Shwec. On essaie de mettre sur pied des programmes qui prennent normalement deux ou trois ans à établir. »

Consultez le site du Congrès des Ukrainiens canadiens

Partout dans la province

L’élan de solidarité déferle bien en dehors de Montréal. « Présentement, les troupes s’organisent, décrit Daniel Côté, maire de Gaspé et président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). L’important, ce sera d’être prêts lorsqu’arriveront des réfugiés ukrainiens au Québec. »

Quatorze villes qui ont de l’expérience dans l’accueil de réfugiés venant de zones de conflits ont été ciblées au Québec, dont Montréal, Québec, Trois-Rivières, Laval, Longueuil, Sherbrooke et Gatineau. Les services municipaux, sociaux et communautaires seront mis à profit pour aider les nouveaux venus. ​​

« Nous travaillons à l’heure actuelle avec notre réseau de partenaires pour orchestrer les initiatives de solidarité qui se multiplient, a écrit par courriel Émilie Vézina, des relations médias du ministère québécois de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Plus de détails suivront prochainement. »

D’autres municipalités souhaitent aussi mettre la main à la pâte. À Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, un immeuble désaffecté pourrait être rénové pour accueillir les réfugiés à court terme, cite comme exemple Daniel Côté. « Chaque fois qu’il faut relocaliser des gens, il faut trouver des bras, des services sociaux, mais on réussit toujours à s’organiser », ajoute le président de l’UMQ.

Accueillir chez soi

Des centaines de Québécois, touchés par les images venant de l’autre côté de l’Atlantique, sont aussi prêts à accueillir des familles chez eux. « En termes de bénévoles, on en a déjà plus que 1000, et la majorité, c’est pour ouvrir leur porte », s’étonne Michael Shwec.

« Ici, à Gaspé, on a des gens qui nous disent qu’ils ont de la place dans leur maison pour accueillir des gens qui, à court terme, ont besoin d’un toit », fait aussi remarquer Daniel Côté.

Le groupe d’aide Canadiens hébergeant des réfugiés ukrainiens compte maintenant 6400 membres sur sa page Facebook et 2880 personnes inscrites sur sa liste, selon MAlexandre Dufresne. L’avocat est derrière cette initiative qui vise à mettre en contact des citoyens avec des organismes communautaires ou gouvernementaux responsables de l’hébergement des réfugiés ukrainiens.

« Les Québécois, c’est vraiment un peuple chaleureux, constate Michael Shwec. Ils ouvrent leur cœur, leur portefeuille, leur maison. »

Consultez le site de « Sauver l’Ukraine »
En savoir plus
  • 230 000 $
    Somme recueillie en une journée par la campagne de financement d’urgence « Sauver l’Ukraine »
    SOURCE : Congrès des Ukrainiens canadiens
    28 250
    Nombre de personnes au Canada dont la langue ukrainienne était la plus souvent parlée à la maison en 2016
    SOURCE : Statistique Canada